DEUxIEME PARTIE : APPROCHES METHOLOGIQUES
ET EMPIRIQUES
La première partie de notre travail a été
consacrée à une revue de la littérature. Dans cette
deuxième partie, nous exposerons les démarches
générales adoptées pour vérifier ces informations
par l'approche méthodologique et pratique. Tout travail de recherche
repose sur une certaine vision du monde, utilise une méthodologie,
propose des résultats visant à prédire, comprendre,
construire ou expliquer.
CHAPITRE3
ASPECTS METHODOLOGIQUES
Il s'agit de définir ici l'ensemble des moyens et
procédures à mettre en oeuvre pour une vérification
scientifique du ou des problèmes posés. Dans cette perspective
nous aborderons dans ce chapitre les aspects méthodologiques de notre
travail de recherche. Pour ce faire, le chapitre est structuré en deux
parties :
Dans la première section, nous rappellerons les
hypothèses de recherche et leurs modes de vérification.
Nous développerons dans la deuxième section la
démarche méthodologie utilisée pour la collecte et le
traitement des données.
1- MODELE DE RECHERCHE ET HYPOTHESES DE RECHERCHE.
Il est nécessaire à ce niveau de notre travail,
d'expliciter notre démarche étant donné qu'il existe
plusieurs modèles conceptuels expliquant la relation entre les pratiques
de gestion des ressources humaines et la performance des PME. Ainsi, nous
allons clarifier nos prétentions de la relation qui existe entre les
pratiques de GRH et la performance des petites et moyennes entreprises au
Togo après des détails liés à notre cadre
d'analyse.
1.1- Le cadre
d'analyse.
Il est nécessaire de placer notre étude dans son
contexte afin de pouvoir préciser par la suite les liens pouvant exister
entre les variables choisies
1.1.1- Le contexte de
l'étude
A ce jour, deux approches ont été
développées pour tenter d'expliquer la relation entre les
pratiques RH et la performance de l'entreprise. Il s'agit d'une
approche « universelle » et une approche
« de contingence ». L'approche universelle postule une
relation directe entre les différentes pratiques RH (best practices)
-prises de manière isolée ou dans un système (grappes)- et
la performance organisationnelle. En revanche, l'approche de contingence
postule que l'impact des pratiques RH sur la performance de l'entreprise
dépend de leur cohérence avec la stratégie globale de
l'entreprise (Wright et al., 1995) : plus le degré de
cohérence entre la stratégie globale de l'entreprise et sa
politique de GRH est important et plus l'influence de la GRH sur la performance
organisationnelle est forte.
Dans ce contexte, nous adoptons la première approche
qui postule une relation directe entre les différentes pratiques GRH et
la performance. Nous allons analyser cette relation à travers les
différentes pratiques RH (best practices) -prises de manière
isolée.
1.1.2- Les Variables et leurs
opérationnalisations.
Pour pouvoir répondre à nos questions de
recherche, nous allons détailler les variables de recherche en
définissant les indicateurs pratiques capables de mesurer ces
variables.
Conscient de la difficulté d'observation de ces
variables dans le cadre d'identification des pratiques RH et de la performance,
nous avons opté pour une approche fondée sur la perception des
acteurs pour mesurer empiriquement nos variables de recherche. Cette
méthode consiste en effet à rendre opérationnelles des
informations d'ordre qualitatif en les transformant en données
quantifiées le long d'une échelle ordinale ou intervalle. Cette
méthode est d'usage courant dans bon nombre de recherches notamment dans
les études d'opinions et d'attitudes.
La méthode perceptuelle n'est pas exempte de critiques.
Tout instrument de mesure qui se réfère à l'avis de
l'interviewé doit prendre en compte comme limite, le comportement de ce
dernier. Ce biais constitue un écueil majeur de la méthode
perceptuelle. De toute façon, il y a tout lieu de signaler qu'une
méthode ne peut être fiable à 100%.
