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Le recensement de 1992 fournit des chiffres séparés pour chacune des deux municipalités. Cela
autorise une évaluation plus fine de la situation économique actuelle et surtout cela permet une
comparaison des deux entités de l'agglomération.
Dans un premier temps, on constate en 1992, en dépit du fait qu'il existe de légères différences, que
la répartition classique par branches économiques pour les deux sous-ensembles, présente de
nombreuses similitudes. En effet, si le secteur primaire ne représente que 2% de la population
active dans les deux cas (Fig. 20), taux particulièrement faible mais caractéristique dans les villes,
le secteur tertiaire occupe quant à lui, une place importante aussi bien à La Paz, où il regroupe 73%
de la population active, qu'à El alto dans une moindre dimension avec 63% des actifs (INE).
Toutefois, le recensement distingue pour El Alto, 45% des actifs dans le secteur tertiaire et 18%
dans « autres ». Ce dernier chiffre correspond aux personnes recensées ne spécifiant pas la branche
dans laquelle elles travaillent mais dont on peut supposer qu'elles appartiennent au secteur tertiaire
comme le confirment d'autres travaux menés sur l'économie alténienne (Baby, 1995). Le secteur
secondaire rassemble quant à lui 25% de la population active de La Paz contre 31% à El Alto.
Figure 20 - Répartition de la population active en 1992 à La Paz et à El Alto
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Cette répartition est tout à fait représentative d'une métropole de pays en développement dans la
mesure où le secteur tertiaire occupe une part très importante de la population active alors que le
secteur secondaire demeure faible avec moins de 1/3 des actifs.
En 1976, sur l'ensemble de l'agglomération, 36% des emplois appartenaient au secteur secondaire
et 64% au secteur tertiaire (PDU). Ces chiffres montrent que la tertiarisation de l'économie s'est
confirmée en l'espace de 20 ans. Dans le détail, on remarque qu'aujourd'hui, l'aggloméra1ion
connaît deux entités économiques très distinctes : La Paz et sa soeur altiplanique.
L'étude de la situation de La Paz, met en évidence un affaiblissement de son secteur industriel
pendant la crise des années 80 et un développement de la concurrence. En effet, de nombreuses
industries notamment du textile ont dû déposer leur bilan car des tissus de meilleure qualité et
surtout moins chers, produits entre autre par le Chili voisin, sont arrivés sur le marché. Cela
explique que le paysage urbain soit à présent jalonné de grands établissements manufacturiers ou
industriels à l'abandon, plus particulièrement dans la zone de Vino Tinto en montant vers
Achachicala au Nord de la Cuenca (pour la localisation, voir Figure 33).
Par ailleurs, La Paz avec une population active qui s'élève à 30% de la population totale,
correspond davantage à une ville de services. Les activités du tertiaire se concentrent, de manière
encore plus marquée qu'en 1976, dans le centre de la Cuenca le long d'avenues comme la avenida
Camacho, la avenida Mariscal de Santa Cruz, la avenida ]6 de Julio ou encore dans le Casco
Antiguo (centre ancien intra muros). La Paz est la ville en Bolivie où l'on compte le plus grand
nombre de banques et le plus grand nombre de groupes d'assurance. Elle demeure également,
comme en 1976, le premier centre politique du pays et la ville des ambassades.
La morphologie urbaine centrale est marquée par de nombreux immeubles dépassant souvent les
vingt étages et renforçant son image de Central Business District (Figures 21 et 22). Mais si 73% de
ses actifs travaillent dans le secteur tertiaire, tous ne travaillent pas dans le tertiaire « moderne ». En
effet, quelle ressemblance existe-t-il entre un lustrador (cireur de chaussures) et un avocat ? Ils sont
pourtant classés dans la même branche, d'où l'intérêt de ne pas considérer uniquement l'étude des
trois secteurs d'activité classiques.
Au même titre qu'en 1976, plus de la moitié des pacéniens travaillent encore dans le secteur
d'activités traditionnelles comme l'artisanat, les activités agricoles, les activités d'employées
domestiques (empleadas) et les petits commerces traditionnels en grande majorité tenus par des
femmes (Madelin, 1997).
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Figure 21 - Aspect de la ville moderne d'aujourd'hui
Figure 22 - Les marchés, une activité traditionnelle omniprésente
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En outre, la crise des années 80 a contribué à développer l'économie de la cocaïne, dans la mesure
où les boliviens ont du adopté des mesures de survie et ont trouvé dans ce marché une façon
d'augmenter leurs ressources. Comme le souligne Anne Catherine Madelin, ce sujet étant complexe
et délicat, une analyse plus poussée serait nécessaire en vue d'en saisir des éléments
supplémentaires.
Au cours des vingt dernières années, après la crise des années 80, l'économie pacénienne s'est donc
tertiarisée et les activités traditionnelles restent encore bien présentes.