(1-1) : L'arrivée des investisseurs
institutionnels
Les investisseurs institutionnels sont les acteurs qui
détiennent aujourd'hui la fraction la plus élevée des
titres cotés sur le marché financier international. En 1998,
selon les statistiques de l'OCDE (organisation of co-operation and
development economic ), les actifs financiers détenus par les
investisseurs institutionnels sont près de 30 000 milliards de
dollar, ce qui dépasse le PIB global des pays industriels (l'Europe de
quinze, le Japon et les Etats-Unis ) (Jeffers et Plihon, 2001).
Initiée en 1979 avec la décision du G5 de
confier aux mécanismes du marché la régulation de
l'économie mondiale, l'extension des marchés financiers est
progressivement accélérée durant les années 1980
(Baudru et al, 2001). Quels que soient les auteurs, tous considèrent que
le nouveau mode de régulation est fondé sur un principe
d'allocation patrimoniale, dont le pivot est le rôle joué par les
investisseurs institutionnels (Baudru et Lavigne, 2000)
Aujourd'hui, la montée de l'incertitude quant à
l'avenir, à propos notamment du financement des retraites, a conduit les
salariés à accroître leurs épargnes
financières de précaution. C'est-à-dire, la recherche
d'une rentabilité maximale associée à niveau de risque en
fonction de l'esprit d'aventure de chaque personne.
Les renseignements de la théorie financière
issue des travaux sur la gestion de portefeuille soulignent la
nécessité de diversifier ses avoirs pour optimiser le couple
rentabilité- risque. Ainsi, à chaque niveau de risque doit
correspondre un portefeuille optimal en termes de rentabilité. La
constitution de ce portefeuille peut relever de l'investisseur individuel.
Cependant cette gestion nécessite une culture
économique minimale, du temps pour assurer un contrôle
régulier et une surface financière pour permettre la
diversification ; trois conditions que ne maîtrisent pas ou ne
souhaitent pas remplir la majorité des petits investisseurs (Capy,
2002).
Cette situation va conduire à l'émergence
de géants professionnels assurant la gestion collective des placements
d'un grand nombre de petits investisseurs. L'objectif de ces gestionnaires pour
compte de tiers est d'assurer le rendement maximal pour un niveau de risque
prédéfini.
L'ensemble de ces gestionnaires constituent ce qu'on appelle
les investisseurs institutionnels.
(1-2) : une typologie des investisseurs
institutionnels :
Selon les classifications habituelles, les investisseurs
institutionnels regroupent trois types principaux d'institutions : les
banques, les organisations de placement collectif (OPC), les compagnies
d'assurances et les fonds de pension (Capy et Hirigoyen, 2001). Le poids de ces
différentes institutions financières est très variable
selon les pays. Les fonds de pension dominent aux Etats-Unis tandis que les
assurances ont le plus gros portefeuille au Japon et c'est les OPCVM qui
prend la première place en France (Jeffers et Plihon, 2002).
Monks et Minow (1995) comptent parmi les investisseurs
institutionnels les compagnies d'assurance, les banques, les fonds
d'investissement, les fonds de pension et les fondations.
Brickley et al (1988) examinent le lien éventuel entre
l'actionnariat institutionnel et le vote de diverses dispositions limitant ou
contrariant les offres publiques. Les résultats permettent aux auteurs
de définir deux catégories d'investisseurs institutionnels :
les banques et les compagnies d'assurances d'une part, et d'autre part, les
mutuel funds, fondations et fonds de pension. Ceux appartenant
à la deuxième catégorie s'opposent plus fréquemment
aux dirigeants en place.
Kochar et David (1996) identifient deux groupes
différents des investisseurs institutionnels. D'une part, les zinzins
sensibles à la pression (Banquiers et assureurs), et cela à cause
de leurs relations commerciales avec les firmes dont ils sont actionnaires, et
d'autre part, les zinzins résistants à la pression.
Gorton et Kahn (1999) regroupent sous le terme d'investisseurs
institutionnels les intermédiaires financières, fonds de pension,
l'Etat et les familles.
Selon Beldona et al (1998), les investisseurs institutionnels
sont hétérogènes ayant des comportements, des contraintes,
des desseins et objectifs différents.
Nous allons présenter une typologie des investisseurs
institutionnels fondée sur deux dimensions. D'une part, le cadre
juridique et d'autre part, les interactions entre les institutions
financière et les entreprises.
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