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FAI: vers un devenir médium


par Gregory de Prittwitz
CELSA - la Sorbonne
Traductions: Original: fr Source:

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3. Vers une dilution du socle commun ?

Nous avons vanté en amont la capacité des FAI à remonter la chaîne identitaire d'un individu médiatique par le biais de la prise en compte des micro-segments. Nous évoquerons ici les conséquences d'une fragmentation totale de la télévision.

Le premier point qui mérite qu'on se penche sur la fragmentation des flux émissifs concerne la désynchronisation médiatique. La délinéarisation réduit la portée du débat public autant qu'elle conforte chacun dans ses avis. La notion de forum démocratique télévisuel perd de son sens lorsque les flux principaux sont noyés dans une multitude de flux concurrents. Bien que les éditeurs historiques soient obligatoirement repris sur tous les supports de diffusion, la délinéarisation tend à déstabiliser les fondements du socle commun.

De son côté, Missika estime que la même « si les télévisions ont réussi le pari de banaliser l'accès à l'émission du flux et l'égalisation des statuts, l'individualisation des rapports communicationnels est en train de diluer le rôle central de forum des sociétés démocratiques »132(*). Quel univers médiatique s'offre à nous ? La centralisation du « moi » dans l'énoncé met-elle en péril le socle commun à toute la société ? Ce socle qu'est la télévision est d'autant plus important quand on se réfère à la propension de chacun à assimiler et filter les informations comme il l'entend. Tant que cela est ancré dans un contexte où le socle commun oblige tout à chacun à échanger, cela coïncide toujours avec la notion de forum.

Il faut imaginer que la dilution d'un socle commun soit sous tendue par une régénération du dispositif médiatique. Nous avons évoqué en amont la pyramide de Maslow. Les deux derniers étages sont ceux de l'estime et de la réalisation de soi. La capacité des communautés sur Internet à répondre à ces deux sentiments ne sont que partiellement vrais. La participation à l'énoncé et l'inscription dans un dispositif communautaire répond à ces besoins. Mais on peut s'interroger sur la pérennité de ces sentiments. Ancré dans un micro espace, derrière un écran, avec l'utilisation d'un pseudonyme, l'actant médiatique peut-il satisfaire complètement son besoin d'estime ? Certes, il est galvanisant d'échanger et d'être maître de son propre énoncé. Il faut évoquer que la réalisation de soi est un sentiment humain qui justifie une reconnaissance. Ne vivant pas dans un monde dématérialisé, le regard de l'autre est invariablement corrélé à la réalisation de soi. La perte d'un espace public aussi grand que la télévision ne saurait satisfaire les desiderata de beaucoup d'exister à travers son prisme déformant et grossissant. Même si le web est capable de produire ses « référents », la télévision est le medium qui fédère tous les éléments essentiels à l'érection d'un individu au-delà de son statut originel.

Il ne faut pas pour autant en conclure la fin prochaine du besoin de l'actant d'être plus central et libre dans le dispositif médiatique. Il faut plutôt envisager une forme de complémentarité entre processus de décentration et de centration des rapports communicationnels. L'avenir de la consommation de media ne peut se concevoir que dans un partage de l'actant médiatique entre un medium de moins en moins passif avec l'arrivée prochaine d'outils interactifs et un medium au déploiement conditionnel nécessitant une activité. Ces deux typologies énonciatives se nourrissent l'une et l'autre et sont en partie aujourd'hui dépendante l'une de l'autre. Un intitulé ne saura exister seulement sur un seul de ces deux media. Par extension, Il faut également envisager la combinaison des appétences de masse et de micro-niches, puisque un accès médiatique partiel ou une hégémonie de quelques media de masse ne sauront satisfaire un individu médiatique devenu bien complexe.

