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Planification et controle de projet, une aide méthodologique et métacognitive dans le processus d'autonomisation de certains lecteurs/scripteurs

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par Hiên-Minh Lê (Thi)
Université du Québec en Outaouais - Maîtrise en gestion de projet 2005
  

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1.3 SITUATION PARTICULIÈRE DE LA CLASSE DE FRANÇAIS LANGUE MATERNELLE

Dans notre classe, outre les scripteurs/lecteurs de la 2e secondaire, nous avons reçu des jeunes scripteurs/lecteurs de la 1re secondaire qui arrivaient du primaire. Nous avons constaté

que la plupart des jeunes avaient déjà de mauvaises habitudes très difficiles à changer en écriture et en lecture. En fait, en tant que scripteurs/lecteurs, les jeunes avaient l'habitude de

se jeter à la tâche sans recul, sans anticipation, sans effort de planification. Ils géraient leur tâche au hasard et abandonnaient très vite devant l'échec ou les exigences du travail. De plus,

ils étaient très dépendants de l'aide extérieure (Grangeat, 1997). Selon ces observations, plusieurs concevaient les buts de l'école en terme d'évaluation et non d'apprentissage : peu importe ce qui a été fait, seule LA note portée au bulletin comptait. D'ailleurs, la question la plus fréquente devant les tâches proposées était : « Est-ce que ça compte? ». À leurs yeux, une tâche qui « comptait » était celle qui générait une note au bulletin; cela veut dire le résultat d'environ un ou deux travaux par étape. Le reste du temps, ils ne voyaient pas la nécessité de travailler, de faire des efforts. Toujours selon nous, qui étions l'enseignante-chercheure, ce type de comportement renforçait leur conception de l'intelligence : il n'y avait donc pas de construction ni du savoir, ni du savoir-faire (tel que l'exige l'école et le marché du travail), ni

du savoir-être. Pour eux, il n'y avait rien à faire, « le français est difficile, « plate » et même inutile », de plus, être bons ou « poches » en français, pour ces jeunes, était un fait qui persistait depuis longtemps et ne pouvait être changé.

Devant de telles situations, une « déprogrammation » ou « déconditionnement » selon Barbot & Camatarri (1999) est nécessaire. La prise de conscience est à ce stade cruciale, car c'est l'élément déclencheur de tout changement chez l'apprenant, « plus une règle de production est générale, plus elle suppose une prise de conscience du sujet pour permettre son adaptation aux conditions nouvelles de l'environnement » (Depover & Noël, 1999, p. 26). Selon Grangeat (1997), la prise de conscience est « un processus qui intervient après coup,

pour opérer une reformulation conceptualisante des procédures mises en oeuvre pour atteindre un but (p. 26) ». Afin d'amener les jeunes à prendre conscience de leur propre état d'apprentissage en agissant sur leur perception quant à la valeur, les exigences et la contrôlabilité des tâches proposées (facteurs de la motivation scolaire selon Tardif (1992/1997), nous avons dû mettre en branle tout un système coordonné de méthodes et d'outils pédagogiques (que nous développons dans notre chapitre de méthodologie) dans un cadre méthodologique permettant un espace-problème qui respecte la zone proximale de développement1 (Vygotsky, 1985, cité dans Grangeat, 1997) des scripteurs/lecteurs, et ce, inscrit dans une logique de régulation. Le recours à la métacognition facilite cette action de soi

sur soi : amener le scripteur/lecteur à réfléchir et à savoir comment mener ses activités dans la construction du Savoir. Un cheminement dont la priorité est exactement à l'inverse de l'ancienne logique (de contrôle externe) que résume Vaideanu ([1987] cité dans Brunswic,

1994, p. 59) comme suit :

Triade classique Triade nouvelle

1.

Connaissances

1.

Attitudes et compétences

2.

Savoir-faire

2.

Savoir-faire

3.

Attitudes et compétences

3.

Connaissances

En effet, ce renversement des priorités n'est possible qu'avec une prise de conscience

des scripteurs/lecteurs quant à leur propre processus d'apprentissage, car ils ont été formés

(conditionnés,programmés) selon l'esprit de la triade classique d'où l'affirmation de Barbot &

1 Cette zone représente ce que l'apprenant n'est capable de faire qu'en étant guidé par une personne plus compétente tout en ayant les connaissances et les habiletés de base sur lesquelles il doit s'appuyer.

Camatarri (1999, p.51) : « L'assimilation qui se produit dans l'apprentissage est un processus

de construction et non de reproduction». La nouvelle triade illustre le point de départ du cheminement de l'apprentissage : le scripteur/lecteur lui-même. L'acte pédagogique connu selon l'ancienne logique de contrôle (conformité des connaissances acquises aux objectifs préétablis) doit céder sa place à la séquence évaluation diagnostique différenciation pédagogique médiation différée (Depover & Noël, 1999). C'est ainsi que le MEQ (2003/2004) dans le cadre d'une réforme majeure de son système éducatif, suscite « une réussite à la mesure de chacun », une formation centrée sur le développement des compétences, et surtout, un système d'évaluation au service de l'apprentissage et non évaluer pour évaluer comme auparavant. En d'autres mots, une telle souplesse nécessite un enseignement différencié qui a besoin d'une méthodologie à la fois universelle et adaptable.

Or, ce sont là deux caractéristiques déjà mentionnées de la gestion de projet dont les pratiques

et techniques serviront de cadre méthodologique et métacognitif à l'apprentissage des scripteurs/lecteurs.

En classe de français, peu importe l'efficacité éprouvée des différentes méthodes de lecture, celles-ci ne peuvent rien opérer chez le scripteur/lecteur si ce dernier n'a pas le goût

de la lecture (Giasson, 1990). Agir d'abord sur les facteurs de sa motivation intrinsèque (tels

les buts de l'école, l'intelligence et les systèmes de perception selon Tardif, 1992/1997), sur son attitude afin de l'engager dans la tâche, revient à la mise en place d'une situation d'apprentissage significative. Avec toutes les nouvelles méthodes et démarches proposées pour le milieu telles l'enseignement stratégique, l'enseignement par projets, l'apprentissage coopératif, etc., la mise en place d'outils méthodologiques en vue de leur mise en oeuvre serait

possible grâce à l'application de la gestion de projet en salle de classe. Cette nouvelle façon de faire en gestion permettrait la coordination et l'orchestration de toutes ces nouveautés, donc

de maximiser les moyens afin de rendre les tâches d'apprentissage plus accessibles et intelligibles aux yeux des scripteurs/lecteurs du premier cycle au secondaire.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe