II - L'INTERET DE LA PRATIQUE REFLEXIVE
2.1/ Du lien avec les finalités de la
formation
Nous l'avons vu la construction de la compétence
implique la nécessaire posture réflexive sur l'action. Le
corollaire est-il pour autant vrai ?
S'agissant des pratiques réflexives,
« ces dernières ont pour objet d'accroître la
compétence de professionnels dans certains aspects de leur pratique en
utilisant à la fois des apports conceptuels et méthodologiques et
des exercices et des simulations » (M. Soula-Desroche, 2000, p.
255). Je retiens ici accroître et non acquérir. Cela suppose, en
effet, qu'il existe un précédent dans l'acquisition de la
compétence et peut donc concerner le professionnel en activité
(dans le cadre de la formation continue notamment).
« De tels dispositifs ont essentiellement une
fonction de professionnalisation, de construction des compétences
professionnelles par la médiation de petits groupes qui
fédèrent les acteurs, les pairs et formateurs et
réorganisent la formation autour des pratiques » (M.
Altet 2000, p. 30). C'est dans cette phrase que nous retrouvons
entièrement l'idée même de cette partie théorique et
la reliance recherchée. Cette citation apporte également une
autre notion que nous avons occultée jusqu'ici. Elle précise
l'intérêt d'une confrontation entre pairs qui au même titre
que formateurs et soignants professionnels, peuvent faire office de
médiateurs de la réflexion. Il conviendra de garder cela en
tête dans la partie pragmatique pour l'exercice de la pratique
réflexive en institut de formation.
2.2 / Du lien avec les représentations
« La visée de l'analyse de pratique sera
d'explorer plus particulièrement les projections et les
déplacements des valeurs, représentations, normes et croyances
des praticiens sur les situations qu'ils ont à
résoudre » (M. Soula-Desroche, 2000, p. 257). On
reprend ici ce qui a été abordé lors de la partie sur la
modification des représentations sociales. Par la pratique
régulière de cette activité réflexive à
partir de ses propres actions, l'individu peut espérer déplacer
les valeurs autrement dit, les prescripteurs conditionnels de la
représentation voire à long terme, les prescripteurs absolus.
« Ce sont les stagiaires en formation
eux-mêmes, qui à partir des analyses, déterminent ensemble,
dans un partenariat avec leurs formateurs, les compétences
professionnelles à construire. Ainsi la rationalisation des savoirs
professionnels est visée, avec parallèlement la prise en compte
du développement de l'autonomie de l'acteur » (M. Altet,
2000, p. 32).
« Le choix d'intervenir par une analyse de
situation, plutôt que par d'autres modes, permet aux différents
participants de disposer de nouveaux repères, de critères de
compréhension et d'évaluation de leur propre situation
professionnelle, et de celle des autres, et par conséquence de
dépasser les stéréotypes liés aux
représentations mutuelles de chaque profession. » (M.
Soula-Desroche, 2000, pp. 261-262).
Autant M. Altet que M. Soula Desroche dégagent ici
l'intérêt de pratiquer la réflexivité en partenariat
et à tous les niveaux. Elles vont au-delà et vont énoncent
l'idée que la représentation de l'autre peut également se
modifier. Si au départ, ce travail était fondé sur la
représentation du soignant envers le formateur, on rejoint ici la
volonté de « dépasser les
stéréotypes » vers des représentations plus
proches de la réalité pouvant, on l'espère, guider les
comportements vers ce « projet commun ».
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