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Etude de l'évolution de l'agglomération de La Paz - El Alto depuis les vingt dernières années


par Florent Demoraes
Université de Savoie
Traductions: Original: fr Source:

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B/ Une économie davantage tertiarisée et dont les composantes

diffèrent entre La Paz et El Alto

Le recensement de 1992 fournit des chiffres séparés pour chacune des deux municipalités. Cela

autorise une évaluation plus fine de la situation économique actuelle et surtout cela permet une

comparaison des deux entités de l'agglomération.

1/ Evolution de la répartition de la population active par types d'activités en

1976 et 1992

Dans un premier temps, on constate en 1992, en dépit du fait qu'il existe de légères différences, que

la répartition classique par branches économiques pour les deux sous-ensembles, présente de

nombreuses similitudes. En effet, si le secteur primaire ne représente que 2% de la population

active dans les deux cas (Fig. 20), taux particulièrement faible mais caractéristique dans les villes,

le secteur tertiaire occupe quant à lui, une place importante aussi bien à La Paz, où il regroupe 73%

de la population active, qu'à El alto dans une moindre dimension avec 63% des actifs (INE).

Toutefois, le recensement distingue pour El Alto, 45% des actifs dans le secteur tertiaire et 18%

dans « autres ». Ce dernier chiffre correspond aux personnes recensées ne spécifiant pas la branche

dans laquelle elles travaillent mais dont on peut supposer qu'elles appartiennent au secteur tertiaire

comme le confirment d'autres travaux menés sur l'économie alténienne (Baby, 1995). Le secteur

secondaire rassemble quant à lui 25% de la population active de La Paz contre 31% à El Alto.

Figure 20 - Répartition de la population active en 1992 à La Paz et à El Alto

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Cette répartition est tout à fait représentative d'une métropole de pays en développement dans la

mesure où le secteur tertiaire occupe une part très importante de la population active alors que le

secteur secondaire demeure faible avec moins de 1/3 des actifs.

En 1976, sur l'ensemble de l'agglomération, 36% des emplois appartenaient au secteur secondaire

et 64% au secteur tertiaire (PDU). Ces chiffres montrent que la tertiarisation de l'économie s'est

confirmée en l'espace de 20 ans. Dans le détail, on remarque qu'aujourd'hui, l'aggloméra1ion

connaît deux entités économiques très distinctes : La Paz et sa soeur altiplanique.

2/ La Paz aujourd'hui : une ville de services

L'étude de la situation de La Paz, met en évidence un affaiblissement de son secteur industriel

pendant la crise des années 80 et un développement de la concurrence. En effet, de nombreuses

industries notamment du textile ont dû déposer leur bilan car des tissus de meilleure qualité et

surtout moins chers, produits entre autre par le Chili voisin, sont arrivés sur le marché. Cela

explique que le paysage urbain soit à présent jalonné de grands établissements manufacturiers ou

industriels à l'abandon, plus particulièrement dans la zone de Vino Tinto en montant vers

Achachicala au Nord de la Cuenca (pour la localisation, voir Figure 33).

Par ailleurs, La Paz avec une population active qui s'élève à 30% de la population totale,

correspond davantage à une ville de services. Les activités du tertiaire se concentrent, de manière

encore plus marquée qu'en 1976, dans le centre de la Cuenca le long d'avenues comme la avenida

Camacho, la avenida Mariscal de Santa Cruz, la avenida ]6 de Julio ou encore dans le Casco

Antiguo (centre ancien intra muros). La Paz est la ville en Bolivie où l'on compte le plus grand

nombre de banques et le plus grand nombre de groupes d'assurance. Elle demeure également,

comme en 1976, le premier centre politique du pays et la ville des ambassades.

La morphologie urbaine centrale est marquée par de nombreux immeubles dépassant souvent les

vingt étages et renforçant son image de Central Business District (Figures 21 et 22). Mais si 73% de

ses actifs travaillent dans le secteur tertiaire, tous ne travaillent pas dans le tertiaire « moderne ». En

effet, quelle ressemblance existe-t-il entre un lustrador (cireur de chaussures) et un avocat ? Ils sont

pourtant classés dans la même branche, d'où l'intérêt de ne pas considérer uniquement l'étude des

trois secteurs d'activité classiques.

Au même titre qu'en 1976, plus de la moitié des pacéniens travaillent encore dans le secteur

d'activités traditionnelles comme l'artisanat, les activités agricoles, les activités d'employées

domestiques (empleadas) et les petits commerces traditionnels en grande majorité tenus par des

femmes (Madelin, 1997).

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Figure 21 - Aspect de la ville moderne d'aujourd'hui

Figure 22 - Les marchés, une activité traditionnelle omniprésente

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En outre, la crise des années 80 a contribué à développer l'économie de la cocaïne, dans la mesure

où les boliviens ont du adopté des mesures de survie et ont trouvé dans ce marché une façon

d'augmenter leurs ressources. Comme le souligne Anne Catherine Madelin, ce sujet étant complexe

et délicat, une analyse plus poussée serait nécessaire en vue d'en saisir des éléments

supplémentaires.

Au cours des vingt dernières années, après la crise des années 80, l'économie pacénienne s'est donc

tertiarisée et les activités traditionnelles restent encore bien présentes.

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