2. Une complexité
à double impact : Objectif et Subjectif
Si la démocratie est aujourd'hui un concept difficile
à analyser, c'est probablement parce que, ayant une dimension
théorique universelle, celle-ci est comme frappée de
déliquescence dès lors que l'on cherche à la retrouver
à travers les modes de gouvernement.
2.1. L'aspect objectif :
Dimension universelle
Elle tient de l'universalité du but, d'une part, et de
la reconnaissance universelle du moyen électif, d'autre part.
2.1.1. L'universalité du
but
L'observation des différents régimes politiques
révèle que la nature desdits régimes s'insère dans
un éventail très large : du régime libéral au
régime socialiste ; du régime oligarchique totalitaire au
régime oligarchique de modernisation ; du régime oligarchique
traditionnel à l'oligarchie traditionaliste. Toutefois, il est
très intéressant de remarquer qu'aucun de ces régimes ne
semble remettre en cause le principe du gouvernement du peuple, par le peuple
et pour le peuple. Tous les pouvoirs en place et a fortiori aujourd'hui, se
réclament issus de la volonté du peuple. Même parmi les
oligarchies traditionnelles (Maroc) et traditionalistes (monarchies du Golfe,
Iran) qui sont de véritables théocraties, le principe du
gouvernement du peuple, n'est pas -en droit- remis en cause. Cette
universalité du but aura forcement pour corollaire l'universalité
du moyen électoral.
2.1.2. L'universalité du
moyen électoral
Si, comme nous venons de le faire observer, le principe du
gouvernement du peuple n'est pas réfuté, sa concrétisation
passera donc par des élections. Et les observations de la politique
comparée permettent, aujourd'hui, de constater que le moyen
électif ne fait plus défaut dans quasiment tous les pays du
monde. Sous la pression internationale, les derniers bastions qui
résistaient hier encore au moyen électif, cas du Koweit, se sont
depuis peu convertis à cet usage.
Si la démocratie pouvait être définie par
ces deux éléments, son but (gouvernement du peuple) et son
corollaire (le mode électif), on y verrait volontiers une valeur
universelle. Mais cela n'est pas le cas, car dès que l'on passe au volet
de la pratique, l'universel fond au profit du particulier.
2.2. L'aspect subjectif ou la
déliquescence de l'universel
C'est en définitive le fondement idéologique de
la Démocratie et ses conséquences qui privent ce concept d'un
sens et d'une portée universelle. Car comme nous le verrons, en fonction
de ce fondement idéologique variable, même l'instrument
électif n'aura plus la même signification.
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