V- DES METHODES UTILISEES A L' EXPOSE DU PLAN
Avant l'exposé du plan (B), nous esquisserons d'abord les
méthodes de notre travail (A).
A- LES METHODES UTILISEES
Madeleine GRAWITZ50définit la méthode
comme « l'ensemble des opérations intellectuelles par
lesquelles une discipline cherche à atteindre des vérités
qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie ». Dans
le cadre de notre travail, nous avons procédé à une
collecte des données dont la toute première a été
l'obtention d'un exemplaire de l'arrêt du 10 octobre 2002. Ensuite, nous
avons collecté d'autres documents51 dans la limite de nos
posssibilités afin de mûrir la réflexion sur l'objet de
notre étude.
47 Voir C.I.J, arrêt du 10 octobre 2002, idem. Voir aussi
R. YAKEMTCHOUK « les frontières africaines »,
R.G.D.I.P, N° 1, 1979 , p. 55.
48 Voir la résolution AGH 16-I de l'O.U.A
précitée, in R. YAKEMTCHOUK , op.cit., p. 55.
49 Puisque la Cour précise qu'elle
n'opère pas à une délimitation de novo, de même
qu'elle ne démarque pas la frontière. Mais qu'elle
interprète simplement les textes applicables. Cf. arrêt, p. 69,
par. 84-85.
50 M. GRAWITZ, Méthodes des Sciences Sociales,
Paris, Dalloz, 1979, p. 34.
51 voir à cet effet, notre modeste bibliographie.
En tout état de cause, une thèse comme tout
travail de recherche doit contribuer, même si c'est pour une part
modeste, à l'amélioration, à l'élargissement ou
à l'approfondissement de la connaissance dans le domaine qu'elle
concerne52. A ce sujet il faut reconnaître que, si plusieurs
opuscules sont déjà parus concernant la question de la
frontière CamerounNigéria53, peu se sont
véritablement occupés jusqu'à présent de la
question de la détermination de cette frontière terrestre,
notamment depuis l'arrêt de la C.I.J du 10 octobre 2002 et à la
lecture de celui-ci54.
Nous avons néanmoins reperé deux travaux non
moins importants parus après le 10 octobre 2002 et commentant
l'arrêt. Il s'agit tout d'abord de l'article de Pierre D'ARGENT
intitulé « Des frontières et des peuples : l'affaire de
la frontière terrestre et maritime entre le Cameroun et le Nigeria
(arrêt sur le fond) »55 où l'auteur, dans une
quarantaine de pages, résume rapidement l'arrêt en
dégageant sommairement un aperçu et des enseignements multiples
relatifs au droit des traités, à la souverainété
territoriale et à la responsabilité internationale. Cette
contribution de M. D'ARGENT permet à la fin de comprendre qu'à
travers la coopération entre les deux Parties, et l'engagement pris
unilatéralement devant la Cour par le Cameroun pour la protection des
populations nigérianes, l'arrêt pourra être facilement
exécuté. Ce travail ne met donc pas l'accent sur la
délimitation de la frontière terrestre telle
qu'interpretée par la Cour ; encore moins sur son applicabilité
profonde.
Il ya ensuite le brillant article de NSONGURUA J. ODOMBANA
dont le titre seul est révélateur du mécontentement
nigérian face à cette décision: « The ghost of
Berlin still haunts Africa! The ICJ judgement on the land and maritime boundary
dispute between Cameroon and Nigeria»56. En 58 pages,
l'auteur nigérian commence par rappeler le contexte, et la
procédure suivie par les Parties en conflit. Ensuite il expose
brièvement la décision de la Cour dont il trouve vite des failles
et des faiblesses. Après s'être interrogé sur l'eventuelle
attitude de chacun des Etats face à cette décision, M. NSONGURUA
donne plutôt des conseils aux Parties pour l'application de
l'arrêt. Il ne finit pas sans rappeler le noeud du problème qui
selon lui réside dans l'inadaptation actuelle des traités
coloniaux aux frontières africaines. C'est donc en terme d'indignation
que le juriste nigérian s'exclame devant cette
52 M. BEAUD, l'art de la thèse,
op.cit., p. 44. Le Docteur Janvier ONANA qualifie cette contribution de
«plus-value savante ». In « Séminaire de
méthodologie de la recherche. . . » en D.E.A, U-DLA, année
académique 2003-2004, inédit.
53 Voir à cet effet l'importante revue critique
de la littérature collectée par MGBALE MGBATOU in « La
politique camerounaise de résolution pacifique de la crise de Bakassi
», thèse, op.cit., pp. 11-20.
54 En dehors des nombreux commentaires journalistiques
effectués par divers organes de presse ; et compte non tenu des
commentaires et opinions des juges de la cour qui font partie de
l'arrêt.
55 In Annuaire Français de Droit
International, 2002, pp. 281-321.
56 In Annuaire Africain de Droit
International, Volume 10, 2002, pp. 13-61.
décision de la C.I.J qui veut que le fantôme de
Berlin continue à hanter l'Afrique 40 ans après les
independances57. Cette étude a le mérite d'avoir
soulevé les lacunes de l'arrêt qui peuvent flexibiliser son
application ; tout en encourageant également le Nigeria et le Cameroun
à s'entendre. Mais elle ne resout pas encore entièrement la
question de notre étude.
Notre recherche garde donc ainsi sa particularité et
son originalité. Certes, elle n'a pas la prétention
d'épuiser la question de la délimitation de la frontière
terrestre CamerounNigéria qui demeure encore d'une actualité
brûlante dans les relations bilatérales entre ces deux Etats.
Comme toute oeuvre humaine, elle est essentiellement perfectible, mais pourra
servir, nous l'esperons, à la compréhension entière de la
frontière terrestre de l'arrêt de la C.I.J du 10 Octobre 2002.
A cet effet, nous utiliserons la méthode analytique qui
nous permettra de comprende la lecture qu'a faite la Cour de certaines notions
clés et principes fondamentaux du droit international (des
frontières). A côté de celle-ci, nous mobiliserons
également la méthode historique qui nous facilitera des
détours jurisprudentiels dans le receuil d'arrêts de la C.I.J. Il
faut dire qu'à côté d'une analyse positiviste qui permet de
rendre compte de la pertinence des textes applicables et de la jurisprudence,
l'approche sociologique n'est pas moins importante dans la compréhension
et la mise en oeuvre éventuelle de cet arrêt. Ces méthodes
donneront une forte coloration descriptive à nos commentaires. Toutefois
nous y apporterons, dans la mésure du possible, un regard critique. La
méthode ayant été abordée, il ne reste plus
qu'à fixer les grands axes de notre étude.
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