2.3 / L'acquisition des compétences.
Sujet de multiples ouvrages, il ne s'agit pas ici de
définir la compétence mais l'acquisition des
compétences. En effet, le référentiel fixe
concrètement ce qu'elles sont. Au nombre de dix, elles identifient
l'ensemble des savoir-faire, savoir-être, savoirs que doit
acquérir l'étudiant pour prétendre à l'exercice du
métier d'infirmier.
La question est, quel est leur processus d'acquisition ?
Un principe fondamental : les compétences ne
s'enseignent pas.
Elles ne peuvent s'acquérir que dans l'action. Le stage
représente l'action et les situations vécues sont le point de
départ de la construction de la compétence. On peut en
déduire que plus les situations rencontrées seront
variées, plus le champ des compétences couvert sera important.
A. Geay compare la compétence à un iceberg. 80%
de la compétence est implicite et donc impossible pour l'individu
à transmettre. « Il y a donc un savoir d'expérience
(non formalisé et non réfléchi) dans la compétence
professionnelle. » (A. Geay, 1998, p. 111). L'enjeu sera de
pouvoir transformer l'expérience des stages en connaissances
généralisables et transférables donc formalisées.
Cela revient pour l'étudiant à construire ses savoirs à
partir de son action en stage, sachant qu'au départ il n'est pas
conscient de ce savoir.
L'ingénierie de formation ne pourra ici se concevoir
que dans un modèle constructiviste fondé, comme le suggère
Piaget, sur des processus successifs hiérarchisés pour permettre
le développement cognitif des étudiants. En effet, nous avons vu
que le stage est nécessaire à l'acquisition de la
compétence mais ne suffit pas. Encore faut-il que
l'étudiant comprenne ce qu'il fait pour entamer le processus
d'acquisition de la compétence et pour cela, il faut
savoir l'expliciter.
Devenir compétent ou construire son savoir, autrement
dit comprendre, nécessite de prendre conscience du savoir utilisé
pendant l'action ou « connaissance en acte »
(VERGNAUD, 1995). « On voit donc qu'entre réussir et
comprendre il y a du conscientisable, dit Piaget, la prise de conscience est
toujours en retard sur l'action. » (A. Geay, 1998, p. 120). La
prise de conscience est alors le passage de réussir à
comprendre.
Je vais à ce stade me permettre de
schématiser : si le stage sert à réussir, la
théorie sert à comprendre. Soignants et formateurs ont donc un
rôle à jouer dans la prise de conscience des étudiants de
leurs savoirs en acte.
« Les savoirs théoriques, techniques,
organisationnels et relationnels utilisés dans les activités sont
mis en évidence par les professionnels qui encadrent le stagiaire et par
les formateurs dans les rencontres avant, pendant et après la mise en
stage des étudiants. » (arrêté du
31/07/2009, p. 77).
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