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La frontière terrestre entre le cameroun et le nigeria d'après la cour internationale de justice, (CIJ, arrêt du 10 octobre 2002)

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par Pierre Esaie MBPILLE
Université de Douala - Cameroun - DEA en Droit public, option Droit international 2003
  

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II - LES POINTS CONFERES AUX THESES CAMEROUNAISES

Il s'agit ici des zones litigieuses sur lesquelles la cour a fait valoir les arguments du Cameroun. Ces points sont au nombre de trois : le point N° 3) La rivière Kohom, le point N° 6) Kotcha (Koja), et le point N° 13) Le franchissement du Mayo Yim. Nous rappellerons, autant que faire se peut, les thèses en conflit (A) avant d'exposer le raisonnement de la cour (B).

A- L'EXPOSE DES ARGUMENTS EN CONFLIT

Pour mieux rendre compte de la teneur de ces arguments, il convient de procéder point par point.

1- Au point litigieux N°3) La rivière Kohom

Dans cette partie de la frontière, c'est le paragraphe 19 de la déclaration Thomson-Marchand qui était applicable et c'est autour de son interprétation que se déchiraient les parties195.

a) Pour le Nigeria « le paragraphe 19 de la déclaration Thomson-Marchand est défectueux car il présume que la rivière Kohom prend sa source dans le mont Ngosi ; ce qui ne serait pas le cas ». Selon lui, ceci est la conséquence d'une erreur commise par les rédacteurs de la déclaration Thomson-Marchand. Que la rivière prenant sa source dans le mont Ngosi est la Bogaza et non le Kohom. La frontière devrait donc suivre le cour de la Bogaza196. Telle ne sera naturellement pas le point de vue du Cameroun.

b) Pour le Cameroun, les monts Ngosi constituent une chaîne de montagne et non un sommet déterminé, si bien que tant la rivière Kohom que la rivière Bogaza y prendraient leur

194 Arrêt, p. 95, par. 184.

195 Arrêt, p. 72, par. 97.

196 Arrêt, p. 73, par. 98.

source. Et que les termes de la déclaration Thomson-Marchand sont assez clairs pour identifier cette rivière Kohom (des Kirdis), différente de celle identifiée par le Nigeria197.

1- A Kotcha (Koja), point litigieux N°6

Comme au point précédent, c'est la déclaration Thomson-Marchand qui fixe la frontière ici. Mais cette fois, à travers ses paragraphes 26 et 27 qui brillent par leur extrême concision:

« 26) puis la frontière passe par le mont Mulikia (appelé aussi Lourougoua).

27) Du sommet du mont Mulikia elle atteint la source du Tsikakiri, laissant Kotcha à l'Angleterre et Dumo à la France; puis elle longe une ligne jalonnée provisoirement par quatre bornes par MM. Vereker et Pition en septembre 1920 »198.

Les avis des parties vont diverger quant à l'interprétation à donner à ces dispositions.

a) Pour le Nigeria, « les paragraphes 26 et 27 de la déclaration Thomson-Marchand ci-dessus présenteraient un problème dans la mesure où, sur les quatre bornes mises en place en 1920 qui y sont indiquées, une seulement pourrait éventuellement être identifiée aujourd'hui. » A cet effet, il priait la cour de retenir la frontière passant la ligne de partage des eaux, sauf à proximité de Koja village nigérian qui s'est étendu de part et d'autre de celleci199. Qu'est-ce qu'en pensait alors le Cameroun?

b) Le Cameroun pour sa part estimait que la ligne frontière demandée par le Nigeria à proximité de Koja est contraire à la déclaration Thomson-Marchand et que le texte de celle-ci devrait être respecté200. Cette attitude camerounaise bien que pas vraiment dynamique présente l'avantage d'être au moins juridique. C'est le même schéma argumentatif que l'on retrouve au point litigieux N°13).

197 Arrêt, p. 73, par. 99.

198 Arrêt, p. 78, par. 120.

199 Arrêt, p. 78, par. 121.

200 Arrêt, p. 79, par. 122.

2- Au point litigieux N° 13) Le franchissement du Mayo Yim

Selon la C.I.J, la frontière est définie à ce point par les paragraphes 48 et 49 de la déclaration Thomson-Marchand201.

a) L'avis du Nigeria était que, ces paragraphes de la déclaration Thomson-Marchand sont trop vagues, surtout en ce qui concerne le point où la frontière traverse le Mayo Yim202. Le Cameroun avait une vue diamétralement opposée.

b) Les deux paragraphes de la déclaration Thomson-Marchand en question ne nécessitant aucune clarification de la part de la cour, il n'y avait là qu'un problème de démarcation. Telle était l'argument de la Partie camerounaise203. Face à ce conflit d'arguments et contre arguments, la Cour validera les thèses camerounaises sur l'ensemble de ces trois points. Il nous semble alors important d'examiner le contenu de son raisonnement.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault