IV - LES VARIATIONS EXPÉRIMENTALES
Elles ont été de 3 ordres :
Séquence des climats sociaux.
Une partie des hypothèses est centrée sur l'effet d'un type
particulier d'histoire de groupe et sur des réactions à une
structure de leadership donnée. Il y a changement de style de leadership
par période de 7 semaines, en tout 3 fois.
Rôle du leader et personnalité du
leader. Ils se sont demandé dans quelle mesure certaines
caractéristiques de la personnalité des leaders seraient
déterminantes pour la structure des comportements individuels et de
groupes. Ils ont choisi 4 leaders de "personnalité" différente
ayant reçu des instructions.
Chacun d'entre eux interpréta dans différents
groupes deux ou trois types différents de rôles de leader. Cela
permit de découvrir si certains leaders provoquaient certains types de
réactions pouvant être attribuées à leur
"personnalité" plutôt qu'à leur rôle de "leader".
Les trois rôles de leader. Le
tableau suivant résume les caractéristiques des différents
rôles de leader :
COMPORTEMENT
DU LEADER
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AUTOCRATIQUE
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DÉMOCRATIQUE
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LAISSER-FAIRE
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PRISE DE DÉCISION
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Par le leader seul
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En commun avec le leader (discussion).
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Indéterminée : faible participation du leader
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CHOIX DES ACTIVITÉS
ET DES TECHNIQUES
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Par le leader. Elles sont communiquées de façon
autoritaire, au fur et à mesure de façon que les étapes
futures demeurent inconnues.
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Objectifs généraux tracés par le leader en
indiquant les alternatives possibles et en les replaçant dans le cadre
des buts du groupe.
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Aucune aide du leader qui fournit à la demande du
matériel et des informations
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RÉPARTITION DE LA TÂCHE
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Par le leader
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Division laissée au soin du groupe
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Aucune intervention du leader
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COMPOSITION DES
SOUS-GROUPES DE TRAVAIL
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Par le leader
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Libre choix de chacun
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Aucune intervention
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APPRÉCIATION
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S'abstient de faire part de ses critères.
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De type objectif, il donne ses critères pour
l'appréciation individuelle et celle du groupe
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Aucune : pas de commentaire ni évaluation
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PARTICIPATION AUX ACTIVITÉS
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Aucune participation, ne fait que des démonstrations du
travail à réaliser.
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Il y prend part sans trop participer aux activités afin de
ne pas influencer la comparaison de la productivité des groupes
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Aucune participation
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V - RÉSULTATS
a - Les trois structures de comportement du
leader
La variété des observations faites sur le
comportement de chaque leader a permis de comparer dans quelle mesure ils
étaient différents et dans quelle mesure les structures de
comportement chez les adultes exécutant le même rôle
étaient comparables. Le graphique suivant présente les
principales différences entre les structures de comportement et les 3
rôles de leader.
On peut considérer que les 3 premières
catégories de comportement (ordres, ordres interrompant
l'activité en cours, critiques non constructives) ont pour effet de
limiter l'étendue des activités de l'enfant et sa
spontanéité. Environ 60 % des comportements des leaders
autoritaires appartenaient à ce groupe, alors qu'il n'y avait que 5 %
des comportements des leaders démocratiques et laisser-faire.
Les trois catégories suivantes (aide et suggestion,
communication d'information, stimulation de l'initiative personnelle)
favorisent l'épanouissement de la liberté et des aptitudes tant
individuelles que du groupe. On remarque des différences entre les
leaders démocratique et laisser-faire. Lorsqu'il sentait la
nécessité d'apporter des suggestions, le leader
démocratique prenait plus fréquemment l'initiative que le leader
laissez-faire qui se contentait de donner l'information demandée.
La catégorie "compliments et approbations" montre
l'aspect du leader en tant que "dispenseur" de considération sociale. Le
leader autoritaire se montrait de façon significative plus actif et
adoptant plus souvent ce comportement que les 2 autres.
La catégorie "enjoué et assuré" indique
la mesure dans laquelle le leader débattait des affaires personnelles
extérieures à la situation de groupe et plaisantait avec les
membres du groupe. Il y avait entre le leader démocratique et le groupe
8 fois plus souvent d'interactions sociales de ce type qu'avec le leader
autoritaire.
La catégorie réaliste indique la mesure dans
laquelle les différents climats sociaux, du point de vue du leader,
étaient centrés sur des aspects objectifs et factuels
plutôt que sur les aspects personnels et affectifs.
