b. La courbe de
« demande »
La courbe de demande du consommateur individuel pour un bien
x donné peut être obtenue à partir de la courbe
« consommation-prix », comme la courbe d'Engel a
été obtenue à partir de la courbe
« consommation-revenue ». Mais il ne faut pas confondre la
courbe consommation-prix avec la courbe de demande telle qu'elle apparaît
sur le marché du bien x. Cette dernière courbe de demande est
représentée dans la figure 2.7. qui montre le lien entre les
quantités demandées de x (en abscisses) et le prix absolu de x
(en ordonnées)
En d'autres, sur la figure 2.6, chaque point
d'équilibre
E1, E2, E3,... étant
une combinaison préférée des biens x et y, il suffit de
reporter sur un graphique distinct (figure 2.7) les divers prix absolus de x et
les quantités correspondantes de x qui sont choisies à
l'équilibre. Le lieu de telles correspondances dans la figure 2.7 :
D1, D2, D3, ... est une courbe de demande individuelle.
La forme de la courbe D1D2 traduit un
principe fondamental connu sous le nom de « loi de la
demande » et qu'on peut énoncer comme
suit : « les quantités demandées d'un bien x
varient en sens inverse de son prix, le revenu monétaire et le prix des
autres biens restant constants ».
D1
Px
Px1
Px2
D2
Px3
D3
X
X2
X3
X1
3.4. Les déterminants de
la demande
a. La fonction de demande et la
clause « Ceteris Paribus ».
Le fondement et l'origine de la fonction de demande est
l'utilité (courbe d'indifférence). Elle a été
définie comme le bien des points indiquant les quantités
maximales qui seront achetées soit aux divers niveaux de revenu, soit
aux divers prix, toutes choses égales par ailleurs.
Etudier la fonction de demande en acceptant la variation des
prix du bien considéré (x) ou du revenu monétaire du
consommateur, « toutes choses égales par ailleurs »,
revient à introduire la clause « ceteris
paribus ». Si on abandonne cette clause, l'analyse ne pourra
être menée correctement.
Que peut-on inclure dans ces toutes choses égales par
ailleurs ? Nous pouvons répondre en les classant en trois
catégories de variables :
1. « les autres choses égales par
ailleurs » qui affectent la demande (variable étudié)
de manière significative ou qui sont affectées par elle,
notamment les prix des autres biens qui sont très proches du bien
considéré : les biens compléments, substituts,
conjoints ou concurrents,...
2. « les autres choses égales par
ailleurs » qui affectent la demande de manière significative,
mais qui ne sont pas affectées par elle, notamment le revenu du
consommateur et sa répartition, la fortune ou le patrimoine du
consommateur et sa répartition, les prix moyens de tous les autres
biens, les goûts, les préférences du consommateur, ses
anticipations, le degré atteint par sa consommation
antérieure,...
3. « les autres choses égales par
ailleurs » qui n'affectent pas la demande de façon
significative et qui ne sont pas non plus affectées par elle :
C'est l'ensemble de toutes les variables qui ne sont concernées ni par
la première, ni par la deuxième catégorie et difficile
à déterminer parce qu'elle relèvent d'un champ
différent de l'économie : L'éthique sociale. Ce sont
les variables pour lesquelles intervient un arbitrage politique visant à
soustraire leur satisfaction aux règles du marché, donc aux
libres jeux des préférences individuelles.
On suggère de ranger parmi elles les flux
culturels et symboliques auxquels sont soumis les membres de la
collectivité et qui rendent le consommateur prisonnier du mode de vie de
sa communauté.
La frontière entre ces trois catégories de
variables n'est pas facile à établir une fois pour toutes. Cela
dépend de ce que l'on considère comme
« significatif » ainsi que la connaissance empirique que
l'on a des facteurs étudiés et de leurs effets.
En tenant compte de ces trois catégories de variables,
on peut écrire la fonction de demande de la manière
suivante :
Dx = f(Px, Py,
Pz,... , Po, g, R, F) (1)
Où Dx = la demande du produit x
Px = prix du bien x
Py, Pz = prix des biens y, z, qui sont
très proches du bien x
Po = prix moyen des autres biens
g = goûts, préférences, anticipations,
utilité antérieure,
F = fortune ou patrimoine du consommateur et sa
répartition
Si à la limite on admet que toute variable est
significative sauf celles de la troisième catégorie, il est alors
nécessaire d'inclure dans la fonction de demande le prix de chaque
élément de la seconde catégorie
La relation (1) devient :
Dx = f(Px, Py,
Pz, ..., Pr, Pg, ...) (2)
Où Px, Py, Pz, ...= la
série des prix des produits de consommation
Pr, Pg, ... = la série des
prix des biens de production.
On note qu'il y a plus des variables qu'on peut supposer
constantes. Il n'y a plus que des prix explicitement exprimés.
Si nous choisissons de nous en tenir à nos trois
variables significatives habituelles : Px, Po, Pr ou R, nous pouvons
écrire :
Dx = f(Px, Po, R) (3)
Où les autres variables qui sont émises sont
supposées avoir des valeurs données.
Les conditions nécessaires à la
réalisation de l'optimum sous la contrainte budgétaire (des prix
et du revenu) s'obtiennent par une méthode classique dite des
multiplicatieurs de Lagrange. La relation (3) peut donc
s'écrire :
Dx = f(Px, Po, R) =
f(ëPx, ëPo, ëR) (4)
Où ë est le « multiplicateur de
Lagrange », constance qui peut parfois être
considérée comme un prix.
La relation (4) peut être ramenée à une
fonction à deux variables : P et R en effet, dans (4),
égalons ë à 1/Po on a :
) P (5)
x , R
Po Po
F (
Dx =
En général on décrit ceci en disant que
la demande en fonction du prix du bien x, le revenu monétaire du
consommateur et le prix des autres biens restant constants. C'est un moyen
commode et simple, sur le plan mathématique, de réduire Px, Po, R
à deux variables.
C'est aussi un moyen simple d'écrire l'expression
générale de la fonction de demande classique, sous les
hypothèses que 1/Po et R sont des paramètres (1) : Donc,
Dx = f(Px) = f(P1,
P2, P3, ...) (2)
En général aussi, et pour respecter la tradition
anglo-saxonne et par convention (1), (2) on écrit la fonction de
demande :
Px = f(Dx), les prix
des autres biens et le revenu constants.
La courbe de demande tire sa forme ou son allure des
propriétés des courbes d'indifférence :
1. elle a une pente négative : pour un prix plus
bas, une plus grande quantité est demandée. Mais dans certains
cas exceptionnels, la proposition contraire peut être valable :
paradoxe de Giffen, effet Veblen, ...
2. en général la demande est une fonction
univoque des prix et du revenu. C'est-à-dire qu'à une seule
quantité maximale demandée correspond une seule distribution
donnée des prix et du revenu. Si pour une seule distribution des prix et
du revenu on peut avoir différentes quantités demandées,
la fonction de demande est dite multivoque (cas d'une courbe de demande
épaisse). Pour que la fonction de demande soit univoque, il faut que le
consommateur soit parfaitement rationnel, achetant en parfaite connaissance et
cherchant délibérément à maximiser sa satisfaction.
3. la fonction de demande est une fonction homogène de
degré zéro par rapport aux prix et au revenu, c'est-à-dire
que si on multiplie simultanément tous les prix ainsi que le revenu par
un même nombre positif (ë), la quantité demandée reste
inchangée.
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