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Les enjeux politiques et sociétaux de l'étude de la guerre dans l'enseignement et les programmes du secondaire


par Anissa LAICHI
Université de Grenoble Alpes  - Master 2 MEEF 2021
  

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2. Enjeux et critiques de ce dispositif pédagogique envisagé.

2.1. Enjeux de ces expérimentations.

Les enjeux de ces deux expérimentations sont multiples. Tout d'abord, il a été fait le choix de réaliser ces expérimentations avec le chapitre 4 « La France défaite et occupée. Régime de Vichy. Collaboration. Résistance » car c'est un chapitre qui présente plusieurs atouts. Premièrement, c'est un chapitre qui ne traite pas que des militaires au front, il traite en majorité des civils qui ont choisi de s'engager auprès des troupes françaises et ce de diverses façons (clandestinité, sabotage, etc.). Deuxièmement, ce chapitre s'inscrit à la fin du thème 1 « L'Europe, un théâtre majeur des guerres totales (1914 - 1945) » ce qui parait adéquat puisque les élèves ont donc acquis des notions et des connaissances qui permettent la compréhension de ce chapitre. Ceci permet d'ailleurs une facilité dans le déploiement de ces dispositifs. Et enfin, ce chapitre permet de faire le lien entre plusieurs enjeux soulevés dans l'état de l'art à savoir l'enjeu politique de l'enseignement de la Résistance ainsi que l'enjeu social de l'étude des figures des résistants (qui permet à la fois la formation du citoyen ainsi que la construction d'une culture commune et nationale).

Néanmoins, la réalisation de ce dispositif présente quelques difficultés potentielles. En effet, il a été difficile de trouver des témoignages de collaborateurs du Régime de Vichy. L'utilisation d'internet permet de trouver un large choix de documents à propos des résistants mais cela n'est pas le cas des documents à propos des collaborateurs.

2.2. Réflexion critique sur le dispositif envisagé.

L'organisation de ce dispositif peut faire l'objet d'une réflexion critique notamment sur les documents choisis pour construire les activités. En effet, dans la séance n°1, l'activité porte sur deux corpus documentaires. Ces deux corpus comportent des documents textuels, iconographiques, des affiches de propagandes. Les affiches de propagande sont essentielles dans ce type de dispositif puisqu'elles traduisent à la fois des informations véhiculées durant le régime de Vichy ainsi que les moyens pour les véhiculer (ici, les affiches). L'analyse d'un extrait du journal d'Agnès Humbert permet l'étude de documents textuels. Cet extrait de journal d'une résistante française est un témoignage de l'action résistante. Etudier un témoignage de résistante permet en outre de travailler la méthodologie de présentation d'un document (auteur, titre, destinataires, source, contexte). Les corpus comportent également une photographie (la rencontre entre le maréchal Pétain et Hitler). Elle permet de travailler également la

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méthodologie de présentation d'une photographie, et permet également de rendre « concret » cette étude, et rappeler qu'elle renvoie à des faits réels. La séance n°2 s'appuie sur un ensemble de documents semblables aux corpus documentaires de la séance n°1 (textes, affiches de propagande).

Toutefois, la critique des supports choisis soulève la faible variété des documents puisque dans les deux séances, nous retrouvons les documents textuels et iconographiques. Il aurait été tout aussi envisageable de construire des activités à partir de vidéos mettant en scène des résistants bien que cela soit compliqué à se procurer. Par ailleurs, le fait que les deux séances portent sur les mêmes types de documents s'explique par la difficulté de trouver des documents divers. En effet, l'utilisation d'internet dans la recherche de supports adéquat se confronte à une grande variété de propositions pédagogiques qui toutes, portent sur des documents iconographiques ou textuels.

En outre, les ressources utilisées pour trouver ces supports sont donc principalement internet grâce au site du réseau Canopé, ainsi que le livre scolaire, manuel d'histoire-géographie sur internet. En effet, le réseau Canopé permet de trouver un ensemble de documents classés par thème ce qui facilite les recherches. Toutefois, il aurait été préférable de construire ses propres sources par exemple en se déplaçant dans les archives départementales ou alors dans les musées tels que le musée départemental de la Résistance du Vercors.

Enfin, le choix des activités est soumis à une réflexion critique. En séance n°1, les élèves travaillent sur un corpus documentaire (individuellement et en groupe) à partir duquel ils doivent répondre à des questions. Il a été fait le choix de les mettre en groupe pour travailler la compétence « Coopérer et mutualiser ». En effet, avant le début de l'activité, le professeur a rappelé les consignes à propos du travail de groupe notamment sur la répartition des tâches. Toutefois, il semble probable que la majorité des élèves ne prennent pas en compte cette consigne ce qui pourrait amener les élèves à ne pas respecter le cadre du travail de groupe. Dans la séance n°2, il a été fait le choix de travailler en collectif et principalement à l'oral avec le professeur. L'intérêt de cette mise en oeuvre permet d'inciter les élèves à prendre la parole à l'oral. Aussi, puisque la trace écrite portait sur la construction d'un schéma heuristique, l'analyse des documents à l'oral n'était pas un obstacle à condition que les idées soulevées à l'oral soient notées au tableau. Les limites de ce type d'activité étant que les élèves ne soient pas « encadrés » si ce n'est par l'intervention du professeur. En effet, il se pourrait que des élèves, du fait que ce soit une activité principalement à l'oral, décrochent et n'investissent plus le cours. Par ailleurs, il a été fait le choix de réaliser ce dispositif en deux séances de deux

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heures. Ces deux séances d'expérimentation ne prévoient pas une dimension chronologique de l'histoire du régime de Vichy et de la France occupée ce qui est pourtant préconisé par le programme officiel. Au contraire, ces deux séances d'expérimentation abordent le régime de Vichy de manière thématique (résistance, collaboration, occupation allemande). De ce fait, la mise en oeuvre de ces séances (4 heures) laisse peu de temps pour cette dimension chronologique du chapitre.

