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En 1992, l'agglomération toute entière couvre 13 000 hectares répartis entre El Alto et La Paz qui
occupent respectivement 6 600 et 6 400 hectares (Baby, 1995). Cette répartition met en évidence
par rapport à 1976, une extension importante de l'agglomération qui ne couvrait alors que 6 000
hectares (PDU), soit une surface urbanisée 2,2 fois plus vaste en l'espace de 16 ans (Figure 23) !
Cet état de fait est bien sûr à mettre en rapport avec l'importante croissance démographique qu'a
connue l'agglomération au cours de cette période. On constate, en outre, que la superficie de El
Alto est supérieure aujourd'hui à celle de La Paz, ce qui n'était pas le cas en 1976 puisque La Paz
occupait environ 3 300 hectares contre 2 700 pour El Alto. Ce devancement s'explique par une
croissance démographique qui a été beaucoup plus élevée à El Alto qu'à La Paz (9,23% contre
1,78% par an). De même cette extension urbaine accrue sur un milieu physique fragile et
contraignant ne doit pas manquer, surtout pour La Paz, de causer aujourd'hui des problèmes.
L'extension s'est déroulée pour La Paz dans la Zona Sur et dans une moindre mesure au Nord dans
la vallée du Rio Achachicala et dans la vallée menant aux Yungas (vallées tropicales humides) en
amont de Villa Fatima (voir carte, page suivante). Les espaces libres en 1976, sur le versant Ouest
de la Cuenca sous le rebord de l'Altiplano, ont été également comblés. L'extension de El Alto quant
à elle, s'est organisée en confirmant les tendances antérieures en direction de l'Ouest, du Nord et du
Sud, le long des principales voies de communication et a fini par encercler l'aéroport.
L'étude de la carte du recensement de 1992 (Figure 24) est intéressante en ce sens qu'elle dénombre
en 1992, 225 zones contre seulement 90 en 1976 (Figure 6). Cela autorise une approche plus
détaillée de l'agglomération dans la mesure où les zones préexistantes ont été divisées (9 seulement
ont été créées). Cette augmentation du nombre de zones recensées s'est avérée nécessaire, car
l'agglomération s'est certes étendue mais également densifiée.
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Figure 23 - Physionomie de l'agglomération en 1976 et 1996
Figure 24 - Découpage du recensement de 1992 en 225 zones
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La densification urbaine procède de plusieurs facteurs. A La Paz, nous l'avons vu, la population a
fortement augmenté au cours des vingt dernières années dans un site confiné aux capacités d'accueil
limitées. La pression démographique a été telle, que chaque espace vide a été urbanisé, sans
d'ailleurs forcément tenir compte de leurs caractéristiques géotechniques.
Parallèlement s'est opéré la « consolidation » des espaces déjà construits par une verticalisation du
bâti afin d'accroître le rapport surface au sol/personnes logées. Le centre de la Cuenca a vu et voit
encore fleurir de multiples immeubles qui dépassent bien souvent 20 étages pour répondre à la
pénurie de logement. Toutefois le loyer des appartements y est très coûteux et par conséquent seule
la population à hauts revenus peut y habiter. De même, la présence de ces édifices en hauteur tend à
détériorer sévèrement le patrimoine architectural de la ville ancienne. Un autre type de
densification plus discret et plus progressif existe également. Il s'agit la plupart du temps d'un
processus individuel qui consiste à ajouter en fonction des besoins et des ressources financières des
familles, d'autres pièces, d'autres étages à la construction initiale. Ces pratiques sont surtout visibles
à El Alto et sur les versants pauvres de la Cuenca.
L'évolution des densités urbaines de La Paz entre 1976 et 1992, a été étudiée par Anne Catherine
Madelin dans son mémoire de maîtrise. Ses cartes, élaborées à partir de photos aériennes,
permettent une analyse détaillée par quartier pour les deux périodes (Figure 25). En ce qui concerne
les densités de El Alto, Virginie Baby dans son mémoire de DEA, a dressé une carte de la situation
de 1992 mais comme elle le souligne, l'INE ne dispose pas de la superficie des zones recensées ce
qui rend le calcul des densités difficile et approximatif. Il en ressort néanmoins que les quartiers les
plus « anciens » à l'Est de l'agglomération sont les plus densément peuplés, car on y dénombre
jusqu'à plus de 240 habitants à l'hectare alors que les quartiers périphériques de l'Ouest, du Nord et
du Sud, plus récemment urbanisés, comptabilisent quant à eux, bien souvent moins de 25 habitants
à l'hectare.
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Figure 25 - Evolution des densités du bâti entre 1976 et 1992
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Aujourd'hui, la densité moyenne de l'agglomération est de l'ordre de 86 habitants par hectare. Mais
si l'on compare la densité moyenne des deux municipalités, on constate que bien évidement celle de
La Paz est supérieure avec 111,5 hab./Ha contre 61,5 pour El Alto.
La version 2.0.7 pour Macintosh du logiciel Cabral 1500 inventé par Philippe Waniez, chercheur à
l'Orstom, est innovatrice en ce sens qu'elle permet une représentation des quantités à l'intérieur des
unités spatiales par un semis de points aléatoire. Un point correspond à une valeur choisie
préalablement. C'est la méthode que j'ai retenue pour l'élaboration des deux cartes de la Figure 26
dans la mesure où la représentation classique de la population en cercles proportionnels n'était pas
pertinente. Les populations par zones recensées sont souvent plus ou moins égales et la petitesse
des unités spatiales rendait la lecture de la carte difficile voire impossible. D'autre part le semis de
points aléatoire peut donner une idée des densités par secteur au sein de l'agglomération. Sur la
carte suivante, un point équivaut à 30 individus.
Alors que la carte des zones recensées de 1992 a largement été diffusée par le l'INE, la carte du
recensement de 1976 reste à l'inverse très méconnue et pratiquement inexploitée. Au cours de mes
6 mois de recherche, je ne l'ai rencontrée dans aucun document, dans aucun livre et personne n'en
avait jamais entendu parlé! L'INE m'a finalement révélé son existence et m'en a fourni une copie,
moyennant pécule, dans un format très peu pratique (3 planches de 1m x 1,6m!). D' autre part, alors
que les données statistiques sur l'ensemble de l'agglomération correspondent à 64 zones, la carte en
dénombre 90 ! Il m'a donc fallu pratiquer un réajustement, dans la mesure où certaines données
s'appliquent à plusieurs unités recensées (entre 2 et 5), en divisant alors ces valeurs par le nombre
de zones qui leur est associé.
Le résultat n'est par conséquent qu'une approximation de la réalité et met en évidence les limites du
recensement dès que l'on en exploite les données d' autant que, comme nous l'avons vu, le nombre
et la forme des zones de référence ont changé ce qui complique la comparaIson.
Quoiqu'il en soit, les cartes suivantes permettent de conclure que la trame urbaine s'est
particulièrement densifiée dans les quartiers anciens, alors qu'en même temps son extension
spatiale s'est fortement accrue au cours des vingt dernières années.
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Figure 26 - Evolution des densités de population entre 1976 et 1992
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