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L'immigration intense et rapide qui a affecté la métropole a engendré, surtout pour El Alto,
davantage le développement d'urbanisations spontanées et anarchiques, que de zones planifiées.
Ces différents types d'urbanisation se sont développé conjointement le long de la Panaméricaine au
Nord (Figure 4), et plus au sud entre les routes menant à Viacha et à Oruro. Deux axes d'expansion
séparés par les terrains de l'aéroport, se différencient ainsi à El Alto.
L'urbanisation de la Cuenca, quant à elle s'étend sur une superficie de 2 500 hectares sur 2 800
urbanisables, alors que la Zona Sur ne s'étale que sur 700 hectares sur les 2 000 urbanisables (PDU,
tome 3, p 30). L'immigration et la croissance naturelle de la ville ont donc amené à une situation où
la Cuenca est pratiquement urbanisée à 100% puisque seuls 300 hectares peuvent encore y être
urbanisés selon les critères du PDU, alors que la Zona Sur, constituée davantage par la translation
des zones de résidence des classes aisées pacéniennes dans les vallées sud, que par l'immigration,
possède encore des espaces libres importants (1700 hectares selon le PDU).
Figure 4 - Physionomie de la métropole en 1976
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Figure 5 - Croquis de l'agglomération
La carte des zones recensées de 1976 (Figure 6) constitue une autre source d'informations très
riches et innovatrices, car elle est la première en son genre réalisée en Bolivie. En effet, le
recensement de 1976 se caractérise, non plus seulement par une dimension purement statistique et
traditionnelle classée en domaines généraux (Emploi, Santé,...) appliqués par exemple à un
ensemble urbain ou selon des classes d'âge. Il comporte également une dimension cartographique
puisque pour la première fois l'INE procure des données statistiques propres pour chacun des
secteurs préalablement délimités au sein de la ville. L'avantage d'une telle méthode est qu'elle
permet une approche quantitative et qualitative plus fine et plus poussée et autorise la mise en
évidence des disparités intra-urbaines, bien souvent génératrices de problèmes entre les différentes
zones d'une ville (Voir deuxième partie).
Le recensement de 1976 pour la ville de La Paz comporte donc un ensemble de 90 zones recensées
(Zonas censales) qui sont réparties entre El Alto et La Paz (Cuenca-Zona Sur) avec respectivement
14 et 76 zones (Figure 6). Leurs délimitations ont un caractère géométrique de grandes dimensions
à El Alto, résultat de son mode d'urbanisation rapide le long d'axes, sur une étendue plane (Voir
infra), alors que la Cuenca connaît des zones beaucoup moins régulières dues à la topographie qui a
engendré une urbanisation moins ordonnée. La Zona Sur, quant à elle présente également des zones
vastes et géométriques qui correspondent en fait aux grands bassins-versants et aux lits plus ou
moins rectilignes des cours d'eau.
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Figure 6 - Découpage du recensement de 1976
Connaissant les principales caractéristiques démographiques (leur représentation cartographique
sera abordée en comparaison à la situation de 1992 en II/C/2) et morphologiques de La Paz, il serait
désormais intéressant d'étudier quels sont ses principaux domaines d'activité.
3/ Les principales fonctions de l'agglomération en 1976
En 1976, La Paz concentre la quasi-intégralité des services du gouvernement central autrefois
localisés à Sucre qui perdit de son importance après le transfert des pouvoirs législatifs et exécutifs
à La Paz en 1899. Sucre reste cependant officiellement la capitale constitutionnelle du pays. La
Paz, avec ses nombreuses représentations diplomatiques et syndicales, est le premier centre
politique du pays et dispose d'une vocation internationale. On y trouve, en effet, de nombreuses
ambassades et organismes étrangers tels que l'Orstom (Institut Français de Recherches
Scientifiques pour le Développement en Coopération) ou la G.T.Z «(deutsche) Gesellchaft
Technische Zusammenarbeit) dans le domaine de la coopération.
De même, c'est en 1976, le centre industriel plus important de Bolivie. L'industrie du textile,
l'industrie chimique et alimentaire ainsi que la fabrication de matériaux de construction constituent
ses activités principales. Ainsi, 25% du PIB de la ville revient au secteur secondaire (PDU, tome 3,
p 20). Les activités industrielles, de logistique et les dépôts sont installées en grande partie à El
Alto qui dispose de terrains vastes et bon marché. Cette dynamique industrielle à l'échelle du pays,
s'est développé, dans un premier temps avec l'accroissement du transport ferroviaire et routier (avec
17la Panaméricaine en direction du Pérou) et, dans un deuxième temps avec l'essor de la fonction
aéroportuaire favorisant ainsi le développement de son commerce extérieur. En outre, l'aéroport de
La Paz garde une importance certaine au niveau national, car il reste la principale porte d'entrée
pour le trafic aérien en Bolivie d'où s'organise une redistribution intérieure.
Comme toutes les métropoles, elle regroupe aussi de multiples activités de services qui s'organisent
autour du centre dans la Cuenca. Le secteur tertiaire est prépondérant puisqu'il représente 60% du
PIB de la ville. De plus ce dernier tend à prendre de plus en plus d'importance du fait de la
métropolisation croissante de La Paz. En ce sens, le domaine des administrations est également très
développé puisqu'il correspond à 15% du PIB de l'agglomération et à 25% des emplois (PDU, tome
3, p 20).
D'une manière générale, la vie économique de La Paz est partagée entre la modernité et la tradition
(Madelin, 1997, p 42). En effet, il existe une branche « traditionnelle » qui regroupe la majorité des
emplois rassemblant les activités artisanales, les activités agricoles, aussi restreintes soient-elles en
milieu urbain, les petits commerces, et les employées de maison (Empleadas). D'autre part, il existe
les activités du « tertiaire moderne » (PDU, tome 3, p 23) qui comportent les activités bancaires,
administratives, et les professions libérales etc...
Enfin, l'économie pacénienne est caractérisée par l'importance des activités informelles qui tendent
à rendre aléatoire et problématique la comptabilisation statistique. La plupart des activités de la
branche « traditionnelle » y est rattachée (marchés, commerces et services de rue comme les cireurs
de chaussures...).
Au regard de cette analyse, il ressort que La Paz possède de nombreuses caractéristiques d'une
métropole (prépondérance du secteur tertiaire...) et dispose d'une influence au niveau national et
dans une moindre mesure, au niveau international. Il est maintenant intéressant de la replacer dans
son contexte physique afin de comprendre (Figure7, 8), en premier lieu, dans quelles mesures son
évolution et son aménagement peuvent en dépendre, puis d'appréhender, comment le milieu
environnemental peut entraîner l'apparition d'une ségrégation au sein de la ville et enfin d'étudier
les interactions et leurs conséquences entre l'homme et son cadre de vie.
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Figure 7 - Aspect de la ville de La Paz en 1976 (Cuenca), photo extraite du PDU
Figure 8 - Vue de La Paz depuis le versant Ouest en direction de la Zona Sur (PDU)
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