Enfin, d'autres activités auraient pu être envisagées notamment faire visionner un long extrait de film et construire une activité sur un tableau à remplir par les élèves dont les colonnes seraient problématisées du type « Une résistance violence », « la neutralité des Français ». Aussi, sur la séance n°1, il aurait été envisageable par exemple d'effectuer une sortie au musée mémorial de la résistance et y organiser un échange entre un historien spécialiste du régime de Vichy et les élèves sur le thème de la collaboration.

Par conséquent, nous pouvons affirmer que ce dispositif répond à l'enjeu soulevé par l'état de l'art soit la question suivante : en quoi l'étude des guerres dans l'enseignement secondaire reflète-t-elle les choix politiques effectués dans les programmes scolaires ainsi que les enjeux sociétaux et civiques ?

Ici, l'étude des guerres dans l'enseignement secondaire concerne l'étude de la Seconde Guerre mondiale et précisément de la Résistance durant le régime de Vichy. La Résistance est en effet une composante de la Seconde Guerre mondiale puisqu'elle illustre un des conflits armés dans le contexte du conflit mondial opposant la France à l'Allemagne.

Les choix politiques effectués dans les programmes se traduisent dans ce dispositif par la prise en compte des évolutions historiographiques et politiques dans le traitement de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale soit la prise en compte de la diversité des postures durant le conflit mondial et donc de l'étude de la collaboration. Cela n'est pas nouveau puisque, comme nous l'avons évoqué précédemment, cette réalité est avérée dès les années 1970. Pour autant, il persiste aujourd'hui une certaine représentation de la Résistance en France comme cela est démontré par le sondage effectué en séance n°1. Aussi, les choix politiques se reflètent à travers la dimension républicaine qui est mise en avant dans ce chapitre (avec l'étude de la lutte des résistants au nom des valeurs républicaines). Ceci est étudié avec le corpus de documents de la séance n°2. Ce dispositif témoigne également des enjeux sociétaux et civiques de l'enseignement de la Seconde Guerre mondiale. En effet, l'enjeu sociétal de l'enseignement des guerres est l'intégration dans la société française et la communauté de citoyens français qui se

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caractérisent par une culture commune. L'analyse et la compréhension du fait résistant en France dans le régime de Vichy et la France occupée est une composante fondamentale de cette culture commune puisque marquante dans l'histoire de France. Enfin, l'enjeu civique de l'enseignement des guerres est la formation du citoyen et celle-ci se fait par l'appropriation aux valeurs républicaines grâce à l'activité de la séance n°2. Ceci se traduit dans ce dispositif par l'étude de l'engagement (notion fondamentale en EMC) auprès des valeurs républicaines.

Réflexion conclusive

En conclusion, la synthèse des lectures scientifiques a permis d'étayer la théorisation du concept de la guerre avant d'analyser la place de ce sujet dans les programmes de l'enseignement secondaire. Il ressort une forte empreinte politique au vue de la portée sociétale de cet enseignement. En effet, le sujet de la guerre dans l'enseignement secondaire préoccupe et est investi par le pouvoir politique. De par l'intérêt que le pouvoir politique lui porte, cet enseignement est réaffirmé dans tous les niveaux de l'enseignement secondaire, en témoigne sa présence quasi systématique entre la 6e et la Terminale. Sa portée sociétale, précisément civique et morale, le place souvent au centre de débats voire de contestations dans la société comme l'exemple de la prise en compte des devoirs de mémoire. Cela participe en outre à l'évolution de l'approche de la guerre. En effet, bien que notre société ne soit pas directement touchée par la guerre actuellement, elle reste un sujet de société car elle a joué un rôle dans la construction de l'identité française.

Tout cela s'illustre concrètement dans l'enseignement secondaire avec les élèves. Cette problématique est illustrée dans un deuxième temps en classe de 3ème mais elle peut également être soulevée en classe de Terminale. Le développement d'une potentielle mise en oeuvre pédagogique en classe de 3ème basée sur l'étude de la Résistance et de la figure du résistant a permis d'illustrer l'influence politique et la portée sociétale de l'enseignement de la guerre. En effet, cela s'effectue par exemple par l'étude et l'analyse de l'engagement et l'action politique. L'étude de la Résistance dans le cadre de ce dispositif expérimental est une exemple de l'enseignement de la guerre puisque la Résistance est une réalité de la Seconde Guerre mondiale, une lutte principalement armée pour contrer l'occupation allemande. Par ailleurs, l'étude de l'engagement politique est en lien avec l'enseignement moral et civique (EMC). En outre, ce lien avec l'EMC permet donc la construction d'une identité française par la compréhension des idées républicaines mais également la formation du futur citoyen dont

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l'intégration dans la société française nécessite l'acquisition d'une culture historique pour se repérer dans le temps et dans la société actuelle.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein