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Etude de l'évolution de l'agglomération de La Paz - El Alto depuis les vingt dernières années


par Florent Demoraes
Université de Savoie
Traductions: Original: fr Source:

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2/ Un taux d'équipement en services élémentaires très variable: l'exemple de la desserte en eau: une péjoration de la situation de 1976 ?

D'une manière générale, dans un pays en développement, le taux d'équipement des constructions en

services de base (eau, électricité, égout, et éventuellement téléphone) est fonction de la richesse de

leurs habitants. Que nous enseigne la représentation cartographique, élaborée à titre d'exemple, du

pourcentage de logements équipés en eau courante (amenée par canalisation à l'intérieur ou à

l'extérieur de l'habitation) par quartier en 1976 et en 1992 au niveau de l'agglomération pacénienne

? Vient-elle confirmer ce propos ? Y apporte-t-elle des nuances ? Y a-t-il une réduction des

déséquilibres ?

D'après les données de l'INE, en 1976, 90,2% des logements disposaient de l'eau sur l'ensemble de

l'agglomération. Cette proportion a chuté en 1992 à un taux de 88,3%. Dans le détail, on remarque

qu'une plus grande proportion d'habitations y a aujourd'hui accès à El Alto (85,6% contre 83,6% en

1976) contrairement à La Paz, où elle a diminué (89,8% en 1992 contre 91,3% en 1976).

D'après la figure 32, en 1976, au moins une maison sur deux avait accès à l'eau. En 1992, dans

certains secteurs seulement 10% des habitations sont équipées. On pourrait donc penser que d'après

la représentation cartographique, la situation semble avoir empiré entre les deux dates. Il faut

toutefois prendre garde. En effet, la faiblesse de la dernière valeur s'explique dans la mesure où la

carte du recensement de 1992 autorise une approche beaucoup plus fine de la situation, car elle

possède, comme nous l'avons vu, 225 zones au lieu de 90 en 1976. Ceci permet de déceler

l'existence de secteurs très mal desservis alors qu'en 1976, le découpage en zones beaucoup plus

grandes ne le permettait pas. La comparaison nécessite donc de prendre toutes ses précautions.

L'analyse cartographique révèle qu'en 1976, les secteurs les mieux équipés (où plus de 90% des

habitations dispose de l'eau) se localisent essentiellement dans le centre de la Cuenca, puis dans son

prolongement en direction des vallées Sud et de manière isolée à El Alto. Le fort taux d'équipement

du centre de la Cuenca s'explique par le fait que les quartiers sont pour la plupart déjà anciens et ont

été les premiers reliés au réseau d'eau municipal. Le prolongement Sud-Est est également bien

équipé car il correspond au secteur résidentiel en pleine expansion de la classe aisée qui a des

exigences et qui peut se les offrir.

A priori, de façon surprenante, 5 zones à El Alto connaissent, en 1976, un taux d'équipement

compris entre 90 et 95% et les zones Ciudad Satelite et Villa Los Andes, un taux supérieur à 95%,

bien qu'elles soient récentes et habitées par la classe défavorisée (Figure 32). Leur desserte en eau

très satisfaisante se comprend dans la mesure où elles ne résultent pas d'un développement spontané

et anarchique. Au contraire, elles correspondent à des quartiers planifiés, entrepris par les pouvoirs

publics pour répondre à la pénurie de logements, et conçus avec un réseau d'adduction d'eau.

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Figure 32 - Disponibilité en eau courante par secteur

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En 1992, on remarque que le centre de la Cuenca demeure toujours le secteur le mieux équipé. De

même, le quartier de Miraflores situé dans une vallée adjacente à l'Est du centre, et les quartiers de

Calacoto, San Miguel et Achumani dans la Zona Sur, habités par les gens à haut revenus, ont connu

une amélioration notoire de leur desserte en eau (Figure 32). Cependant, certaines maisons

bourgeoises, notamment dans le secteur de Achumani, ne disposent toujours pas de l'eau courante,

et chaque semaine un camion-citerne vient les ravitailler! En effet, l'urbanisation a été extrêmement

rapide et a devancé la viabilisation des parcelles. Ceci reste néanmoins exceptionnel et provisoire.

Le versant abrupt à l'Ouest de la Cuenca reste, quant à lui, dans son ensemble moins bien équipé

que le centre, dans la mesure où il correspond, comme nous l'avons vu, au lieu d'habitation de gens

à bas revenus implantés plus ou moins légalement. Toutefois, les constructions de cette zone sont

davantage approvisionnées qu'en 1976 grâce aux opérations d'intégration et de revalorisation

municipales préalablement étudiées, mais surtout grâce aux captages d'eau et systèmes d'adduction

mis en place par les habitants eux mêmes, regroupés en coopératives, pour palier aux carences du

réseau de la S.A.M.A.P.A (Sociedad Autonoma Municipal para Agua Potable y Alcantarillado :

société autonome municipale pour l'eau potable et le réseau d'égouts).

En ce qui concerne El Alto, la bordure Est, surplombant La Paz, apparaît très bien équipée puisque

au moins 90% des logements y ont l'eau courante, ce qui n'était pas le cas en 1976. Les immenses

terrains de l'aéroport s'avèrent desservis à plus de 90%. En réalité, ils n'abritent qu'un faible nombre

de logements (560) sur lesquels seulement 43 n'ont pas accès à l'eau courante (INE). Les zones

périphériques, surtout à l'Ouest, sont les moins bien alimentées, car l'urbanisation y est très récente,

très peu dense, très excentrée et occupée par les plus défavorisés. Sur l'ensemble de l'agglomération

alténienne, depuis 1976, le nombre de foyers équipés en eau a augmenté aussi bien en valeur

absolue qu'en valeur relative, mais la proportion de logements équipés extérieurement aussi. Ceci

met en avant l'idée que la desserte en services augmente mais elle tend à perdre en qualité. En

outre, certains secteurs équipés ne disposent de l'eau que quelques heures par jours (Baby, 1995).

En résumé, l'agglomération pacénienne révèle des disparités flagrantes en ce qui concerne l'accès à

l'eau, alors que la ressource hydrique abonde avec la proximité de la Cordillera Real, et ce, de

manière encore plus accentuée qu'en 1976. Ces constats confirment l'idée que la ségrégation

augmente à l'intérieur de la métropole. Il serait également intéressant, de cartographier l'équipement

électrique ou téléphonique des logements et leur connexion à un réseau d'égout. Cela permettrait de

souligner aussi les inégalités sociales et les déséquilibres qui affectent l'ensemble urbain. Mais ce

sujet étant un thème d'étude à part entière, nous en resterons à l'exemple de l'équipement en eau.

Les principales composantes démographiques, économiques, spatiales et sociales de la métropole

d'aujourd'hui, nous ont permis de mettre en évidence un certain nombre de problèmes et de

déséquilibres. Cette situation nous amène à penser que l'agglomération a suivi d'autres schémas

d'évolution que ceux proposés par le Plan de Desarrollo Urbano de 1976. Qu'en est-il réellement ?

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