3 - Aspect
législatif et sociologique du rôle infirmier lors des stages
cliniques
3.1 - Aspect
législatif
L'apparition des compétences du nouveau programme
suppose que le professionnel en place les possède déjà
afin de permettre à l'étudiant d'y accéder. Nous pourrions
y déceler une vérité de La Palice si le décret
précédent du 23 mars 1992, comportant vingt trois modules sur
trois ans et demi, n'incluait pas qu'un seul de ces modules, intitulé
« soins infirmiers », lui-même
décomposé en quatre sous-modules. Dans un de ces sous-modules
parlant de démarche éducative nous retrouvons quatre
intitulés dans un chapitre :
- Théorie de l'apprentissage ;
- Apprentissage du geste et vérification de son
acquisition ;
- Protocoles éducatifs ;
- Utilisation des différentes méthodes et des
différents moyens.
Nous-mêmes, venant de cette formation, n'avons retenu de
cet aspect de la formation que l'obligation qui nous était faite en
termes de législation et non l'apport d'une quelconque théorie
venant appuyer la transmission d'une pratique de formation. C'est
l'incorporation d'une pratique de transmission des savoirs qui prime alors sur
la théorisation de l'apprentissage, et seule l'imitation, la
réflexion personnelle et le travail théorique autodidacte peuvent
aujourd'hui permettre à chaque professionnel d'exercer son rôle
au sein des stages cliniques.
Concernant ce rôle, effectivement, le décret du
15 mars 1993 relate dans l'article 9 que : « l'infirmier
propose, organise ou participe à des actions :
- De formation initiale et continue du personnel infirmier,
des personnels qui l'assistent, et éventuellement d'autres personnels de
santé,
- D'encadrement des stagiaires en formation. »
Les éléments précédents ce
chapitre permettent alors de comprendre que les infirmiers ont
évolué d'une formation clinique « naturelle »
à ce qui est maintenant préfiguré dans la
compétence 10 du référentiel de formation de juillet 2009,
que l'étudiant doit acquérir par l'enseignement
théorique, s'accentuant de nouveau au cours de l'histoire de la
formation infirmière et suivant par la même l'évolution de
la formation professionnelle d'autres professions telles les professions de
l'enseignement.
Nous présentons, in texto, les objectifs
visés par cette compétence :
Compétence 10 (cf. annexe
n°1) :
Informer, former des professionnels et des personnes en
formation
1. Organiser l'accueil et l'information d'un stagiaire et d'un
nouvel arrivant professionnel dans le service, la structure ou le cabinet de
soins
2. Organiser et superviser les activités
d'apprentissage des étudiants
3. Evaluer les connaissances et les savoir-faire mis en oeuvre
par les stagiaires en lien avec les objectifs de stage
4. Superviser et évaluer les actions des
aides-soignants, des auxiliaires de puéricultures, et des aides
médico-psychologiques en tenant compte de leur niveau de
compétence et des contextes d'intervention dans le cadre de la
collaboration
5. Transférer son savoir-faire et ses connaissances aux
stagiaires et autres professionnels de santé par des conseils, des
démonstrations, des explications, et de l'analyse commentée de la
pratique
6. Animer des séances d'information et des
réflexions sur la santé, la prise en charge des personnes et
l'organisation des soins auprès d'acteurs de la santé
Cette nouvelle formation semble éprouver le besoin
d'accentuer son aspect éducatif et il nous semble difficilement
concevable que le législateur ait pu créer une compétence
novatrice dans un domaine qui semble effectivement verser au coeur de toute
l'histoire de la formation infirmière. Nous pensons donc que les
professionnels en place possèdent cette compétence mais la venue
de cette compétence va-t-elle entrainer des différences entre les
infirmiers en place et ceux qui seront issus de ce nouveau programme ?
Avant de se poser une telle question il nous paraît
primordial de mieux comprendre les fondements de la constitution d'un tel
référentiel de formation puisque l'évaluation de la
compétence sera réalisée, en partie, au sein même
des stages cliniques par les professionnels en poste qui, eux, n'ont pas eu ces
connaissances, tout au moins en terme de formation initiale. Lever le doute des
professionnels face à ces étudiants dont ils ne mesurent pas
encore mais redoutent la différence, tout en l'espérant aussi,
c'est le temps qui devrait le permettre mais c'est bien contre ce temps que
nous nous positionnons afin d'établir ce qui est aujourd'hui et ne sera
plus demain.
Comment les professionnels en poste transmettent-ils aux
étudiants ce que les instituts ne transmettent pas ? De quel ordre
sont ces savoirs ? Existe-t-il des points communs dans ce rôle ou
chacun des agents a-t-il créé sa propre manière de
transmettre ? Autant de questions se posent et si nous ne
prétendons pas y répondre totalement ici il nous semble cependant
qu'un travail sur l'ensemble de ces aspects est impérieux pour que cette
profession puisse aborder cette réforme en la prenant à son
compte.
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