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Etude de l'évolution de l'agglomération de La Paz - El Alto depuis les vingt dernières années


par Florent Demoraes
Université de Savoie
Traductions: Original: fr Source:

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2/ Un poids démographique accru...

En 1992, l'agglomération compte 1 118 870 habitants contre 635 300 en 1976 (INE) c'est-à-dire

483 600 personnes de plus en 16 ans.

La Paz stricto sensu compte 713 400 habitants en 1992 contre 539 800 en 1976 soit un taux de

croissance démographique annuel de 1,78% au cours de cette période et un accroissement de 32%

de sa population (Figure 19). Quant à El Alto, elle comptait 95 450 habitants en 1976 et 405 500 en

1992 (INE) soit un accroissement de sa population de 325% en 16 ans!

En 1992, elle est classée au quatrième rang du réseau urbain bolivien après La Paz, Santa Cruz et

Cochabamba. El Alto a enregistré entre 1976 et 1992 un taux de croissance démographique

annuelle de l'ordre de 9,23% (INE), taux presque record au niveau national et très élevé dans le

contexte sud-américain. Alors qu'en 1976, El Alto ne représentait que 15% de la population de

l'ensemble urbain, 36% des habitants de l'agglomération en 1992 y vivent. Cela montre

l'importance croissante que tend à prendre la ville altiplanique par rapport à la ville basse.

Si ces taux restaient constants, la population de El Alto doublerait ses effectifs tous les 8 ans, alors

qu'il en faudrait au moins 35 pour La Paz (Madelin A.-C.). D'autre part, la population de El Alto

dépasserait celle de La Paz aux environs de l'an 2002!

Figure 19 - Evolution comparée de la population et de la croissance démographique (Source : INE)

39

3/...qui s'explique par une immigration soutenue...

Les taux de croissance démographique exponentielle sont à mettre tout d'abord en rapport avec

l'immigration massive et inopinée qu'a connu l'agglomération toute entière mais avec une plus

grande ampleur El Alto, dans les années 80. En effet, la Bolivie a connu de grands bouleversements

dans sa structure économique compte tenu de la crise mondiale des années 80 appelée decada

perdida (décennie perdue) en Amérique Latine. Cette crise a été à l'origine d'un autre courant

migratoire d'importance (le premier résultait de la Réforme Agraire en 1953, cf. I/A/1) en direction

de la plupart des grandes villes boliviennes.

« L'effondrement des prêts internationaux au début de la décennie, la hausse des taux d'intérêt de la

dette extérieure, la chute des cours des matières premières minières sur le marché international, et

notamment de l'étain, qui provoque indirectement une baisse des indices de production nationaux,

ont tragiquement affaibli l'économie bolivienne. La production agricole a chuté de 11%, les

exportations de 25% et l'hyperinflation provoquée par la crise a atteint un indice cumulé de

22 000% de 1982 à 1985 » (Baby, 1995).

Face à cette situation de crise, le nouveau gouvernement de Victor Paz Estenssoro, élu au pouvoir

en 1985, décide d'entreprendre un Nuevo Plan Economico (Nouveau Plan économique). Celui-ci

amorce la privatisation des mines nationales entraînant la fermeture de nombreuses mines peu

rentables ou en faillite. C'est ainsi que furent licenciés du jour au lendemain, des milliers de

mineurs qui se virent contraints de migrer en masse avec leur famille en direction des villes, dans

l'espoir d'y retrouver un emploi et une situation meilleure, venant grossir les rangs des migrants

issus de l'exode rural « traditionnel ». Ceux qui migrèrent vers La Paz se sont implantés

principalement à El Alto où les terrains étaient moins chers et où la mairie avait entrepris des séries

d'action comme par exemple la construction du lotissement Villa Adela (El Alto Norte)

spécialement conçu pour eux. Toutefois, comme certains auteurs le soulignent (P. Van Lindert, en

particulier), l'installation des migrants à la périphérie des capitales n'est pas toujours immédiate et

est souvent précédée d'une phase d'installation transitoire dans le centre-ville. En effet, les

nouveaux arrivants sont bien souvent logés temporairement chez un parent installé dans le centre.

En 1992, 42% des alténiens disent être nés hors de la ville contre 24% des pacéniens (INE) et on

estime que 35 000 migrants sont arrivés chaque année dans l'agglomération entre 1976 et 1992

(d'après Dockweiler Cordenas, p 22 du mémoire de A.-C. Madelin, 1997).

D'une manière générale, il apparaît que le peuplement de El Alto résulte beaucoup plus de

l'immigration que le peuplement de La Paz. Ceci est à l'origine de différences notoires entre les

deux sous-ensembles urbains, notamment au niveau de leur comportement démographique.

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