2. Enjeux et critiques de ce dispositif
pédagogique envisagé.
2.1. Enjeux de ces expérimentations.
Les enjeux de ces deux expérimentations sont multiples.
Tout d'abord, il a été fait le choix de réaliser ces
expérimentations avec le chapitre 4 « La France défaite et
occupée. Régime de Vichy. Collaboration. Résistance »
car c'est un chapitre qui présente plusieurs atouts.
Premièrement, c'est un chapitre qui ne traite pas que des militaires au
front, il traite en majorité des civils qui ont choisi de s'engager
auprès des troupes françaises et ce de diverses façons
(clandestinité, sabotage, etc.). Deuxièmement, ce chapitre
s'inscrit à la fin du thème 1 « L'Europe, un
théâtre majeur des guerres totales (1914 - 1945) » ce qui
parait adéquat puisque les élèves ont donc acquis des
notions et des connaissances qui permettent la compréhension de ce
chapitre. Ceci permet d'ailleurs une facilité dans le déploiement
de ces dispositifs. Et enfin, ce chapitre permet de faire le lien entre
plusieurs enjeux soulevés dans l'état de l'art à savoir
l'enjeu politique de l'enseignement de la Résistance ainsi que l'enjeu
social de l'étude des figures des résistants (qui permet à
la fois la formation du citoyen ainsi que la construction d'une culture commune
et nationale).
Néanmoins, la réalisation de ce dispositif
présente quelques difficultés potentielles. En effet, il a
été difficile de trouver des témoignages de collaborateurs
du Régime de Vichy. L'utilisation d'internet permet de trouver un large
choix de documents à propos des résistants mais cela n'est pas le
cas des documents à propos des collaborateurs.
2.2. Réflexion critique sur le dispositif
envisagé.
L'organisation de ce dispositif peut faire l'objet d'une
réflexion critique notamment sur les documents choisis pour construire
les activités. En effet, dans la séance n°1,
l'activité porte sur deux corpus documentaires. Ces deux corpus
comportent des documents textuels, iconographiques, des affiches de
propagandes. Les affiches de propagande sont essentielles dans ce type de
dispositif puisqu'elles traduisent à la fois des informations
véhiculées durant le régime de Vichy ainsi que les moyens
pour les véhiculer (ici, les affiches). L'analyse d'un extrait du
journal d'Agnès Humbert permet l'étude de documents textuels. Cet
extrait de journal d'une résistante française est un
témoignage de l'action résistante. Etudier un témoignage
de résistante permet en outre de travailler la méthodologie de
présentation d'un document (auteur, titre, destinataires, source,
contexte). Les corpus comportent également une photographie (la
rencontre entre le maréchal Pétain et Hitler). Elle permet de
travailler également la
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méthodologie de présentation d'une photographie,
et permet également de rendre « concret » cette étude,
et rappeler qu'elle renvoie à des faits réels. La séance
n°2 s'appuie sur un ensemble de documents semblables aux corpus
documentaires de la séance n°1 (textes, affiches de propagande).
Toutefois, la critique des supports choisis soulève la
faible variété des documents puisque dans les deux
séances, nous retrouvons les documents textuels et iconographiques. Il
aurait été tout aussi envisageable de construire des
activités à partir de vidéos mettant en scène des
résistants bien que cela soit compliqué à se procurer. Par
ailleurs, le fait que les deux séances portent sur les mêmes types
de documents s'explique par la difficulté de trouver des documents
divers. En effet, l'utilisation d'internet dans la recherche de supports
adéquat se confronte à une grande variété de
propositions pédagogiques qui toutes, portent sur des documents
iconographiques ou textuels.
En outre, les ressources utilisées pour trouver ces
supports sont donc principalement internet grâce au site du réseau
Canopé, ainsi que le livre scolaire, manuel d'histoire-géographie
sur internet. En effet, le réseau Canopé permet de trouver un
ensemble de documents classés par thème ce qui facilite les
recherches. Toutefois, il aurait été préférable de
construire ses propres sources par exemple en se déplaçant dans
les archives départementales ou alors dans les musées tels que le
musée départemental de la Résistance du Vercors.
Enfin, le choix des activités est soumis à une
réflexion critique. En séance n°1, les élèves
travaillent sur un corpus documentaire (individuellement et en groupe) à
partir duquel ils doivent répondre à des questions. Il a
été fait le choix de les mettre en groupe pour travailler la
compétence « Coopérer et mutualiser ». En effet, avant
le début de l'activité, le professeur a rappelé les
consignes à propos du travail de groupe notamment sur la
répartition des tâches. Toutefois, il semble probable que la
majorité des élèves ne prennent pas en compte cette
consigne ce qui pourrait amener les élèves à ne pas
respecter le cadre du travail de groupe. Dans la séance n°2, il a
été fait le choix de travailler en collectif et principalement
à l'oral avec le professeur. L'intérêt de cette mise en
oeuvre permet d'inciter les élèves à prendre la parole
à l'oral. Aussi, puisque la trace écrite portait sur la
construction d'un schéma heuristique, l'analyse des documents à
l'oral n'était pas un obstacle à condition que les idées
soulevées à l'oral soient notées au tableau. Les limites
de ce type d'activité étant que les élèves ne
soient pas « encadrés » si ce n'est par l'intervention du
professeur. En effet, il se pourrait que des élèves, du fait que
ce soit une activité principalement à l'oral, décrochent
et n'investissent plus le cours. Par ailleurs, il a été fait le
choix de réaliser ce dispositif en deux séances de deux
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heures. Ces deux séances d'expérimentation ne
prévoient pas une dimension chronologique de l'histoire du régime
de Vichy et de la France occupée ce qui est pourtant
préconisé par le programme officiel. Au contraire, ces deux
séances d'expérimentation abordent le régime de Vichy de
manière thématique (résistance, collaboration, occupation
allemande). De ce fait, la mise en oeuvre de ces séances (4 heures)
laisse peu de temps pour cette dimension chronologique du chapitre.
