II - UNE METHODOLOGIE
ADAPTEE ?
L'entretien semble être une méthode
appropriée à la recherche des représentations. Toutefois
pour être plus fidèle possible, il faudrait se contenter de
retranscrire mots à mots les dialogues. Mais « Une telle
façon de travailler employée systématiquement tournerait
vite à une forme très artificielle de collage. »
(D. Jodelet, 2003, p.141). C'est pourquoi « tout travail sur des
représentations culturelles est, au moins pour une large part,
interprétatif. Toute interprétation est le produit d'un travail
essentiellement intuitif de l'interprète et obéit à un
critère dont les implications varient selon le point de
vue. » (D. Jodelet, 2003, p.142). Je ne pourrais donc me passer
de ma propre interprétation des propos tenus. Elle se fait en fonction
de mon vécu, mon point de vue et ne peut être dissociée de
son contexte.
En revanche, l'étude des représentations
mériterait une démarche beaucoup plus approfondie et complexe
mais surtout « multi méthodologique »
(J.-C. Abric, 1994, p.53). Je me contenterai dans ce travail d'une partie de la
démarche à savoir les entretiens.
Jean Blaise Grize propose une grille d'entretien sur les types
de questions à poser pour obtenir des réponses fiables sur les
représentations (J.-B. Grize, 2003, pp. 183-184). Tout d'abord, il
existe trois niveaux de représentations : images mentales,
représentations référentielles et systèmes de
relations. « Les questions doivent être formulées de
façon à ce que le sujet soit amené à se placer au
plus haut de ces trois niveaux. » Ensuite, « Les
questions doivent être formulées de sorte qu'elles laissent la
place aux jugements de valeurs, ce qui, de plus, permettra d'avoir facilement
accès aux idéologies sous jacentes. » Enfin, ne
pas demander de définitions. Ce serait « une
représentation de représentation » et donc encore
plus complexe, les représentations le sont déjà
suffisamment.
Je pense avoir laissé la place à l'expression
des jugements de valeurs même si ce n'est pas toujours facile de les
exprimer pour les personnes interrogées. J'espère répondre
à ces critères lors de la troisième vague d'entretiens.
Quant à la population choisie pour ces entretiens, il
apparaît clair que la sélection d'une population homogène
était primordiale. L'étude des représentations n'est en
effet valable que si elle émane d'un groupe social identifié
comme tel. « Un groupe social est un ensemble d'individus
placés dans une même situation sociale, ayant au moins
partiellement conscience de leur identité de situation et réunis
par des activités qui les mettent directement et indirectement en
relation » (S. D'Agostino, P. Deubel, M. Montoussé, G.
Renouard, 2008, p. 352). Je considère donc que les soignants que
j'interroge font partie d'un groupe social dont la situation est :
appartenant au corps paramédical infirmier, réunis dans la
même activité hospitalière, accueillant des
étudiants régulièrement, entretenant des relations avec
les formateurs de ces mêmes étudiants. En outre, je pourrais me
poser la question d'aller interroger des formateurs. Mais si je pars du
principe que les formateurs constituent un groupe différent par leur
activité et leur appartenance à un corps, les
représentations de la formation véhiculées par ce groupe
sont différentes du groupe soignant. Cela confirme donc mon idée
de ne pas modifier la population de ma troisième vague d'entretiens.
Ma question évolue donc vers :
Quels sont les
éléments structurant les représentations des
soignants sur les formateurs et quels sont leurs impacts sur leurs relations
?
CHAPITRE III
TROISIEME VAGUE D'ENTRETIENS
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