Conclusion

Nous nous sommes interrogés sur la qualité de « devenir medium » du FAI par le biais d'une stratégie d'adhérence aux nouveaux usages médiatiques. Le déroulement de ce travail de recherche a permis de montrer et d'analyser les points qui sous-tendaient une transformation médiatique de ce nouvel acteur du marché. Il était d'abord question de montrer comment la diffusion du media internet a modifié les rapports communicationnels entre émetteur et récepteur. L'incursion tardive des éditeurs télévisuels sur ce médium n'a pas suffi à circonscrire la baisse de consommation de la télévision et la montée en puissance des consommations convergentes. La dimension de contournement des médias historiques est un des corolaires de la démocratisation des usages liés à Internet. Nous avons pu décrire dans ce travail de recherche comment la compréhension de ces usages révélés sur Internet a permis au FAI d'établir des principes d'approches du client dans une logique de stratégie de valeur. La transposition des usages inhérents au web découle d'un double objectif. Tout d'abord capitaliser sur les bénéfices d'usages ressentis par l'utilisateur et ensuite rééquilibrer le marché des médias. Ce rééquilibrage a permis de révéler la primauté de la détention des réseaux sur la création de contenus. Il a eu pour clé de voute une aspiration à la délinéarisation et au contournement du flux linéaire. Ainsi, la somme des avantages proposés a soudainement placé la télévision et ses éditeurs dans une situation instable. La capacité à remonter la chaîne identitaire de l'individu médiatique s'est démarquée de l'apathie énonciative des éditeurs historiques. De surcroît, la capacité à recentrer l'utilisateur au sein du dispositif énonciatif sur la télévision a découlé d'une prise en compte des évolutions de ses besoins.

Par la suite, nous avons cherché à comprendre les raisons de cette stratégie d'adhérence aux nouveaux usages médiatiques. Il n'a guère fallu de temps pour comprendre que cette stratégie fut motivée par des logiques économiques d'envergure. Le contenu nous est apparu comme le nerf de la guerre, puisque décisif dans les gains de parts de marché. La mise en perspective contextuelle des stratégies des acteurs principaux a permis de comprendre l'évolution du marché à travers une oscillation entre collaboration et concurrence. Ainsi, la remontée de la chaîne de valeur d'un acteur comme Orange laisse imaginer des orientations stratégiques que nous sommes impatients de vérifier.

Le déroulement de ce travail a permis de comprendre comment l'éditorialisation de contenus, l'agrégation de chaînes et d'autres services ont permis de façonner une identité médiatique au FAI. Seulement, la troisième partie a révélé que cette identité n'est que partielle. Les hypothèses de départ ont été en partie écornées par les insuffisances de l'IPTV. L'utilisation des termes « devenir medium » dans la problématique a pris tout son sens. D'après le Petit Robert « Devenir, c'est passer d'un état à un autre, commencer à être ». Les faiblesses éditoriales et identitaires des FAI dans leur postulat médiatique corroborent la dimension du « commencer à être media ». Son acception médiatique s'heurte donc à la restriction de son périmètre de diffusion de ses services éditorialisés, à sa faible dimension de sélectionneur de l'information. L'insuffisante valorisation éditoriale est un point d'achoppement majeur dans cette évolution. Les responsabilités qui sont implicitement incombées aux média n'ont pas encore trouvé écho chez les FAI. Il faut cependant pondérer ces analyses par la combinaison d'inexpérience et de stratégies éditoriales en amorce.

Les limites actuelles des FAI vers un « être medium » doivent permettre de poser les questions de l'avenir du marché des media.

La télévision en tant que support semble vivre une deuxième jeunesse. Plusieurs éléments risquent de faire converger vers une fortification de ses bases, que seul un déplacement des usages relatifs à la télévision vers l'ordinateur, catalyseur de la majorité des nouveaux usages médiatiques saurait remettre en cause. Si l'ordinateur venait à supplanter la télévision au centre des usages domestiques, la donne changerait radicalement pour les FAI pour qui la détention des réseaux en circuits fermés façonne et légitime l'offre. Des entreprises comme Carrefour, Microsoft ou Apple ont, semble-t-il, fait le pari d'une évolution des usages domotiques. Le lancement d'une offre VOD de la part du deuxième groupe de distribution au monde suscite quelques interrogations quant à l'avenir de l'édition de contenus. Si les opérateurs télécoms se sont appuyés sur leurs réseaux pour s'emparer des circuits de diffusion et imposer leur stratégie de « devenir medium », qu'en sera-t-il si le marché s'ouvre à des nouveaux venus, moins rompus encore aux joutes du marché, mais forts d'un capital financier extraordinaire. Cela laisse-t-il présager une excroissance de la vente de contenus immatériels sur des points de ventes matériels, à travers des mécanismes d'échanges nouveaux, comme le mobile saura bientôt le proposer avec la lecture de codes barre sur des espaces publicitaires physiques ?

