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Ce premier chapitre se consacre à l'étude des caractéristiques de l'agglomération en 1976, d'un point
de vue démographique tout d'abord, en abordant les questions d'immigration et de croissance
urbaine, puis d'un point de vue économique, en analysant ses principales fonctions. Dans dans un
deuxième temps, il sera question de définir quels sont les grands traits du cadre physique dans
lequel elle se développe en analysant les problèmes qui lui sont liés et qui sont susceptibles de
contrecarrer la pérennité de son développement. Enfin, il s'agira d'envisager, dans un contexte de
nécessité et de volonté politique, les nouvelles perspectives que le Plan de Développement Urbain
de 1976 apportent (Plan de Desarrollo Urbano, PDU) pour l'aménagement de la ville de La Paz-El
Alto.
caractéristiques chiffrées et analyse cartographique
Un des moyens de dresser la situation d'une ville à un moment donné, est de se référer à la base de
données que représente un recensement. La Bolivie en 1976 en a réalisé un afin d'établir le bilan
statistique du pays selon de nouveaux concepts, ce qui représentait une réelle nécessité car le
dernier organisé auparavant, datait de 1950. En combinant les données du Plan de Desarrollo
Urbano de 1976 avec des informations issues de sources diverses, j'ai pu esquisser les grandes
caractéristiques de la ville de l'époque. Les données de l'INE (Instituto Nacional de Estadisticas ;
Institut National de Statistiques) seront largement utilisées, et les publications de A. Franqueville
(1988 et 1990), de Ph. Masure (1978), de A. Navarro (1978), de V. Baby (1995) et de A.-C.
Madelin (1997) viendront en complément.
En 1976, l'agglomération de La Paz-El Alto ne correspond qu'à une seule municipalité et compte
635 000 habitants dont 539 800, soit 85%, vivent dans la Cuenca (Cuvette), site originel de la ville,
et dans la Zone Sud (Zona Sur), son prolongement dans les vallées Sud (INE) (Figures 3, 4 et 12).
L'ensemble de l'espace urbain couvre une superficie de 5 800 hectares contre 1 850 en 1942 (PDU,
tome 3, p 37), c'est-à-dire 3 fois plus en l'espace de 34 ans, ce qui montre une extension élevée à
l'égal de son accroissement démographique puisqu'en 1950 l'agglomération ne comptait que 267
000 habitants (INE) soit une population multipliée par 2,4 en 26 ans et qui correspond à un taux
d'accroissement annuel de 3,5% pour l'agglomération toute entière (PDU, tome 3, p 39) et de 2,71% pour La Paz, stricto sensu (Cuenca- Zona Sur). Par ailleurs, en 1976 l'agglomération pacénienne (de paceña, de La Paz) représente 44% de la population du département de La Paz contre 31% en 1950 ce qui met en évidence une certaine centralisation départementale de la population au niveau de La Paz.
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En ce qui concerne El Alto (Le Haut), partie intégrante de la municipalité de La Paz située sur le
rebord de l'Altiplano qui domine la Cuenca, elle comprend 95 450 habitants en 1976 (INE) alors
que sa population n'était estimée, en 1950, qu'à « quelques familles » ou selon d'autres sources qu'à
11 000 personnes (Baby, 1995, p 36). Cela traduit un accroissement démographique exponentiel sur
une période de 26 ans qui s'explique, d'une part par une croissance naturelle élevée, et d'autre part,
par l'immigration massive qu'a connue l'agglomération après la promulgation, le 2 août 1953, de la
Réforme Agraire par le nouveau gouvernement démocratique révolutionnaire de Victor Paz
Estensorro (MNR, Movimiento Nacional Revolucionario). En effet, cette loi instaure le
démantèlement des grandes haciendas, jadis mises en place par la colonisation espagnole, et
l'expropriation des propriétaires dont les terres sont divisées et redistribuées aux paysans devenus
indépendants et détenteurs des parcelles. En neuf ans, l'Etat distribue 134 000 titres de propriété
(Baby, 1995, p 28). Mais bien vite, la croissance démographique élevée des campagnes associée au
maintien des techniques rudimentaires traditionnelles de culture et au morcellement accéléré des
lopins de terre au fil des générations, ne permet plus aux familles de subsister. Avec l'amélioration
et l'extension du réseau de voies de communication rendant l'accès aux villes plus facile, bon
nombre de paysans migrent dans l'espoir de trouver un emploi et une situation meilleure en milieu
urbain. Cet exode rural est à l'origine d'une immigration d'environ 8 000 personnes par an sur
l'ensemble de l'agglomération pacénienne au cours de la période 1950-76 (PDU, tome 3, p 39).
C'est ainsi qu'en 1976, 31% de la population pacénienne est migrante soit 216 000 personnes,
contre 69% native soit 439 000 personnes (PDU, tome 3, p 39).
Figure 3 - Evolution comparée des populations entre 1950 et 1976 (Source : INE)
L'immigration a donc été massive pour l'agglomération pacénienne. On peut donc se demander
quelles en sont les conséquences notamment au niveau de la physionomie du tissu urbain de El
Alto, d'une part, et de La Paz d'autre part ?
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