Ces échelles de mesure sont souvent classées en
deux groupes (Evrard Y et al, 2003) :
- les échelles simples :
consistent à mesurer un phénomène avec une seule
question ;
- les échelles
multiples : permettent de mesurer un phénomène
avec plusieurs questions.
Dans notre étude nous retiendrons les échelles
multiples car elles contribuent à augmenter la fiabilité de
l'instrument utilisé. Le principe des échelles multiples consiste
à proposer à la personne interrogée un ensemble d'items
qui sont supposés caractériser le concept que l'on veut mesurer.
Ainsi, l'identification des propositions évaluatives ou items constitue
un préalable indispensable pour la rédaction du questionnaire.
Dans le cas présent de cette étude, la plupart de nos items sont
issus des études antérieures. Toutefois, il faut noter que nous
avons apporté quelques adaptations pour tenir compte de la
spécificité de notre champ de recherche.
Il existe en effet plusieurs échelles multiples mais
nous souhaitons d'adopter des échelles de Likert en cinq points de
mesure pour l'ensemble de nos variables qualitatives. Le choix de ces
échelles est motivé par deux raisons fondamentales :
- elle est plus facile à comprendre;
- elle est peu sensible au mode de collecte des
données.
Nos items sont donc évalués sur des
échelles de type Likert à cinq positions qui permettent de
mesurer l'importance d'un critère, le degré de désaccord
ou d'accord avec une proposition
Les variables de l'étude
Nous avons retenu dans le cadre de ce travail deux variables
expliquées et plusieurs (huit) variables explicatives.
Les variables
explicatives : Les pratiques RH
Huit groupes de variables serviront de variables explicatives
de la performance des PME togolaises : celles liées à
l'analyse des emplois, au recrutement , à la planification des
carrières , à l'évaluation du rendement ,
à la formation , à la diffusion de l'information ,
à la planification des ressources humaines et à la
rémunération.
Ces variables seront évaluées à l'aide
d'une ou plusieurs questions (jusqu'au maximum quatre questions par pratique
RH). Les huit pratiques ci-dessus sont les suivantes (le nombre de questions
posées par pratique est indiqué entre parenthèses).
ü L'analyse des emplois (3),
ü Le recrutement. (3)
ü La planification des carrières (1)
ü L'évaluation du rendement (2).
ü La formation (2)
ü La rémunération incitative (2).
ü La planification des ressources humaines (3)
ü La diffusion de l'information (2)
Pour chaque question, le répondant devait identifier le
degré de formalisation de la pratique RH à l'aide d'une
échelle de mesure de type Likert, comportant 5 modalités,
s'échelonnant de 1 (pratique pas du tout formalisée) à 5
(pratique fortement formalisée).
Les variables expliquées : Performance de
l'entreprise
Performance économique
La mesure quantitative de la performance économique
reste très souvent l'élément principal qui guide
l'évaluation de l'entreprise (par exemple dans les multiples
modèles financiers d'évaluation). On constate que cette mesure
fait preuve d'une importante dispersion sectorielle. Une bonne
appréciation de ce critère de performance mérite
d'importance nuance.
La performance économique peut s'analyser en terme du
degré d'atteinte des objectifs, de la place de l'entreprise dans son
secteur, de l'évaluation de la place de l'entreprise dans son secteur,
de la qualité des produits et services.
Les indicateurs de mesure se rapportant à cette
variable sont :
ü L'évolution des chiffres d'affaires.
ü Le degré d'atteinte des objectifs.
ü La place de l'entreprise dans son secteur.
ü La qualité des produits et services.
ü Le taux de rendement de l'actif.
ü Le taux de rendement des fonds propres.
ü Le prix de l'action.
