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Planification et controle de projet, une aide méthodologique et métacognitive dans le processus d'autonomisation de certains lecteurs/scripteurs

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par Hiên-Minh Lê (Thi)
Université du Québec en Outaouais - Maîtrise en gestion de projet 2005
  

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2.1.6 Gestion de projet et psychologie cognitive

Sous l'angle de la psychologie cognitive, l'apprentissage comme l'enseignement

sont deux activités de traitement d'informations (Tardif, 1992/1997) dans lesquelles l'apprenant traite des informations affectives, cognitives et métacognitives tandis que

l'enseignant, lui, traite des informations liées au contenu disciplinaire, à la gestion de classe ainsi qu'aux composantes affectives et cognitives concernant l'apprenant.

Ce sont là des processus actifs et constructifs équivalents au travail d'un gestionnaire au sein de son organisation, tel qu'a confirmé Mintzberg (1989) : « le processus d'information est une des clefs de la profession de manager (p. 36) ». Ce n'est donc pas un pur hasard que le terme « gestion » fasse maintenant partie du jargon pédagogique. Les connaissances sont ainsi construites puisque l'apprentissage est fondamentalement un processus d'acquisition et d'organisation d'un répertoire de connaissances et de stratégies cognitives et métacognitives. La planification et le contrôle des processus, par la mise en oeuvre de diverses stratégies, représentent alors

les principaux enjeux de la réussite, tant pour le gestionnaire d'entreprise que pour l'enseignant et le scripteur/lecteur.

Nous croyons que l'utilisation des pratiques et techniques de planification et de contrôle de projet en classe de français langue maternelle pourrait offrir aux scripteurs/lecteurs un encadrement méthodologique et des outils métacognitifs qui, dans un premier temps, permettraient l'autonomisation de certaines opérations d'apprentissage en écriture et en lecture pour, ensuite, soutenir l'intériorisation des objectifs d'apprentissage en terme de maîtrise de l'écriture et de la lecture.

Il est ici question d'une démarche métacognitive faisant appel au raisonnement métacognitif, grâce à l'utilisation d'un certain type de médiation instrumentée dont les

outils sont empruntés à la gestion de projet (tel le diagramme de l'effort inspiré du

Diagramme de Gantt présenté plus loin au chapitre 3 portant sur la méthodologie).

Dans le contexte de changement paradigmatique déjà mentionné plus haut, nous nous intéressons également à l'adaptabilité des pratiques et techniques en gestion de projet dans l'interdisciplinarité des situations d'apprentissage.

2.1.7 Gestion de projet et situation d'apprentissage

Les habiletés acquises grâce aux pratiques et techniques en gestion de projet

permettraient une autre différenciation pédagogique, cette fois-ci au plan du contenu. Meirieu (1985/1990) affirme que : « l'intégration interdisciplinaire n'est pas une nouvelle pédagogie mais une façon de concevoir les programmes et/ou d'organiser les apprentissages ». Cette intégration interdisciplinaire n'est nulle autre que l'interdisciplinarité définie par Legendre (1993) comme « une approche de l'enseignement autour d'un thème ou d'un projet servant à l'étude de quelques ou plusieurs disciplines intégrées ». À ses yeux, c'est aussi « une approche qui favorise la concertation et les intersections entre les objectifs de différents programmes d'étude ».

Le problème, en effet, n'est pas d'abandonner les disciplines, dont l'utilité n'est pas remise en cause, mais de les décloisonner, de les intégrer et de diversifier les manières

de présenter, bref, de structurer les contenus des enseignements selon un nouveau

mode d'organisation dans l'acquisition des compétences d'ordre intra et interdisciplinaire.

Il s'agit ainsi, selon nous, de compétences disciplinaires et transversales

(exprimées dans le nouveau programme de formation de l'école québécoise, MEQ,

2003/2004) que nous cherchons à vérifier dans le discours des scripteurs/lecteurs en écriture et en lecture grâce à l'application des pratiques et techniques en planification et contrôle de projet. Ces compétences sont, à nos yeux, des indices du développement de leur autonomisation.

