2.2.1. Un fondement
idéologique variable
Encore une fois, l'observation des différents
régimes politiques nous révèle l'existence d'une multitude
de fondements idéologiques de la démocratie. Sans
prétendre à l'exhaustivité, on pourrait regrouper ces
fondements idéologiques selon leurs vérités dogmatiques.
En schématisant, on constate que ces vérités sont au
nombre de trois : Une vérité économique (pour les
démocraties socialistes), une vérité politique (pour les
démocraties politiques ou pluralistes) et une vérité
divine (pour les «démocraties» théocratiques).
2.2.1.1. Les démocraties
socialistes
Elles sont (ont été) fondées sur une
vérité économique. La Démocratie Socialiste,
qualifiée aussi de marxiste (car découlant du paradigme marxiste
de la lutte des classes), s'appuie sur le présent constat
économique : l'exploitation anormale des travailleurs par une classe
bourgeoise. Ce constat sera à l'origine de l'élaboration des
moyens permettant la suppression de cette exploitation «amorale»
d'une classe par une autre. Puisque le peuple est composé
majoritairement de travailleurs dont les intérêts sont identiques,
alors seul doit exister le parti ayant en charge la gestion de ses
intérêts. Ceci doit, dans un premier temps, passer par la
dictature du prolétariat pour briser la résistance de la classe
bourgeoise et, dans un second temps, après la suppression de cette
même classe, produire une société socialiste
homogène, sans antagonisme aucun.
2.2.1.2. Les démocraties
politiques
À l'opposé de la démocratie marxiste qui
part d'une «vérité économique» autour de
laquelle va s'ériger un système politique, la démocratie
politique, héritière par excellence de l'esprit libéral
post-révolutionnaire, part d'une «vérité
politique» qui relègue le choix de l'option économique
à un rang secondaire. En effet, la «vérité
politique» dont il s'agit, consiste à dire qu'il n'existe point
d'option politique ou économique prédéterminée.
Toutes les options sont possibles et c'est au suffrage universel d'en
décider. C'est ce dernier, en effet qui tranchera entre les diverses
options proposées par les partis politiques. Les élections
étant constamment renouvelées conformément à un
échéancier, le choix n'est jamais définitif. La victoire
d'un parti peut se transformer en une défaite lors du retour aux
urnes.
2.2.1.3. Les
démocraties théocratiques
Ce sont d'abord, précision importante, des
théocraties, car elles s'appuient sur une vérité
théocratique, laquelle sert également de fondement à
l'institution étatique. Cette vérité est supposée
être partagée par le peuple et à laquelle est asservi le
système politique. Le mandat principal, supposé confié par
le peuple aux «gouvernants-guides», est de suivre cette
vérité divine sans en dévier. Ensuite, elles sont
démocratiques parce que, d'une part, elles le prétendent à
travers leurs Constitutions et, d'autre part, elles reconnaissent le principe
électif. De ces trois conceptions de la démocratie
découleront des modes de gouvernements qui n'auront plus rien de commun
sauf le nom.
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