La linéarité discursive, propre à l'édition de chaînes semble être, pour le moment du moins à la merci d'une évolution globale des usages qui se joue entre les détenteurs de livraison des flux. Ces opérateurs ont su coller aux évolutions sociologiques en termes d'attentes et d'usages.

Le principe de décentration cher à Peraya est au coeur de ces évolutions médiatiques. Il faut envisager le marché de l'émission de flux comme un mélange entre contenu de valeur et centralisation de l'individu au coeur de l'énoncé. Le support télévisuel doit envisager la combinaison de ces deux prérogatives, la masse et la micro-niche. Ces deux cibles doivent être envisagées différemment mais avec la même importance stratégique, puisque l'individu médiatique est susceptible de se confondre dans cette schizophrénie énonciative. La personnalisation des rapports communicationnels doit être le prisme au travers duquel les acteurs du marché doivent entrevoir l'avenir. Accepter de responsabiliser l'actant médiatique, de comprendre ses choix, de s'affranchir de l'unilatéralité des échanges communicationnels propres au passé, voilà les axes de progrès auxquels doivent s'atteler les éditeurs historiques.

De leur côté, les FAI ont l'obligation de faire perdurer leur stratégie de valeur, d'adhérence aux usages. La distribution en circuit fermé ne semble pas répondre à ce type d'exigence puisqu'elle est restriction et fait ressurgir à nouveau un déséquilibre entre l'émetteur et le récepteur. Il convient à tous les acteurs d'adhérer aux usages qui s'apparentent à une responsabilisation du faire-réceptif à travers l'interactivité et la personnalisation des rapports. Pour les FAI qui veulent s'ériger en medium à part entière, nous devons imaginer qu'il leur sera nécessaire de donner un ton, une couleur, un style à leur éditorialisation. Il leur faudra sans doute composer avec la nécessité de médier le rapport communicationnel sans pour autant rogner la liberté nouvelle de l'utilisateur au sein du dispositif énonciatif.

Si les FAI et les éditeurs continuent de concert à favoriser la délinéarisation des flux, on peut s'interroger sur la pérennité de l'espace public télévisuel. La logique de niche doit elle être un substitut ou plutôt un complément ? Nous estimons ici que la logique de niche et de masse sont complémentaires puisqu'elles se nourrissent mutuellement. Elles répondent à des besoins différents mais sont indissociables dans le tissu médiatique. Les usages et l'accessibilité des media internet et télévision ne peuvent se départir l'un de l'autre. Bien qu'il paraisse essentiel de cerner les conséquences des mouvements du marché sur la société, il faut bien admettre que cela n'est évidemment pas au centre des intérêts des groupes médiatiques et qu'il faut, à priori, se résoudre à observer une lutte dont la notion civile semble exempt.

D'un point de vue économique, on peut s'interroger en ces temps de crise sur la pérennité des offres payantes, l'opérateur anglais Sky133(*) prévoit une baisse de 40% des abonnements dans les mois qui viennent. Certains voient dans la crise des opportunités économiques, spéculant sur une réduction de certains postes de dépenses, au profit de la consommation de télévision. Faut-il envisager une restructuration du marché qui découlerait de cette crise, avec une réduction des dépenses mais une augmentation de la consommation ? Quelle que soit la portée de cette crise économique, on peut se poser les questions suivantes: quel sera le meilleur équilibre à adopter entre les contraintes éditoriales imposées par l'évolution des usages et les contraintes économiques à venir ? Quelle sera la pérennité de l'adhérence aux évolutions des usages ? De plus, dans quelle mesure la portabilité des contenus peut-elle déréguler l'offre audiovisuelle au point que les terminaux puissent jouer un rôle déterminant à l'avenir ? Enfin, il faut s'interroger sur la notion d'espace public télévisuel. Ce forum est un pilier de la vie en société et même s'il ne répond pas à entièrement à l'évolution des usages, il n'empêche qu'il est encore le seul à drainer autant d'audience de façon synchronisée.

