2.4 L'APPORT DE LA MÉTACOGNITION
Les nouvelles découvertes de la psychologie cognitive ne
peuvent être utiles au domaine
de l'éducation que par la voie d'un processus
d'introspection conduisant à l'autogestion des activités de
cognition, autrement dit, la méta-cognition. Un des objectifs de notre
recherche
est de vérifier cette déclaration de
Grangeat (1997) en analysant le discours des scripteurs/lecteurs
du premier cycle du secondaire dans le développement de
leur autonomisation.
2.4.1 La métacognition et le développement de
l'intelligence
Selon Martin & Doudin (dans Lafortune, Mongeau &
Pallascio, 1998), le concept
de métacognition a deux sens différents,
mais complémentaires. Tout d'abord, pour Flavell (1976), il
désigne « la connaissance qu'un sujet a de son propre
fonctionnement cognitif et de celui d'autrui », la manière dont il
peut en prendre conscience et en rendre compte. Par la suite, ce terme en est
venu à désigner également « les mécanismes de
régulation ou de contrôle du fonctionnement cognitif
(Brown, 1987) ». Ces
mécanismes font référence aux
activités permettant de guider et de réguler
l'apprentissage et le fonctionnement cognitif en situation de résolution
de problèmes.
Toujours selon ces auteurs, on distingue divers
mécanismes ou « fonctions métacognitives » (termes
utilisés par les auteurs) comme :
- « la planification (imaginer comment
procéder pour résoudre un problème, élaborer des
stratégies)
- la prévision (estimer le résultat d'une
activité cognitive spécifique)
- le guidage (hiérarchiser l'information,
tester, réviser, remanier les stratégies en cours
d'activité, etc.)
- le contrôle des résultats obtenus
(évaluer le résultat de l'activité en fonction du but
visé)le transfert, le
maintien, la généralisation d'une
stratégie de résolution
à des problèmes ou contextes notionnels
identiques ou différents, plus complexes ou moins complexes (p.28)
».
MÉTACOGNITION
CONNAISSANCES
(Flawell, 1976)
Sur le fonctionnement
de soi
d'autrui
Fonctionnement en processus continu
MÉCANISMES DE RÉGULATION
(Brown, 1987)
Contrôle du fonctionnement cognitif
- Planification
- Prévision
- Guidage
- Contrôle des résultats obtenus
- Transfert, maintien, généralisation des
stratégies
ACTIVITÉS Pour
GUIDER
et
RÉGULER
Dans
UNE SITUATION DE PROBLÈME
Figure 7. La métacognition
(Lafortune, Mongeau & Pallascio (1998, p. 28).
En examinant la figure ci-dessus, l'on peut
remarquer que les fonctions métacognitives telles que la
planification, la prévision, le guidage, et le contrôle sont les
mêmes opérations mises en oeuvre en planification et
contrôle de projet. Ce processus rejoint également la
construction de la motivation en ce qui concerne le système de
perception (au sujet de la valeur, des exigences et de la
contrôlabilité de la tâche selon Tardif [1992/1997]). La
métacognition opère aussi sur l'intelligence qui se
construit notamment dans l'enrichissement, d'une part, de la
connaissance qu'a le sujet de son propre fonctionnement et de celui
d'autrui et, d'autre part, des processus ou activités
métacognitives permettant les acquisitions notionnelles. Plus
spécifiquement, le développement de la fonction de
contrôle ou d'autoévaluation de ses performances et
de ses stratégies est essentiel. Par stratégie,
il faut entendre une règle ou un ensemble de règles
nécessaires pour résoudre un problème et
suffisamment générales pour être applicables à
une variété de situations (Chi, Lesgold & Glaser , 1985).
En outre, les métacognitivistes accordent un rôle
prépondérant aux mécanismes
de régulation dans le développement de
cette capacité d'autoévaluation chez un individu, ce qui
rejoint les propos du MEQ (2003/2004). Le concept de l'autonomie
émerge avec la mise en valeur de cette capacité
d'autoévaluer, car pour ceux-ci : « Le développement de
l'intelligence est alors conçu comme le passage progressif de
mécanismes hétérorégulateurs (dont l'activation
dépendrait du rôle joué par un tiers, tel l'enseignant)
à des mécanismes autorégulateurs (dont
l'activation dépendrait du scripteur/lecteur lui-même) ».
Cassidy & Brown (1985) ainsi que Camprione, Brown, Ferrara &
Steinberg (1985), cités dans Lafortune, Mongeau & Pallascio (1998,
p. 28),
entre autres, constatent que la capacité à
autocorriger ses erreurs se développe avec l'âge.
Ainsi, l'enfant deviendrait autonome en prenant
progressivement en charge son propre fonctionnement en suivant un processus
graduel d'intériorisation des fonctions métacognitives
(planification, prévision, guidage, contrôle, transfert,
maintien et généralisation) nécessaires aux
apprentissages entre autres scolaires.
C'est le développement de l'autonomie affective
dont parlent Morin & Brief (1995) comme étant le
résultat d'un processus dénommé « autonomisation
». Ces fonctions métacognitives naissent et se développent
dans les interactions sociales, dans
le cadre de la vie quotidienne d'un scripteur/lecteur
du premier cycle du secondaire, entre parents et enfants tout comme entre
enseignants et scripteurs/lecteurs. Selon cette optique, dans le cadre
scolaire, les techniques et pratiques en gestion de projet utilisées
dans notre recherche auraient justement pour but de « travailler
sur le transfert des processus de contrôle et d'évaluation,
de planification, de prévision, de l'enseignant- expert à
le scripteur/lecteur », tel qu'ont remarqué Albanese, Doudin &
Martin (1999).
Outre ces différentes fonctions
métacognitives, le scripteur/lecteur construit également un
répertoire de stratégies de résolution de
problèmes. Ainsi, selon Schneider (1986), il existe un consensus
dans le courant métacognitif pour considérer que les
stratégies de mémorisation, par exemple, évoluent avec
l'âge; il y aurait enrichissement
du répertoire des stratégies du sujet au
cours de son développement, permettant une plus grande
flexibilité dans l'utilisation des stratégies en fonction
des problèmes à résoudre. Ainsi, non seulement le
sujet repère plus facilement ses erreurs, mais ses
stratégies de correction deviennent plus efficaces
du fait qu'elles tiennent davantage compte des multiples composantes
et relations entre les éléments du problème
(Wilkinson, 1982).
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