CHAPITRE Ier. DE L'EXAMEN DE LA CONVENTION RELATIVE AUX
DROITS DE L'ENFANT
A côté d'importantes études en
médecine et en Sciences humaines sur l'enfant, la codification des
droits de ce dernier s'est révélée impérieuse et
nécessaire. C'est ainsi que par la résolution 44/2 5 du 20
novembre 1 989, l'Assemblée Générale des Nations Unies
(AG/NU) a adopté la Convention relative aux droits de l'enfant (CDE) que
nous allons présenter dans les lignes qui suivent.
SECTION I. PRESENTATION DE LA CDE
La Convention relative aux droits de l'enfant est d'abord un
accord écrit autour duquel les Nations Unies (NU) font consensus et dont
les dispositions visent l'instauration des normes acceptables par
tous9.
OEuvre d'un groupe de travail créé par la
Commission des droits de l'homme des N.U., son élaboration a connu outre
la participation des représentants des gouvernements, celle des organes
et institutions spécialisées des N.U. dont le Haut Commissariat
pour les Réfugiés, l'OIT, les fonds des N.U. pour l'enfance,
l'OMS, ainsi que celle de nombreuses organisations non gouvernementales.
Elle est aussi un ensemble entier et cohérent qui
affecte de manière certaine l'attitude du monde envers les enfants. En
effet, ouverte à la signature le 26 janvier 1 990, la Convention
relative aux droits de l'enfant est le premier traité sur les droits de
l'homme qui soit devenu quasi universel avec pour résultat le fait que
99% des enfants dans le monde vivent dans les pays qui l'on
ratifée10.
Au 02 septembre 1 990, soit six mois après son
ouverture à la signature, la convention a atteint le nombre requis de
ratification pour son entré en vigueur une année plus tard ; et
au moins 94 Etats en sont devenus des parties11.
A la fin de 1995, au moins 191 Etats, dont 49 sont
africains12, l'ont ratifié selon les statistiques du 23
janvier 1 998. Ce traité, qui connaît un nombre sans
précédent de ratification, revêt un grand
intérêt car, à la différence des autres
traités sur les droits de l'homme, il va au delà des droits
civils et politiques, il préconise l'octroi des soins médicaux
primaires et d'une éducation de base aux enfants, et proclame au niveau
universel l'ensemble des droits par opposition aux instruments
antérieurs de droits de l'homme.
Enfin, la CDE est un texte fondateur qui permet ou permettra
de rompre avec une certaine latence sur les droits de l'enfant depuis un peu
plus d'un siècle13.
Elle a permis en fait de relancer les débats sur la
place de l'enfant dans nos sociétés contemporaines14
et a ajouté un certain nombre de droits qui n'avaient jamais fait
l'objet d'une tradition conventionnelle internationale telle : la protection de
l'identité de l'enfant.
Outre l'exploit réalisé dans son
évolution historique, la convention dispose d'un contenu propre dont
l'examen se révèle utile dans l'analyse qui suit.
11 CYNTHIA P, STUAR H., KOSLOKE S., << The convention on
the right of child, developping in information model computers the morning of
developping in information model computer the morning of treaty compliance
>>, In humain right quality, VOL 14, 1992, p. 216.
12 Rapport du Comitp des droits de l'enfant,
53ème Session, AG, N° 41 (A/T3), Nations Unies, New
York, 1998, p. 142..
13 Idem, p. 142.
14 HARTIO H , Le conseil de l'Europe et les droits de l'enfant
acte du colloque europpen du 08-09/1990, cité par PAULINE
COTE et JOHN KABARE, in << la Convention relative aux droits de l'enfant
et aperçu de la situation dans le monde >>, dans collègue
international du 29 et septembre et 1 er octobre 1993 sur
l'effectivitU des droits fondamentaux, art Louis 1994. P 98
1. Historique de la CDE
Nombreux sont les écrits et témoignages sur les
situations vécues par les enfants à travers le
monde15.
En remontant dans les temps anciens, l'histoire nous
révèle qu'il existait aussi quelques dispositions relatives
à l'éducation de l'enfant et à l'intervention de l'Etat,
mais l'enfant restait objet des autres produits de son activité. C'est
pourquoi, à Rome comme en Grèce, l'avortement et l'infanticide
étaient utilisés à des fins de régulation des
naissances ou en cas d'eugénisme.
Ainsi, le constatons-nous, l'idée d'assurer à
l'enfant une protection particulière est ancienne quand bien même
nous arrêtant notre réflexion au siècle présent.
Force nous est d'admettre que la CDE découle directement de
l'année internationale de l'enfant de 1979. Mais, pour en trouver
l'origine, il faut remonter jusqu'à la Déclaration de
Genève de 1924, qui est le premier instrument international stipulant
que : « L'humanité se doit de donner à l'enfant le meilleur
d'elle-même »16.
Cette déclaration avait été
préparée par l'union internationale « SAVE THE CHILDREN
», une organisation non gouvernementale créée par EGLONTINE
JEBB pour répondre au besoin des enfants lors du contrecoup de la
première guerre mondiale17, et avait été
adoptée par la SDN en 1924 dans l'intention d'aboutir à la mise
en oeuvre des règles plus contraignantes. Ce souhait sombra
malheureusement en mrme temps que la SDN lorsqu'éclata la seconde guerre
mondiale18.
A la fin de cette guerre, les droits de l'enfant firent leurs
chemins depuis 1946 (date de la création de l'UNICEF). La plupart
15 PAULINE COTE et JOHN KABARE, Op.Cit, p. 38.
16 GUY RAYMOND, Droit de l'en fant et d'adolescence, le droit
français est-il conforme à la convention internationale des
droits de l'enfant ? Paris, Ed. Litt., 1995, p.3
17 CYNTHIA PRICE, « Convention des Nations Unies
sur les droits de l'homme note introductive », In la revue CIJ n° 44,
juin 1990, p. 91.
18 Lire l'article 1er de la CDE, 1989.
des conventions relatives aux droits de l'homme n'existaient pas
encore et ces droits étaient à peine reconnus.
Deux ans plus tard, en 1948, la déclaration universelle
des droits de l'homme, adoptée à l'unanimité, fut
l'esquisse du grand tableau qui constitue aujourd'hui ces droits, dont
notamment les traités consacrés entièrement aux femmes et
aux enfants 19.
Ainsi, face à l'aggravation de la situation des enfants
dans le monde, il s'est avéré nécessaire de leur assurer
une protection des soins spéciaux. Ce fut l'origine de la
déclaration des droits de l'enfant proclamée dans la
résolution 1986 de l'AG/NU du 20 novembre 195920, acte
consacrant 10 grands principes inspirés de la déclaration de
1924.
Finalement, en raison de son manque de maturité
physique et intellectuelle, l'enfant a-t-il besoin d'une protection
spéciale et des soins spéciaux, notamment une protection
juridique appropriée tant avant qu'après sa naissance. Il est
ainsi nécessaire que les principes sociaux et juridiques
envisagés, surtout sous l'angle de pratiques en matière
d'adoption et de placement familial, protège l'enfant.
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