Le fait qu'il n'y ait aucun chevauchement des comportements
des différents leaders indique qu'en interprétant un rôle
donné, les leaders adultes se comportèrent de façon
comparable en ce qui concerne les principaux aspects de ce rôle.
Ils en concluent que 3 types de leadership furent
créés, avec une marge de différences individuelles en ce
qui concerne les comportements de leadership, plus étroite au sein de
chaque type qu'entre les types eux-mêmes.
b - Les quatre styles de vie de groupe.
Le graphique indique les principales différences dans
les relations qui se sont formée entre les membres des groupes et les
leaders.
dans les groupes autocratiques on constate
:
Il apparaît qu'il y a 2 types de réactions
vis-à-vis du même type de leadership autoritaire. En effet 3
groupes abandonnent les responsabilités au leader, en faisant preuve
d'une tension de frustration relativement faible et d'une absence presque
totale d'initiative concernant l'activité du groupe, alors que le
quatrième groupe se caractérisait par une frustration
considérable et d'une certaine dose d'agressivité en direction du
leader autoritaire.
Un maximum de compétition et d'agressivité
entre les membres, un fort degré de frustration. Une irritabilité
et de l'agressivité à l'égard des autres membres du groupe
ainsi que des relations imprégnées d'une forte tension
interpersonnelle contre des boucs émissaires
Un minimum de conscience apportée dans
l'accomplissement de la tâche (la performance diminue en l'absence du
chef),
Un maximum de difficulté à suppléer le
chef en cas de départ de celui-ci et faible degré
d'indépendance. Dans les 2 types de climat autoritaire, les membres
montrent une dépendance plus marquée vis-à-vis du leader
que dans les situations démocratiques et laisser-faire. Cette
dépendance est plus prononcée dans les groupes les plus passifs.
Dans les deux types de situation autoritaire, les membres
réclamèrent plus souvent l'attention du leader. Il semblait
évident que le fait d'obtenir l'attention du leader représentait
un des rares moyens d'obtenir un statut social plus satisfaisant dans les
situations autoritaires, où toutes les "fonctions" centrales de la vie
du groupe étaient entre les mains du leader.
Lorsque le groupe était confronté à une
critique injuste de la part d'une personne extérieure au groupe, les
membres du groupe "apathique" avaient tendance à accepter
individuellement et à intérioriser la critique, alors que le
groupe "agressif" la frustration se trouvait canalisée de façon
typique en une agressivité à l'égare d'un groupe voisin ou
en direction de l'émetteur de la critique.
dans les groupes démocratiques on constate
:
Les membres participent beaucoup aux activités du
groupe, il y avait davantage de demandes réciproques d'attention et
d'approbation entre les membres du groupe.
Les membres des groupes démocratique et laisser-faire
avaient des approches plus personnelles et plus amicales avec le leader et des
échanges plus spontanés pouvant porter sur des aspects de la vie
personnelles hors du groupe. On ne constate pas de phénomènes de
boucs émissaires.
Les membres des groupes démocratiques se sentaient
plus libres que dans les autres situations pour émettre des suggestions
concernant l'organisation du groupe.
Dans le cas où le moniteur quitte la pièce le
groupe montre une capacité à être indépendant et
continuait à travailler. Son absence n'avait pratiquement pas
d'influence vis-à-vis de sa productivité.
Lorsque le groupe était confronté à une
critique injuste ou à l'agression d'un groupe voisin, les membres
avaient tendance à s'unir pour rejeter la source de frustration.
dans les groupes Laisser-faire :
Les membres des groupes laisser-faire émettent moins
de suggestions que les groupes démocratique, ce qui n'est pas due
à un sentiment de limitation de la liberté de le faire, mais
à un manque de relations de travail coopératives entre eux et
avec le leader.
L'irritabilité et d'agressivité à
l'égard des membres du groupe se manifestent plus fréquemment
dans la situation laisser-faire que démocratique.
Dans les situations de laisser-faire, le
mécontentement né d'une absence d'un réel progrès,
provoquait fréquemment l'expression d'idées telles que : "on
devrait faire quelque chose". Contrairement à ce qui se passait dans la
situation démocratique, ces suggestions étaient rarement
concrétisées en raison de l'absence des techniques sociales
nécessaires au groupe pour décider en commun d'un projet et de sa
réalisation.
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