2.2.1.2. Ressources financières externes
Les ressources financières externes des IMF sont
principalement les emprunts bancaires, les refinancements des structures
internationales spécialisées et des divers concours de l'Etat et
partenaires au développement.
a) Refinancement bancaire ou emprunts
bancaires:
Quand les ressources propres issues de l'épargne et du
capital propre sont insuffisantes pour couvrir la demande en crédit et
les besoins du développement de l'IMF, celle-ci peut choisir d'emprunter
auprès du système bancaire: c'est une relation de refinancement.
En effet, actuellement, la réalité est que des
préjugés mutuels freinent une véritable collaboration
entre les banques et les IMF surtout au Rwanda. Les premières qualifient
le secteur de la microfinance comme le secteur à haut risque en fonction
du niveau de professionnalisme faible, de la clientèle à
majorité analphabète et de la fiabilité douteuse de sa
situation patrimoniale sans emplois stables. Les secondes reprochent aux
premières la rigidité de leurs normes et procédures
opérationnelles.
Ces préjugés trouvent principalement leurs
explications théoriques dans le «dualisme financier» à
travers les deux principales explications de cette théorie.
«Asymétrie de l'information» et la «répression
financière».
Selon SOULAMA. S (2002), il y a
asymétrie d'information sur un marché lorsque certains
opérateurs détiennent des informations particulières qui
ne sont pas totalement transmises au prix des actifs du marché.
Cependant, au regard des performances progressives des IMF et
l'intérêt que suscite le secteur de la microfinance sur la
scène internationale, des partenariats entre les banques et IMF se
développent progressivement. Ces relations sont opportunes pour les deux
types d'institutions financières, du fait que, d'une part, les IMF ont
besoins des ressources à moyens et long terme et d'autre part, les
banques ont besoins de développer des nouveaux produits qui peuvent
intéresser les IMF et leurs clients. Cependant, les banques
commerciales restent sceptiques vis-à-vis des IMF à cause de
l'absence d'informations fiables sur la microfinance. Pour accéder au
financement de ces banques, les IMF sont obligées de faire recours aux
banques commerciales sous conditions qui prévalent sur le marché
du crédit, ce qui parait difficile aux IMF surtout au niveau du
coût de ces resources (taux d'intérêt). On remarque
également les interventions des banques dans le secteur de la
microfinance.
La relation de refinancement peut être facilitée
par un instrument mis en place par un tiers extérieur pour appuyer
l'institution de microfinance sous forme des fonds de garantie.
Au Rwanda, le développement et la diversification des
sources de refinancement des IMF restent encore faibles. Le constat en est que
le financement des IMF est assuré principalement par les ressources
mobilisées à travers les épargnes, ce qui va à
l'encontre des règles de gestion financière prudentielle compte
tenu de la nature des ressources. Ceci place les IMF dans des situations de
risque qui s'accroissent avec la fluctuation de dépôts et
retraits. En effet, l'Union des Banques Populaires du Rwanda (UBPR), fournit
selon la demande, les fonds de refinancement aux IMF. Mais, le taux
d'intérêt pour les prêts ainsi que les délais de
remboursement ne permettent pas aux praticiens de la microfinance d'y faire
recours et bénéficier de l'utilisation de ces facilités.
L'UBPR et les Banques commerciales telle que la Banque de
Kigali (BK) et des autres sont entrain d'entretenir des bonnes relations avec
les acteurs au développement et les projets du gouvernement pour
apporter leur soutien à l'exécution des projets à
composante microfinance.
b) Refinancement des structures internationales
spécialisées
A côté des bailleurs de fonds publics qui avaient
dominé la phase de développement du secteur de microfinance, de
nouvelles catégories de financeurs sont apparues. Il s'agit des
investisseurs privés et/ou fonds spécialisés en prêt
ou investissements en IMF.
Le recours au refinancement des structures internationales
spécialisées par les IMF n'est pas encore une pratique habituelle
au Rwanda. Certaines IMF ont commencé à entretenir des relations
de partenariat conduisant à la signature de contrats de cette nature. Le
partenariat actuel s'oriente vers le développement des principes de
professionnalisme. La mobilisation des ressources financières par le
canal de ces structures présente pour les IMF des avantages notamment
pour la durée du crédit et du taux d'intérêt, mais
aussi, des contraintes surtout en ce qui concerne les garanties. En effet,
l'accès des IMF aux divers fonds de garantie reste encore difficile
surtout au niveau d'une exploitation optimale de ces fonds. Au-delà des
contraintes, il faut aussi souligner que la plupart de ces refinancements sont
libellés en devises et nécessitent d'énormes
capacités de gestion des risques de change et de dévaluation en
fonction de la conjoncture.
L'ONU (2006), dans le livre bleu, précise que les
emprunts internationaux peuvent apporter une expertise en matière de
gestion, une connaissance globale des bonnes pratiques ainsi que des
innovations. Ces emprunts augmentent la capacité d'octroi de
crédit des IMF en volume, en délai et en analyse et suivi du
portefeuille. Ceci se justifie par les actions d'accompagnement technique
apportées par ces emprunteurs. Le défi à relever dans ces
financements est de trouver les moyens pour couvrir le risque de change
moyennant un coût raisonnable à mettre en adéquation entre
le rendement souhaité par les emprunteurs internationaux avec les
besoins de financement des IMF. L'ONU propose une seule solution envisageable.
Pour elle, il faut que les emprunteurs internationaux assument
intégralement le risque de change éventuellement associé
à leurs prêts en offrant des prêts aux IMF en monnaie locale
ou bien leur offrir en parallèle une couverture complète du
risque de change.
c) Concours de l'Etat et partenaires
au développement.
Les institutions de microfinance bénéficient de
diverses ressources en provenance des partenaires au développement et/ou
de l'Etat. Ces concours restent une source non négligeable de ressources
de la microfinance; ils peuvent fournir les moyens de fonctionnement aux IMF
pendant leur période de construction, néanmoins, ils fournissent
très souvent des lignes de crédit qui alimentent la microfinance,
ou encore des fonds de garantie qui permettront à la microfinance
d'avoir accès aux ressources bancaires. L'importance de l'aide
extérieure tend en général à diminuer, mais reste
néanmoins une part importante de ressources financières de la
microfinance.
Ces fonds sont critiqués par plusieurs acteurs oeuvrant
dans la microfinance par le fait qu'ils créent des distorsions sur le
marché et ne favorisent pas le développement des meilleures
pratiques de professionnalisme pourtant recommandées pour la
pérennité du secteur.
Les principaux partenaires et bailleurs de fonds
étrangers qui ont contribué de manière significative au
développement du secteur de la microfinance au Rwanda sont entre autre
World relief, World vision, SNV et TROCAIRE. Selon RMF (2007), l'intervention
de ces organisations se focalise sur la promotion des meilleures pratiques, les
systèmes de reporting de qualité, de même que la
pérennisation des IMF et la promoation d'une culture d'excellence dans
la gestion des IMF.
Les différentes possibilités de mobilisation des
ressources financières précitées comportent des avantages
pour les IMF, mais malheureusement; elles sont insuffisantes pour assurer le
professionnalisme et la pérennité des IMF. La
disponibilité des ressources financières doit être
couplée aux actions d'accompagnement technique.
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