L'interdisciplinarité est alors exprimée dans le nouveau programme de formation

de l'école québécoise en termes de « domaines généraux de formation, de compétences transversales et de compétences disciplinaires ». Selon le MEQ (2003/2004, p. 12), ces trois composantes majeures « permettent, par une multitude de combinaisons, de proposer aux élèves des situations d'apprentissage complexes et signifiantes, où on peut mettre à profit des ressources ».

Cette optique de l'approche systémique est, en effet, en lien direct avec la vision

de gestion de projet qui met l'accent sur un projet utilisateur de ressources (d'ordre humain, matériel et temporel) et négociateur avec son environnement, tout en maintenant un processus de suivi et de contrôle au long de sa réalisation. Le Project Management Institute (PMI) renforce cette définition de l'interdiscplinarité comme un mode d'organisation de ressources en affirmant que la gestion d'un projet est «

l'utilisation d'un savoir, d'habiletés, d'outils et de techniques dans le cadre des activités d'un projet, en vue de satisfaire ou de dépasser les exigences et les attentes qu'ont les intervenants à l'égard d'un projet ». Dans cette optique, l'application des outils de la gestion de projet satisfait à l'exigence d'un apprentissage durable, approfondi, dans une visée autonomisante.

L'intégration de ce mode d'organisation au fonctionnement d'un groupe-classe serait donc possible selon un parallélisme permettant de visionner l'enseignante- chercheure que nous étions comme un directeur ou manager de projet, un leader aux yeux de Briner, Geddes & Hastings (1990), dont les rôles sont comparables, selon nous,

à ceux énoncés par Mintzberg7, mais cela, dans le contexte de la gestion de projet.

Dans ce cadre, nous présumons que « l'enseignant-manager de projet » doit toujours assumer les trois rôles définis par Mintzberg, non dans un contexte de management hiérarchique, mais bien dans le contexte de la gestion de projet.

En fait, nous représentions effectivement une autorité formelle auprès du groupe- classe. Nous assumions aussi des rôles liés à l'information concernant notre matière

7 Selon Mintzberg (1987), les dix rôles du manager comprennent : Les rôles liés à l'autorité formelle :

1) Symbole

2) leader

3) agent de liaison

Les rôles liés à l'information :

4) observateur actif

5) diffuseur

6) porte-parole

Les rôles décisionnels :

7) entrepreneur

8) régulateur

9) répartiteur des ressources

10) négociateur

tout comme des rôles décisionnels. De plus, comme une des clés du succès des scripteurs/lecteurs, à court terme mais surtout à long terme, consiste en l'intégration des matières (MEQ, 2003/2004, Avant-propos), nous remplissions également un rôle intégrateur afin de leur assurer une vue d'ensemble de l'apprentissage malgré la répartition des notions entre différentes matières.

Nous préférons cette comparaison à la classification de Tardif (1992/1997) concernant les rôles de l'enseignant stratégique. À nos yeux, les rôles tels qu'un penseur, un preneur de décision, un motivateur, un modèle, un médiateur, un entraîneur évoqués par Tardif (1992/1997) peuvent être facilement mis en parallèle avec les dix rôles de Mintzberg, mais en moins précis. En fait, selon nous, le leader doit être en même temps capable de prendre des décisions, de motiver et de négocier, mais à l'inverse, un preneur de décision ou un motivateur ou encore un médiateur n'est pas nécessairement un leader. Or, en salle de classe, l'enseignant assume plutôt un rôle de leader auprès de son groupe-classe.

