4.2.2 L'auto-integration
Au stade de l'auto-integration, nous notons leurs capacites
d'assimiler les objets
en agissant sur eux et de construire leurs proprietes ainsi
que de faire une description idiosyncratique12 et decontextualisee
des activites. Une troisième caracteristique de ce stade est la
connaissance du but et du resultat des activites.
Encore une fois, tous les scripteurs/lecteurs se retrouvent
aussi à ce stade, mais c'est le scripteur/lecteur E1 qui est situe
à un niveau le moins avance compare aux trois autres. Il se situe
encore assez au niveau de la description chronologique, son autonomie
est encore marquee par l'aspect fonctionnel tel que nous venons de
le
12 Didact. : temperament personnel (Le Petit Robert
[CD-ROM]. VUEF, 2001)
demontrer à la section precedent. Cependant, il
est probable que l'enseignement systematique des notions sur la langue l'ait
dote des connaissances cognitives qui lui ont permis de s'integrer à cet
univers. L'interiorisation de ces connaissances reste encore à
travailler, nous le voyons par le degre de distanciation ainsi que
d'emancipation chez celui-ci. En effet, il a ete capable d'executer des
tâches en l'absence de l'enseignante, mais l'emprise de cette
dernière reste encore assez marquee, par ses evocations telles :
« Comme M. nous r montré, M. r dit...
». Aussi, nous le voyons par l'utilisation des pronoms «
on », puis « nous » au lieu du « je ». L'evolution de
son Moi arrive à peine au stade de son elargissement dans l'univers de
l'ecriture et de la lecture, la preuve, dans l'organisation des idees, il fait
le choix d'en garder ou non. Les resultats dejà observes à
la section traitant de l'enonciation nous confirment qu'il a
beaucoup de connaissances cognitives concernant les tâches à
accomplir en ecriture et en lecture. Par exemple, en l'ecoutant davantage,
nous nous apercevons qu'il fait allusion à un remue-meninge
systematique : « puis rprès çr...
ben ld tu jettes ce qui n=est prs bon, tu les plrces ... puis
çr forme
des petites phrrses ld... puis rprès, tu
l=rgrrndis en prrrgrrphes... ». Nous avons bien vu qu'il y
a
eu chez cet elève le passage d'un savoir faire à
un savoir agir encore peu stabilise, car malgre l'emprise encore très
nette de l'enseignante dans ce qu'elle fait, il y a un debut de jugement
personnel dans ce travail, un debut de decentration. Plus l'entrevue s'avance,
plus ses descriptions en « tu » deviennent interiorises, le « tu
» devient le « on » qui veut dire « nous », signe
d'une meilleure implication du Moi dans la tâche. Ce n'est plus «
M. nous r montré ou qu'elle nous r dit », etc.,
mais le « on » devient sujet direct des verbes d'action :
apprendre, faire, ecrire... Cependant, pour la correction, il « se
frisrit » souvent corriger, cette tâche ne vient pas encore de
lui-même.
Le scripteur/lecteur E2 du même niveau academique, soit la
première secondaire,
se trouve à un niveau plus eleve en
metacognition, donc un engagement plus convaincant du Moi, un
pas de plus vers l'autonomisation. Contrairement au scripteur/lecteur
E1, le scripteur/lecteur E2 n'a pas nomme l'enseignante dans son
experience, il semble se considerer capable de se debrouiller sans
cette dernière. Comme les deux scripteurs/lecteurs E3 et E4 de
la deuxième secondaire, celui-ci se trouve dejà fortement
engage à la phase suivante.
|