Il sera évidemment complexe d'imaginer un équilibre entre décentration, centralisation de l'individu au sein du dispositif énonciatif, nécessité de socle commun, tout cela sous-tendu par des logiques économiques d'envergure.

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-DUCCINI - 1998 - « La télévision et ses mises en scène » Nathan Université

ANNEXES

1. ARCEP : Publication : Le marché des services de télécommunications en France au 2ème trimestre 2008

2. Les Français, la télévision et la convergence

Les Français regardent moins la télévision

La Convergence Média boostée par la consommation de la télévision, des vidéos, en différé et en soirée.

 
 

3. Media in Life, Médiamétrie 2006 : La consommation média en France

4. Guide des chaînes numériques 2008.

5. BOURE Phillippe (2004) « Régulations et dérégulations libérales des médias audiovisuels » ACRIMED

6. La Lettre de L'ARCEP - Septembre 2008

7. « Les défis de la télévision de demain » Le Monde. DELAHAYE Martine -29.06.08-

L'audiovisuel fait vivre 200 000 personnes, soit plus que l'aéronautique." C'est avec ce préambule que Jean-François Boyer, producteur et président de l'Association pour la promotion de l'audiovisuel (APA), a lancé la cinquième édition de la Journée de la création TV organisée le 16 juin, en partenariat avec la chaîne Public Sénat. Une journée qui réunissait des professionnels particulièrement sensibles à la "révolution des écrans" en cours, leurs productions devant aujourd'hui répondre aux spécificités et à l'économie d'une multiplicité de canaux : ceux de la télévision hertzienne bien sûr, mais aussi ceux de la télévision numérique terrestre (TNT), de la vidéo à la demande (VoD), d'Internet, du téléphone mobile et des web-télés. Tout cela sur fond de crise financière, la publicité se détournant en partie des médias traditionnels pour s'adresser aux clients de ces nouveaux venus.

"Nous sommes cernés par une multitude de tuyaux qui sont là, la gueule ouverte, avides d'images et qu'il faut absolument nourrir. C'est une potentialité gigantesque, mais nous ne sommes pas nécessairement préparés à y répondre parce que, historiquement, nous avons le modèle du cinéma, et qu'on ne connaît pas les programmes que veulent ces tuyaux", reconnaissait Jacques Peskine, délégué général de l'Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA). Tout un métier à réinventer donc.

Et le téléspectateur, qu'attend-il ? Il a lui-même considérablement évolué au cours des dix dernières années, adoptant instantanément, surtout parmi les plus jeunes, tout ce que pouvaient lui apporter les nouvelles technologies. Non seulement il consomme des images sur de multiples écrans, mais, dorénavant, il se veut aussi acteur, qu'il soit simple zappeur, fouineur sur Internet ou producteur de vidéos à partager avec d'autres sur les plates-formes d'hébergement que sont YouTube ou Dailymotion. Il n'est plus un réceptacle passif et captif de quelques chaînes de télévision : face à une offre pléthorique, il s'impose au centre du dispositif.

Miroir d'une société de l'individu-roi, de l'immédiateté et de l'interactivité, "la téléréalité a manifesté un nouveau comportement psychologique", notait Xavier Couture, nouveau responsable des programmes chez l'opérateur Orange. C'est le règne du "Je veux me voir à l'écran". "Il ne s'agit donc plus de s'adresser à une masse de spectateurs, mais chaque fois à un spectateur unique", a précisé M. Couture.

Ce qui est possible avec Internet, où chacun peut picorer ce qu'il veut quand il veut, voire se mettre en scène ; ce que permettent aussi les capacités démultipliées du réseau téléphonique via l'ADSL ; mais ce à quoi les chaînes de télévision sont beaucoup moins préparées. Dans un pays anglo-saxon, expliquait ainsi Pascal Josèphe, président de l'International Média Consultants Associés (IMCA), un programme de "Thalassa" sur Madère permettrait, en un seul clic sur le site de l'émission, de réserver un billet d'avion, un hôtel, et de se renseigner sur les activités à faire sur l'île... On en est loin en France.