Comme la gestion de projet est en soi une approche en gestion qui a pour but de maximiser la probabilité d'atteinte d'objectifs précis, Ménard (1995) précise qu'elle requiert une structure bien adaptée aux enjeux des activités et de l'environnement qui lui sont propres. Nous pouvons faire la comparaison avec la salle de classe, car la réforme

du MEQ (2003/2004) favorise une façon de faire qui se rapproche énormément de la gestion de projet : l'enseignement par projets, dans lesquels sont intégrées plusieurs

matières (et qui fait, entre autres appel à la pédagogie différenciée), ce qui donne lieu à une équipe de projet multidisciplinarité et multidépartementale en salle de classe.

De plus, comme dans le monde des affaires, ces projets en salle de classe auraient besoin, premièrement, d'un rôle d'intégrateur, celui du gérant de projet, en la personne

de l'enseignant (nous-même en l'occurrence) qui doit aussi faire face aux groupes dans lesquels le niveau académique comme la culture personnelle de chacun sont loin d'être homogènes. Nous-même et notre groupe (qui pourrait avoir sa propre structure de différentes responsabilités assumées par les scripteurs/lecteurs) formaient une structure souple, à côté de la structure hiérarchique de l'école. Cette structure est, toujours selon Ménard (1995) une structure aplatie, organique et mouvante. En salle de classe, nous avions l'autorité sur les scripteurs/lecteurs, mais en même temps, nous nous voyions devoir veiller à ce que les « distances » ne soient trop rigides. Nous remplissions en même temps un rôle de guide auprès de ces jeunes, dans leur apprentissage. Cette structure était organique et mouvante, car au secondaire, chaque groupe de scripteurs/lecteurs connaît plusieurs enseignants dans différentes matières, chaque enseignant ayant son propre style et même, différentes exigences. À nos yeux, la structure devait être assez souple afin de permettre ces adaptations. Finalement, les relations latérales, telles que connues dans le milieu de la gestion de projet, y sont plus présentes que celles verticales (scripteurs/lecteurs - enseignante - direction par exemple)

au secondaire. Plus il y a de relations latérales, plus il y aurait d'interactions d'ordre humain, plus le scripteur/lecteur va se sentir bien entouré, bien encadré, donc bien guidé.

Dans le domaine de la gestion de projet, nous devons également assurer quotidiennement des mécanismes pour gérer efficacement les interfaces internes et externes (enseignant-scripteurs/lecteurs et école-parents par exemple). Les mesures devant être immédiates, la décentralisation des actions était nécessaire. En tant qu'enseignante, nous nous devions être capable de prendre des décisions appropriées et

en assumer les conséquences. Chaque groupe étant différent, les systèmes et procédures devraient être adaptés aux besoins spécifiques de chacun. Du rôle d'une unique dispensatrice de savoir, nous embrassions celui de régulatrice, de répartitrice de ressources et de négociateure (tel un gérant de projet).

En adoptant un tel angle, l'application des principes et techniques en planification

et contrôle de projet permettrait l'orchestration de la mise en oeuvre de différents dispositifs et approches pédagogiques connus jusqu'à ce jour; grâce à cette possibilité

de combiner les points forts et de pallier les points faibles de plusieurs approches et techniques. L'enseignement, vu comme l'interface de l'apprentissage, dans le contexte scolaire, pourrait devenir un encadrement méthodologique qui saurait mettre à profit

les connaissances métacognitives ainsi que les mécanismes de régulation dans le dosage

et le guidage d'un apprentissage à visée autonomisante. Un tel encadrement méthodologique mettant en oeuvre les mécanismes de la métacognition toucherait donc

à la motivation intrinsèque des scripteurs/lecteurs en ce qui concerne la valeur et la contrôlabilité de la tâche tel que précité dans notre chapitre 1 portant sur la problématique. Selon nous, ce serait donc, la « véritable stratégie pédagogique visant la

construction de l'autonomie à travers l'apprentissage » que mentionnent Barbot & Camatarri (1999).

Afin de faciliter la compréhension de ce mécanisme, nous présentons ci-après les éléments clés du domaine de la didactique de l'écriture et de la lecture permettant l'application des pratiques et techniques en planification et contrôle de projet.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway