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Nous l'avons vu, l'agglomération pacénienne est divisée en trois grands sous-ensembles dont les
toponymes reflètent très clairement les données du cadre physique (Figure 12 et 14).
- · El Alto (Le Haut) pour la partie la plus haute située sur l'altiplano entre 3900 et 4160m au dessus
du niveau de la mer.
La Cuenca (Dépression) pour la partie localisée dans la cuvette entre 3400 et 3800m, et dont le centre correspond au foyer initial du peuplement de La Paz à 365Om (Plaza Murillo).
- · La Zona Sur (Zone Sud), également appelée El Bajo (Le Bas), correspondant à l'urbanisation des
vallées sud en aval du centre historique entre 3200m (Aranjuez) et 3400m (en amont de San
Miguel).
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Figure 12 - Coupe topographique schématique
Environ 1000 mètres de dénivelée séparent donc le point le plus bas et le point le plus haut de la
ville. On en déduit qu'il existe au sein de l'agglomération des contrastes thermiques importants. En
effet, comme l'illustre la figure 13, un écart de 7°C distingue El Alto de la Zona Sur.
Figure 13 - Températures moyennes annuelles en °C à différentes altitudes
EL ALTOCUENCAEL BAJO5,810,512,7
D'après Schoop, 1981, Ciudades Bolivianas, p 53.
Figure 14 - Carte topographique simplifiée de La Paz
D'autre part, l'intensité du vent n'est pas la même, selon que l'on se trouve à El Alto où les vents
sont particulièrement fréquents, intenses et froids en provenance de l'Altiplano en hiver
principalement, ou que l'on se trouve dans la cuvette ou dans les parties basses de l'agglomération,
davantage abritées.
Enfin, l'altitude, du fait de la faible pression atmosphérique (650 mb à 3600m contre 760 au niveau
de la mer in Malatrait, 1983) et de la raréfaction de l'oxygène, entraîne une limitation des
potentialités physiques de l'homme et l'accélération de son vieillissement surtout au dessus de
4000m.
Cette analyse met en évidence une différenciation des conditions environnementales. Elles
apparaissent globalement beaucoup plus favorables, dans la Zona Sur et, dans la Cuenca, malgré
ses secteurs abrupts, qu'à El Alto davantage caractérisée par la rudesse de son climat que par une
topographie accidentée. Ceci est à l'origine, déjà en 1976, d'une ségrégation sociale au sein de la
ville, les plus défavorisés s'installant souvent dans des zones instables en pente (les versants de la
Cuenca) ou soumises à des conditions climatiques rudes (El Alto), ou pentues et « au vent » (versant
Est de la Cuenca). C'est dans ces secteurs que le prix du foncier est le plus bas. A l'inverse, la classe
aisée s'installe à plus basse altitude, là où le climat est plus clément, sur des terrains relativement
plans dont la valeur foncière est élevée, mais qui peuvent néanmoins présenter des risques comme
nous le verrons par la suite.
En 1976, l'agglomération pacénienne est donc marquée par une ségrégation sociale, qualifiée par
certains au moyen de l'image « Les riches en bas, les pauvres en haut ». Si aucune mesure n'est prise,
cette séparation a toutes les chances de se voir renforcée au cours des années suivantes.
Préalablement abordée, l'action des phénomènes hydro-météorologiques sur le milieu physique est
à l'origine du façonnement du relief. Cette approche n'intègre pas l'homme comme facteur potentiel
de la morphogenèse, or il s'avère très souvent et a fortiori en milieu urbain, qu'il y participe de
façon active, et dans la plupart des cas inconsciemment.