Pour autant, créer sur Internet n'empêche pas de travailler pour les opérateurs traditionnels : le duo de "La Chanson du dimanche", dont les vidéos sont nées sur le Net - notamment sur Dailymotion -, a été signé par Universal, et l'un des deux trentenaires du duo qui l'a conçue commencera à travailler cet été pour Arte. Un nouveau vivier de créateurs de télévision viendra peut-être du Net. De quoi peut-être répondre à l'enjeu actuel pour les chaînes : comment mettre l'individu au coeur de l'offre créative ?

Martine Delahaye Article paru dans l'édition du 29.06.08.

8. Référence des Equipements Multimedia - Chiffres Médiamétrie

9. Diffusion multisupports de contenus exclusifs-Orange

10. Orange foot

11. Orange: les six nouvelles chaînes Cinema Séries

12. Les terminaux s'engagent dans la course : Apple et Gong

13. TF1 contre l'offre numérique

14. L'ARCEP et la guerre Orange Canal+

15. Orange et CanalPlus: divergences et convergences

16. Conflit de canal à l'orange

Bouquet. Avec cinq chaînes ciné et séries, l'opérateur provoque la chaîne cryptée.

RAPHAËL GARRIGOS et ISABELLE ROBERTS

 «Ce n'est pas de la télévision, c'est plus que de la télévision.» Voilà le discours pas du tout boursouflé que l'on entendait hier chez Orange, dans la bouche de son directeur général de la division contenu, Xavier Couture, qui présentait son bouquet de cinq chaînes de cinéma et de séries, supposé batailler avec Canal + à partir du 3 novembre. «Plus que la télévision», parce que les fameux films et séries ne seront pas disponibles que sur le vieux poste de papa, mais aussi le PC de fiston ou le téléphone portable de fifille. Mieux, si toute notre gentille famille ne souhaite pas attendre son film comme Mémé ses Chiffres et des lettres, elle pourra choisir ses programmes à la demande et se créer sa proche chaîne.

«Casimir».Bon d'accord, on peut les regarder dans tous les sens et sur tous les supports, mais il y a quoi dans ces cinq chaînes disponibles pour 12 euros par mois (en plus de l'abonnement) ? «Un magnifique line-up de programmes», balance Couture, décidément inspiré. L'annonce avait fait sensation au Marché international des programmes (MIP), à Cannes, au printemps : Orange avait chouravé les contrats Warner et HBO à Canal +, lequel s'était agacé que «Casimir, le gros Orange», comme la chaîne cryptée surnomme la filiale de France Télécom, lui barbote ses jouets avec ses 53 milliards de chiffre d'affaires (contre 4,3 milliards pour Canal +).

Et les voilà donc ces cinq chaînes. Rien d'ébouriffant sur les thématiques : Orange cinémax (les blockbusters en HD), Orange cinéhappy (pour la famille), Orange cinéchoc (pour l'action), Orange cinénovo (films indépendants) et Orange cinégéants (les vieux classiques). Au menu, quelques séries alléchantes signées HBO : John Adams, In Treatment, Generation Kill ou True Blood. Côté cinoche, le téléspectateur sera servi pour les classiques, mais il aura plus de mal à se régaler d'inédits, car si Orange a pour «objectif 75 exclusivités par an», pour l'instant, les nouveautés devraient tourner autour de 30 par an, en attendant que la filiale de production ciné maison, Studio 37, fasse son office.

Reste quelques soucis à régler : Couture a indiqué qu'Orange était en négo avec le CSA pour les conventions des nouvelles chaînes qui doivent formaliser leurs obligations envers le cinéma. Problème : doivent-elles être calculées par rapport au riquiqui chiffre d'affaires des chaînes ou par rapport à celui, maousse, de France Télécom ?

Cafouillage. Orange va devoir aussi faire preuve de pédagogie : la naissance d'Orange Foot, en août, destinée à mettre en valeur le match de Ligue 1 chèrement acquis (203 millions d'euros), a donné lieu à un cafouillage des plus rares. Les téléspectateurs ne comprenant pas s'il s'agissait d'une chaîne sur la télé ou sur le web, et surtout n'ayant pas saisi que pour y accéder il fallait être abonné à l'offre triple play d'Orange. Jusqu'à Raymond Domenech qui, n'y entravant que dalle, a eu la bonne idée d'appeler... Canal +.

