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En ce qui concerne El Alto, bien que la répartition de sa population active dans les grands secteurs
d'activités conventionnels soit assez ressemblante à celle de La Paz, elle n'en demeure pas moins
très différente dans le détail.
En effet, avant tout, 40% de la population est active à El Alto contre seulement 30% à La Paz (est
considéré comme actif, selon l'INE, toute personne âgée de plus de 7 ans ou cherchant un travail).
La différence peut s'expliquer par le fait qu'il y a beaucoup plus de jeunes à El Alto (52,2% des
alténiens ont moins de 20 ans) et que ceux-ci travaillent plus précocement qu'à La Paz. Leur
scolarisation est très réduite voire inexistante devant la nécessité d'aider leurs parents à vivre ou à
survivre.
L'économie alténienne, nous l'avons vu, est dominée par le secteur tertiaire puisqu'il occupe 63%
des effectifs. La première activité de la ville est le commerce qui rassemble 18% des emplois
(INE). Les activités de foire et marché sont omniprésentes dans les rues de El Alto et plus
particulièrement dans le centre La Ceja (pour la localisation, voir Figure 33), à l'Est de la ville au
rebord du talus surplombant La Paz. Deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche, a lieu la grande
foire 16 de Julio (du nom du quartier dans lequel elle se déroule), qui s'étend sur des kilomètres et
qui attire des commerçants venus de toute la ville, des alténiens, des pacéniens mais aussi des
personnes originaires des campagnes et villages environnants. Ces foires et marchés sont des lieux
de sociabilité privilégiés et contribuent à animer la vie de la ville.
D'autre part, El Alto regroupe davantage d'industries et d'entreprises artisanales que La Paz. Cette
localisation préférentielle s'explique essentiellement par l'existence de grands espaces bon marché
et par la proximité d'axes de communication dont dispose la ville altiplanique. Mais d'une manière
générale, le secteur secondaire est largement dominé par la construction qui rassemble 1/3 des
emplois du secondaire avec 10% des actifs alténiens (INE). « Les chantiers sont permanents dans la
mesure où la ville est en extension continuelle, mais ce secteur est relativement instable, car les
revenus des travailleurs dépendent des chantiers qui les emploient et de leurs commandes » (Baby,
1995).
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L'autre caractéristique majeure du secteur secondaire alténien est sa composition poussée en micro-
entreprises dont la plupart sont « invisibles ». Dans une plus grande proportion encore qu'à La Paz,
l'économie informelle est très développée à El Alto comme l'atteste le grand nombre de micro-
entreprises qui sont localisées dans les quartiers d'habitation, dans le logement même des citadins,
sans enseigne donnant sur la rue (Baby,1995). Ces micro-entreprises se caractérisent « par une
rationalité économique où prévaut la subsistance familiale sur celle de l'accumulation » (Baby,
1995). Le niveau de formation y est généralement bas, la productivité y est faible de même que la
rentabilité économique mais elles représentent tout de même une opportunité d'embauche pour les
nouveaux arrivants peu qualifiés qui viennent augmenter chaque année un peu plus la population
alténienne (cf. infra).
« Au niveau spatial, les activités urbaines sont très concentrées dans le secteur de La Ceja, au
détriment des quartiers périphériques où l'on trouve les grandes industries, notamment dans les
quartiers de Alto Lima au Nord et de la zone franche industrielle à l'Ouest » (Baby V.).
Quoiqu'il en soit l'activité parallèle représente indubitablement la véritable dynamique économique
de l'agglomération alténienne. Mais cette situation demeure malgré tout précaire. En effet le taux de
chômage reste élevé puisqu'il est de l'ordre de 12% contre seulement 5% à La Paz. Ce fort taux de
chômage peut s'expliquer, entre autre, par le fait que de nombreux immigrants ne réussissent pas
toujours à trouver du travail. De même, ce sont, selon les sources, entre 80 et 100 000 personnes,
soit ¼ de la population alténienne en 1992, qui descendent quotidiennement travailler à La Paz.
L'intensité de ces mouvements pendulaires montre l'importance de la dépendance de El Alto vis-à-
vis de la ville basse.
Enfin, l'aéroport au cours des « vingt dernières années, a perdu de son poids au niveau national car
celui de Santa Cruz est venu le concurrencer de façon sévère. Ce dernier draine aujourd'hui la
majorité des flux aériens vers la Bolivie aussi bien en ce qui concerne le transport des passagers que
celui du fret. De plus, l'urbanisation alténienne a fini par encercler le site de l'aéroport rendant d'une
part la situation dangereuse et inhibant d'autre part toute potentialité de développement futur.
Au terme de cette analyse il apparaît que, dans le détail, l'aggloméra1ion a connu de nombreuses
modifications dans sa structure économique par rapport à 1976. Il existe aujourd'hui deux entités au
sein de la métropole actuelle bien distinctes de part leurs activités qui reprennent les disparités de
comportement démographique remarquées préalablement entre El Alto et La Paz. Les deux sous-
ensembles sont cependant intimement liés comme l'atteste la vigueur des mouvements pendulaires
visible quotidiennement au départ de El Alto en direction de La Paz. D'autre part, El Alto
représente une réserve d'espaces non négligeable pour les industries pacéniennes. Après avoir
étudié l'agglomération du point de vue de sa démographie et de son économie, l'analyse de sa
dimension spatiale permettrait d'appréhender l'évolution de la trame urbaine depuis 1976.
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