L'implication dans les travaux d'un groupe projet assure-t-elle un engagement individuel dans la diffusion du projet au sein de l'organisation ?( Télécharger le fichier original )par Christophe Fié Université d'Evry Val d'Essonne - D.E.S.S. - Dynamique humaine et développement de l'organisation 1994 |
7 - PRESSION DE LA NORMES DU GROUPENorme est emprunté au latin "norma" = équerre, qui donne régle et "normalis" = fait à l'équerre puis conforme à la règle au XV siècle. Il s'agit pour Mucchielli A. et R.141(*) de "Tout comportement conforme aux attentes d'un groupe sociale donné... Est normal ce qui réalise un état d'équilibre avec le milieu, prend la place qui lui est propre." Les normes de groupe sont associées pour Durkeim142(*) aux processus de régulation permettant la cohésion et le fonctionnement efficace et harmonieux du groupe. Pour Piéron143(*) la norme dans un groupe est "ce qui doit être pris comme modèle ou comme règle." Pour Sherif144(*) les normes sont le produit de l'interaction des membres du groupe. Elles s'établissent lorsque des individus abordent pour la première fois la même situation en tant que membres d'un groupe. Elles exercent une pression, c'est-à-dire une force qui s'exerce sur une personne ou un groupe et influence le comportement individuel ou groupal, soit dans le sens où s'exerce la pression, soit en suscitant des résistances à la pression ou des réactions négatives. La pression implique une tension chez ceux qui en sont les points d'application. Les normes du groupe exercent une pression uniformisante qui se manifeste dans un groupe vers l'uniformisation des comportements, attitudes et opinions. Mucchielli A. et R.145(*) parlent de pression de conformité des normes du groupe : "Tout groupe social engendre des normes et standards de conduite, de l'angage, d'opinion, etc.. Ces modèles exercent sur les membres du groupe une influence qui tend à les rendre semblables les uns aux autres en leur faisant adopter les mêmes idées et comportements. La pression produit un "alignement" automatique et inconscient car elle correspond à un besoin de sécurité (peur du rejet de la part du groupe). La résistance à la pression de conformité fait la déviance ou le conflit. Les normes sont donc des croyances partagées par les membres au sujet des comportements appropriés ou non-appropriés dans des situations spécifiques, c'est normes exercent une pression sur l'individu qui peut réagir en adoptant la norme, résister ou la faire évoluer. 8 - OBJECTIFS POURSUIVIS PAR LE GROUPE DE PROJETObjectif est un terme de scolastique et de philosophie opposé à subjectif, il prend le sens de but à atteindre vers 1860 dans la stratégie militaire. Parler d'objectifs de l'individu, c'est s'attacher aux buts qu'il veut atteindre. Pour Mucchielli A. & R.146(*) "Buts communs aux membres, assurant leur adhésion au groupe et l'orientation de leurs actions communes. La satisfaction des besoins, des intérêts, les valeurs groupales (officiels et manifestes ou non-officiels mais acceptables) sont les objectifs du groupe." On peut à partir de cette définition faire une distinction au niveau des objectifs du groupe de projet entre : les objectifs liés à la mission, c'est-à-dire ceux qui ont conduit à la constitution de ce groupe, les objectifs qui sont poursuivie en commun et de façon active, avec une certaine permanence et répondant aux intérêts des membres du groupe. La distinction précédente insiste sur la possibilité d'une divergence entre les objectifs assignés par l'organisation au groupe de projet et les objectifs réellement poursuivis par ses membres. On peut dire qu'il y a groupe de projet parce qu'il y a des objectifs à atteindre, ce qui ne veut pas dire que les individus au sein du groupe partagent ces objectifs. Pour M. Crozier & E. Friedberg : "Une situation organisationnelle donnée ne contraint jamais totalement un acteur. Celle-ci garde toujours une marge de liberté et de négociation. Grâce à cette marge de liberté (qui signifie source d'incertitude pour ses partenaires comme pour l'organisation dans son ensemble), chaque acteur dispose ainsi de pouvoir sur les autres acteurs, pouvoir qui sera d'autant plus grand que la source d'incertitude qu'il contrôle sera pertinente pour ceux-ci, c'est-à-dire les affectera de façon plus substantielle dans leurs capacités propres de jouer et de poursuivre leurs stratégies".147(*) Nous pouvons en déduire que la négociation qui s'établit au sein du groupe entre l'individu, les autres membres du groupe et le responsable du projet (garant de la réussite de la mission), est à la base de la définition des objectifs poursuivis (officiels et non-officiels). En effet c'est le fonctionnement, les interactions, affinités, le partage des buts, la cohésion, etc. qui vont permettre de définir les objectifs réellement poursuivis par le groupe. Cette remarque est confirmée par les travaux de K. Lewin sur la dynamique des groupes où il met en évidence que le groupe doit être considéré comme une totalité dynamique qui influence le comportement des individus qui en sont membres, cette totalité dynamique relevant d'une étude différente de celle de la somme des individus qui la compose.
Pour nous permettre de "poser" des hypothèses apportant une réponse à notre problème à résoudre, il convient d'opérationnaliser les concepts que nous venons de définir, c'est-à-dire d'identifier les variables qui nous permettrons de les appréhender. Ces variables sont de 3 ordres : - les variables indépendantes, - les variables dépendantes, - les variables intervenantes. * 141 Mucchielli A. & R., Lexique des sciences sociales, ed Entreprise Moderne d'edition, 1969. * 142 Durkeim E. in "Dictionnaire de psychologie", P.U.F., 1991. * 143 Piéron H., Vocabulaire de la psychologie, P.U.F. 1991. * 144 Sherif M. "An experimental approach to the study of attitudes" Sociometry, n°1, 1937 in Ghuiglione R. & Bromberg " Cours de psychologie" tome 1, chap 2, Dunod, 1993. * 145 Mucchielli A. & R., Lexique des sciences sociales, ed Entreprise Moderne d'edition, 1969. * 146Mucchielli A. & R., Lexique des sciences sociales, ed Entreprise Moderne d'edition, 1969. * 147 M. Crozier & E. Friedberg "L'acteur et le système", ed Du Seuil, 1977. |
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