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Les taux de natalité et de mortalité bien qu'ils soient d'une manière générale inférieurs aux taux de
1976 n'en restent pas moins élevés et plus particulièrement à El Alto. Ces indices sont des éléments
révélateurs des différences ethniques et sociales qui existent au sein de l'agglomération.
Il est généralement admis que les migrants d'origine rurale, en l'occurrence particulièrement
nombreux à El Alto, ont un comportement nataliste supérieur à celui des citadins. Ils ont tendance à
40garder leur propension à fonder de grandes familles comme dans les milieux paysans traditionnels.
A l'inverse, les citadins adoptent davantage un comportement malthusianiste.
De surcroît, cette idée se vérifie particulièrement bien dans le contexte bolivien dans la mesure où
vient s'y combiner l'origine ethnique hétérogène des habitants. En effet, les immigrés d'origine
rurale venant s'installer dans la métropole altiplanique sont en grande majorité des indiens aymaras
et dans une moindre mesure des indiens quechuas. Ces groupes ethniques sont caractérisés par leur
taux de fécondité traditionnellement élevé. On retrouve d'ailleurs leur trace au travers des langues
parlées. L'aymara est parlée par 60,5% des alténiens et le quechua par 7,5% (INE).
Ainsi, à El Alto, on dénombre en moyenne 5 à 6 enfants par femme contre 5 au niveau national et
contre 3 au niveau de l'agglomération toute entière. Le taux de La Paz beaucoup plus faible vient en
effet minorer le chiffre. Cela s'explique par sa composition ethnique différente, d'une manière
générale moins indigène, bien qu'il faille nuancer, par rapport à celle de El Alto. La population de
La Paz regroupe, certes des indigènes, mais aussi tout un ensemble de communautés blanche et
métissée beaucoup moins procréatrices. Ces derniers correspondent aux descendants d'espagnols,
aux descendants d'espagnols métissés ou encore aux communautés d'européens implantés
récemment (allemands, français pour l'essentiel).
La métropole est donc caractérisée par une natalité beaucoup plus soutenue à El Alto qu'à La Paz.
Cela nous permet de comprendre que 52,2% de la population alténienne a moins de 20 ans! (INE)
ce qui contribue à maintenir sa dynamique démographique naturelle.
Par ailleurs, en 1992, le taux de mortalité et le taux de mortalité infantile (calculé pour ce dernier en
considérant uniquement les nourrissons vivant à la naissance et mourant avant leur premier
anniversaire, selon l'INE) restent élevés puisqu'ils atteignent respectivement 15 pour mille et 59
pour mille à La Paz proprement dite (Madelin, 1997). Ces chiffres sont encore supérieurs à El Alto
mais inférieurs aux chiffres relevés dans les campagnes. Les conditions sanitaires et les
infrastructures de santé sont meilleures en ville, et au niveau de l'agglomération, meilleures à La
Paz.
Entre 1976 et 1992, les taux de natalité et de mortalité ayant baissé surtout pour la ville La Paz
(respectivement 26 pour mille et 15 pour mille), on peut donc en déduire que cette dernière est
passée au deuxième stade de sa transition démographique ce qui n'est pas le cas pour El Alto
(Madelin, 1997).
Même si le taux de croissance migratoire tend à diminuer en direction de El Alto, l'importance de
sa croissance démographique (9,23% par an) est pour l'instant assurée par un accroissement naturel
soutenu. Celui-ci est le résultat de la vitalité nataliste de ses habitants couplée à une baisse de la
mortalité (qui reste malgré tout élevée).
Au terme de ce paragraphe, il ressort que l'agglomération est aujourd'hui divisée en deux sous-
ensembles aux comportements démographiques très distincts. Cela se comprend en analysant
l'origine ethnique des habitants qui les composent. On constate finalement l'importance que tend à
prendre de plus en plus El Alto sur La Paz. Il serait intéressant dorénavant d'étudier quelles sont les
principales caractéristiques économiques de la ville d'aujourd'hui afin de comprendre les
changements qui ont pu se produire depuis 1976, et afin de voir si l'on retrouve également des
disparités majeures entre La Paz et sa voisine altiplanique.
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