17. Le poste « Autres TV » passe devant TF1. 

18. Interview sur les chaînes ethniques

François Thiellet a été le directeur de la première chaîne musicale française, MCM, puis de MCM International. En 2001, il fonde MCM Africa. Il dirige ensuite la chaîne Fashion TV. Depuis janvier 2005, François Thiellet est le président-fondateur de Thema. L'entreprise fournit des programmes multi-chaînes. Elle opère notamment dans les pays arabes, en Asie et en Afrique. En France, Thema s'est spécialisée notamment dans l'offre de chaînes ethniques (russes, turques, etc...). Son point fort, selon François Thiellet, son indépendance vis-à-vis des grands groupes de medias. La majorité de Thema est détenue par ses managers.

Afrik.com : Comment est née l'idée ce concocter ce Bouquet africain ?

François Thiellet : Deux éléments sont à l'origine de ce projet. Le premier tient au fait que j'ai pendant longtemps envoyé des programmes vers l'Afrique, notamment à travers MCM Africa, Fashion TV. J'ai estimé qu'il serait intéressant de faire l'inverse, de restaurer une sorte d'équilibre. La seconde raison est liée à l'opportunité de distribuer des chaînes ethniques. Depuis trois ou quatre ans, les offres IPTV ont ouvert ce marché : les opérateurs proposent des chaînes russes, turques, chinoises... Pourquoi n'y aurait-il pas de chaînes africaines alors que les communautés africaines sont importantes en France ? En somme, Le Bouquet africain est le produit de la rencontre d'une envie et d'une opportunité technique et financière.

Afrik.com : : La RTS, la 2sTV pour le Sénégal, la CRTV pour le Cameroun, l'ORTM pour le Mali, la RTI pour la Côte d'Ivoire et la RTB, pour le Burkina Faso. Six chaînes africaines représentant cinq pays. Quels sont les critères qui ont prévalu au choix des premières chaînes de ce bouquet ?

François Thiellet : Le choix s'est d'abord opéré en fonction de l'importance des communautés. Il a fallu déterminer les communautés africaines francophones les plus importantes. Ensuite, nous nous sommes interrogés sur la faisabilité technique du projet : sélectionner les chaînes de bonne qualité et penser à la façon de les ramener.

Afrik.com : Le Mali, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Cameroun, on comprend bien la présence des chaînes de ces pays dans le bouquet compte tenu de l'importance de ces communautés en France. Mais la diffusion d'une chaîne burkinabé est moins évidente...

François Thiellet : La présence de la RTB dans ce bouquet est un peu plus inattendue mais nous avons une tendresse particulière pour le Burkina Faso, patrie de la fiction africaine. C'est le pays du cinéma africain : il accueille tous les deux ans le Fespaco. Par ailleurs, nous avons d'autres projets avec le Burkina...

Afrik.com : Quelles sont les principales contraintes pour diffuser des chaînes africaines en France ?

François Thiellet : Il y a une double contrainte. D'abord, comment arriver à acheminer le signal de base ? C'est simple pour certaines chaînes et plus difficile pour d'autres. Ensuite, il y a le problème des droits des programmes diffusés sur ces chaînes, notamment quand il s'agit s'événements sportifs. Les droits acquis sont généralement valables pour les territoires nationaux. On a donc l'obligation d'occulter les programmes concernés. Il est important que nous nous pliions à cet impératif majeur auquel sont soumises nos chaînes partenaires. Au début, les émissions seront donc occultées mais nous pensons par la suite à des programmes de substitution produits par les télévisions concernées.

Afrik.com : Le Bouquet africain sera commercialisé à partir de ce mercredi ?

François Thiellet : Nous proposons Le Bouquet africain depuis une semaine chez Neuf Cegetel via la Neuf Box. C'est ce nous appelons dans notre jargon la période de "Soft Launch". C'est une période pendant laquelle le bouquet est proposé gratuitement. A compter de mercredi, Le Bouquet africain sera commercialisé à 6,90 euros TTC.

Afrik.com : Neuf Cegetel vous permettra-t-il de toucher l'audience qu'aurait peut-être pu offrir Orange (France Télécom), l'opérateur historique, ou encore l'opérateur IPTV Free ?

