II - LA MÉTHODE EXPÉRIMENTALE
Un problème à résoudre à
été donnée à 234 étudiants en
première année de psychologie à l'Université de
Caroline du Nord. Il avaient été répartis par groupe de 6.
En privé, chaque étudiant a dû chercher une solution au
problème (jugement initial), puis il a informé de ce jugement et
de la confiance qu'il en avait (indiscutable, tout à fait certain, assez
certain, passablement certain, pas très certain, pas certain du tout),
chaque membre du groupe par l'intermédiaire d'un bulletin. A chaque
membre des groupes était assigné un box séparé.
Dans chaque box, il était fixé au mur une planche carrée
de 30 cm de côté divisée en 4 cadrants. Dans chaque
cadrants on avait disposé 24 punaises dont la répartition
différait de façon standardisée. Il était possible
d'ordonner les quadrants d'après les critères suivants :
l'homogénéité de la couleur des
punaises disposée sur les quadrants,
l'homogénéité de leur forme,
l'homogénéité de leur couleur et de
leur forme (c'est-à-dire l'utilisation conjointe des deux premiers
critères),
la densité spatiale (proximité) des punaises
sur chaque quadrant.
Une corrélation parfaite existait entre les 3 premiers
critères, pour chacun l'ordre des cadrants était le même.
Cependant, l'ordre de rang établi d'après le quatrième
critère donnait une corrélation nulle avec les 3 autres. Le sujet
avait la consigne d'imaginer que la répartition des punaises dans les
quadrants représentait 4 groupes de gens qui différaient quant au
degré d'amitié qui les unissait les uns aux autres. Lorsque
chaque sujet eut enregistré son jugement initial privé quant
à l'alternative qui lui semblait la plus appropriée, on
introduisait des consignes propres à induire un engagement
élevé vis-à-vis de son jugement initial.
L'expérimentateur annonçait à tous les sujets qu'à
la fin de l'expérience chacun aurait à annoncer oralement et
à défendre devant les autres membres du groupe son jugement
initial privé. Il y a eut ensuite une série de 10 essais avec
bulletins simulés. Les consignes données aux sujets
spécifiaient que, pour chaque essai, après échange des
bulletins, chaque sujet puisse toujours connaître le jugement des autres
sujets et leur confiance dans ce jugement.
On faisait intervenir un subterfuge dans la transmission des
bulletins. Les consignes données au sujet ainsi que la disposition des
planches étaient destinées à encourager le sujet à
ne faire porter son jugement initial que sur les 3 premières
possibilités. Dans l'attente de voir réagir de la sorte la
plupart des sujets, des bulletins avaient été
préparés et furent substitués pour chaque essai à
ceux cochés par les sujets, de sorte que chaque sujet percevait le
jugement des 5 autres de la manière suivante :
les 3 premiers essais, 3 membres du groupe estimaient la
quatrième alternative correcte, les 2 autres étaient
indécis.
du quatrième au sixième essai, l'un des
indécis adoptait la quatrième alternative, un seul sujet restait
indécis,
les quatre derniers essais les 5 autres sujets se
prononçaient à l'unanimité en faveur de la
quatrième alternative.
Si le sujet émettait un jugement initial favorable
à l'une des 3 premières possibilités, il se percevait en
opposition avec le reste de son groupe.
La variable "pression"
Durant l'expérience les sujets perçurent la
même répartition des jugements des autres membres. Cependant pour
créer différents niveaux de pression vers la conformité
à une majorité fictive, les bulletins différaient quant au
niveau de confiance coché par les membres.
La manipulation de la disposition
psychologique
La disposition centrée sur la tâche s'est faite
au moyen d'une consigne selon laquelle le but de l'expérience
était d'étudier comment les gens s'y prenaient pour travailler en
groupe pour résoudre un problème. On soulignait que
c'était une tâche de vote et que chaque sujet devait voter pour la
solution qu'il pensait être la meilleure. On assurait aux sujets que les
planches étaient identiques et qu'ils pouvaient changer d'avis à
tout moment. La disposition centrée sur le groupe comprenait 2 parties
:
Un travail préliminaire permettait de mesurer
l'appréciation que les membres portaient les uns envers les autres.
Cette procédure visait à susciter des motivations d'affiliation
entre les membres du groupe.
Un ensemble de consignes précisant que le groupe
était en compétition avec des groupes similaires et que "c'est
l'efficacité de votre collaboration qui donnera la mesure de la
qualité de votre groupe".
La composition des groupes
La moitié des groupes se composait d'étrangers
et l'autre moitié de "camarades de fraternité" (club), chaque
groupe était recruté dans une fraternité différente
sur le campus.
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