Performance organisationnelle
La performance organisationnelle concerne la manière
dont l'entreprise est organisée pour atteindre ses objectifs et la
façon dont elle parvient à les atteindre. Au sens de
Kalika : « les mesures de l'efficacité organisationnelle
ne se situent pas au même plan d'appréciation de
l'efficacité que les mesures économiques et sociales. Il s'agit
de mesures portant directement sur la structure organisationnelle et non sur
ses conséquences éventuelles de nature sociale ou
économique. On retient ici les quatre facteurs de l'efficacité
organisationnelle définis par Kalika (1988) : La qualité de
la circulation de l'information, les relations entre services, le respect de
la structure formelle et la flexibilité de la structure.
Les indicateurs de mesure se rapportant à cette
variable sont :
ü La qualité de la circulation de
l'information.
ü Les relations entre services.
ü Le respect de la structure formelle.
ü La flexibilité de la structure.
ü La productivité.
ü La satisfaction des clients.
ü L'innovation.
Performance sociale
Les indicateurs de mesure se rapportant à cette
variable sont :
ü La satisfaction des employés.
ü Le climat social de l'entreprise.
ü La nature des relations sociales.
ü L'absentéisme des employés.
ü Le taux de roulement des employés.
ü Le taux de départ volontaire des
employés.
Choix des indicateurs
Compte tenu des informations dont nous disposons, la
performance économique sera mesurée par l'évolution des
chiffres d'affaires réalisés au cours des cinq dernières
années ; la performance organisationnelle sera mesurée par
la qualité de la circulation de l'information, le respect de la
structure formelle, la flexibilité de la structure et la performance
sociale sera quand à elle mesurée par la satisfaction des
employés, la nature des relations sociales, l'absentéisme des
employés.
Les variables de contrôle
Pour tenir compte des spécificités des PME et de
leur hétérogénéité, nous avons ajouté
à notre étude deux variables de contrôle, soit l'âge
des entreprises et leur taille, celle-ci ayant été mesurée
par le nombre d'employés.
Nous croyons que la présence de certaines pratiques, de
même que le degré de leur formalisation, peuvent varier en
fonction des besoins des entreprises, ceux-ci pouvant être mesurés
par leur âge ou leur taille. Ainsi, les jeunes PME seraient davantage
préoccupées par l'organisation de leur production et la recherche
d'un marché stable; les plus petites PME, quant à elles,
n'auraient pas une structure suffisamment complexe pour justifier la
présence d'un ensemble étendu de pratiques.
Schématiquement notre modèle de recherche se
résume comme suit :
Tableau2 : modèle de recherche
Pratiques gestion des ressources humaines
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Performance sociale
|
Performance organisationnelle
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L'analyse des emplois
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Le recrutement des employés
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La formation des employés
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La planification des ressources humaines
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La rémunération incitative
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La planification de carrière
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L'évaluation du rendement
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La diffusion de l'information
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1.1.3- Les hypothèses de recherche.
La principale question de notre recherche comme
précisée plus haut est la suivante :
Comment les pratiques de gestion des ressources humaines
agissent-elles sur la performance des PME au Togo ?
A cette question, nous devons apporter des
éléments de réponse. Dans cette perspective, il nous
incombe de faire une présomption de relations entre les variables de
l'étude. Nous avons donc formulé une hypothèse pour notre
modèle.
H : « Plus les pratiques ressources
humaines sont formalisées plus elles influencent la performance des
PME Togolaises. »
De cette hypothèse principale
découlent huit sous hypothèses suivantes :
H1. Plus l'analyse des emplois est
formalisée plus elle est liée à la performance des
entreprises.
H2. Plus le recrutement est formalisé plus
il est lié à la performance des entreprises.
H3. Plus la planification des carrières est
formalisée plus elle est liée à la performance des
entreprises.
H4. Plus l'évaluation du rendement est
formalisée plus elle est liée à la performance des
entreprises.
H5. Plus la formation est formalisée plus
elle est liée à la performance des entreprises.
H6. Plus la rémunération est
formalisée plus elle est liée à la performance des
entreprises.
H7. Plus la planification des ressources humaines
est formalisée plus elle influence la performance des
entreprises
H8. Plus la diffusion de l'information est
formalisée plus elle est liée la performance des
entreprise
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