François Thiellet : J'ai commencé avec celui qui a été le plus réactif et qui s'est engagé à investir dans une campagne de promotion. Neuf Cegetel, c'est tout de même plus de 800 000 abonnés, ce qui n'est pas loin de ceux qui le sont à Free. L'idée, c'est évidemment qu'un large public ait accès à ce Bouquet africain. Nous sommes en discussion avec l'ensemble des opérateurs câble et ADSL afin que ce bouquet soit disponible dans leur offre.

Afrik.com : Sur quelles bases fonctionnent votre partenariat avec ces chaînes africaines qui participent au Bouquet africain ?

François Thiellet : Nous avons un accord qui stipule que nous prenons en charge les coûts techniques et les coûts marketing. Les chaînes sont rémunérées par rapport au nombre d'abonnés.

Afrik.com : Y-a-t-il une chaîne que vous auriez aimé avoir dans ce bouquet que vous n'avez pas ?

François Thiellet : Une chaîne congolaise (RDC, ndlr).

Afrik.com : Le Bénin et le Togo ne vous intéressent pas ?

François Thiellet : Il y a plus de Congolais que de Togolais et de Béninois en France... Le critère numérique reste important. Mais dans tous les cas, le bouquet va s'étoffer progressivement et sera complétée par une offre VOD pour devenir une offre de l'audiovisuel africain. On a très peu accès aux productions africaines, que ce soient des téléfilms, séries ou tout simplement qu'il s'agisse de cinéma. Nous souhaitons remédier à cela et c'est dans ce sens que nous allons évoluer.

Afrik.com : Pourquoi avez-vous jusqu'ici si peu communiqué sur le lancement de ce bouquet africain ?

François Thiellet : Nous voulions d'abord nous assurer que la période d'essai gratuite serait concluante avant de communiquer plus largement. Nous allons lancer dans les prochains jours une vaste campagne de promotion dans les médias concernés.

Afrik.com : Vous vous êtes associé dans ce projet à Canal Overseas Africa, qui distribue Canalsat Horizons en Afrique. Pourquoi ?

François Thiellet : Canal Overseas Africa est un partenaire technique et éditorial. Le groupe constitue un atout pour nous d'un point de vue technique et relationnel. Ils ont une expérience considérable dans l'audiovisuel africain. Ils avaient déjà des partenariats avec certaines des chaînes avec lesquelles nous travaillons dans le cadre du bouquet. Ils sont un véritable atout, et ils ont accepté et souhaité nous accompagner dans ce projet.

Afrik.com : Peut-on imaginer un bouquet qui reprendrait la production nigériane de téléfilms et de séries qui ont beaucoup de succès en Afrique ?

François Thiellet : Nous envisageons de faire quelque chose, mais je ne sais pas encore quelle forme cela prendra. Nollywood dispose d'une production foisonnante qui mérite d'être mise en valeur. Nous avons déjà noué des contacts dans ce sens.

Afrik.com : Combien d'abonnés au Bouquet africain espérez-vous ?

François Thiellet : Beaucoup. Plus, ce serait encore mieux !

19. NOMBRE d'ABONNES DSL en FRANCE

Vnunet.fr a refait le tour du Plan Besson en dix thématiques synthétiques.

Philippe Guerrier 22-10-2008

Le gouvernement affiche son ambition de couvrir 100 % de la population française en haut débit d'ici à 2012. Un appel à candidature sera lancé en 2009 pour la fourniture d'une prestation d'accès universel à Internet haut débit à compter du 1er janvier 2010.

Avec un minimum de débit requis (512 kbit/s) à un "tarif abordable" (inférieur à 35 euros/mois). Eric Besson laisse le soin aux opérateurs de choisir la technologie d'accès adéquate (satellite, WiMax...).Une mesure qui concernerait entre deux et quatre millions de Français exclus du haut débit. Au deuxième trimestre 2008, la France comptait 18 millions d'abonnés à Internet dont 16,7 millions en haut débit, la plupart utilisant l'ADSL. Avec un taux de pénétration du haut débit de 61 % des ménages, la France arrive en troisième position en Europe, derrière les Pays-Bas (74 %), la Suisse (69 %), et à égalité avec le Royaume-Uni.

* 132 MISSIKA Jean-Louis, 2006 « La Fin de la Télévision » La République des Idées

* 133 SKY : agrégateur et éditeur de chaines au Royaume Uni.

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