Enfin, d'autres activités auraient pu être
envisagées notamment faire visionner un long extrait de film et
construire une activité sur un tableau à remplir par les
élèves dont les colonnes seraient problématisées du
type « Une résistance violence », « la neutralité
des Français ». Aussi, sur la séance n°1, il aurait
été envisageable par exemple d'effectuer une sortie au
musée mémorial de la résistance et y organiser un
échange entre un historien spécialiste du régime de Vichy
et les élèves sur le thème de la collaboration.
Par conséquent, nous pouvons affirmer que ce dispositif
répond à l'enjeu soulevé par l'état de l'art soit
la question suivante : en quoi l'étude des guerres dans l'enseignement
secondaire reflète-t-elle les choix politiques effectués dans les
programmes scolaires ainsi que les enjeux sociétaux et civiques ?
Ici, l'étude des guerres dans l'enseignement secondaire
concerne l'étude de la Seconde Guerre mondiale et
précisément de la Résistance durant le régime de
Vichy. La Résistance est en effet une composante de la Seconde Guerre
mondiale puisqu'elle illustre un des conflits armés dans le contexte du
conflit mondial opposant la France à l'Allemagne.
Les choix politiques effectués dans les programmes se
traduisent dans ce dispositif par la prise en compte des évolutions
historiographiques et politiques dans le traitement de l'histoire de la Seconde
Guerre mondiale soit la prise en compte de la diversité des postures
durant le conflit mondial et donc de l'étude de la collaboration. Cela
n'est pas nouveau puisque, comme nous l'avons évoqué
précédemment, cette réalité est
avérée dès les années 1970. Pour autant, il
persiste aujourd'hui une certaine représentation de la Résistance
en France comme cela est démontré par le sondage effectué
en séance n°1. Aussi, les choix politiques se reflètent
à travers la dimension républicaine qui est mise en avant dans ce
chapitre (avec l'étude de la lutte des résistants au nom des
valeurs républicaines). Ceci est étudié avec le corpus de
documents de la séance n°2. Ce dispositif témoigne
également des enjeux sociétaux et civiques de l'enseignement de
la Seconde Guerre mondiale. En effet, l'enjeu sociétal de l'enseignement
des guerres est l'intégration dans la société
française et la communauté de citoyens français qui se
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caractérisent par une culture commune. L'analyse et la
compréhension du fait résistant en France dans le régime
de Vichy et la France occupée est une composante fondamentale de cette
culture commune puisque marquante dans l'histoire de France. Enfin, l'enjeu
civique de l'enseignement des guerres est la formation du citoyen et celle-ci
se fait par l'appropriation aux valeurs républicaines grâce
à l'activité de la séance n°2. Ceci se traduit dans
ce dispositif par l'étude de l'engagement (notion fondamentale en EMC)
auprès des valeurs républicaines.
Réflexion conclusive
En conclusion, la synthèse des lectures scientifiques a
permis d'étayer la théorisation du concept de la guerre avant
d'analyser la place de ce sujet dans les programmes de l'enseignement
secondaire. Il ressort une forte empreinte politique au vue de la portée
sociétale de cet enseignement. En effet, le sujet de la guerre dans
l'enseignement secondaire préoccupe et est investi par le pouvoir
politique. De par l'intérêt que le pouvoir politique lui porte,
cet enseignement est réaffirmé dans tous les niveaux de
l'enseignement secondaire, en témoigne sa présence quasi
systématique entre la 6e et la Terminale. Sa portée
sociétale, précisément civique et morale, le place souvent
au centre de débats voire de contestations dans la société
comme l'exemple de la prise en compte des devoirs de mémoire. Cela
participe en outre à l'évolution de l'approche de la guerre. En
effet, bien que notre société ne soit pas directement
touchée par la guerre actuellement, elle reste un sujet de
société car elle a joué un rôle dans la construction
de l'identité française.
Tout cela s'illustre concrètement dans l'enseignement
secondaire avec les élèves. Cette problématique est
illustrée dans un deuxième temps en classe de
3ème mais elle peut également être
soulevée en classe de Terminale. Le développement d'une
potentielle mise en oeuvre pédagogique en classe de
3ème basée sur l'étude de la Résistance
et de la figure du résistant a permis d'illustrer l'influence politique
et la portée sociétale de l'enseignement de la guerre. En effet,
cela s'effectue par exemple par l'étude et l'analyse de l'engagement et
l'action politique. L'étude de la Résistance dans le cadre de ce
dispositif expérimental est une exemple de l'enseignement de la guerre
puisque la Résistance est une réalité de la Seconde Guerre
mondiale, une lutte principalement armée pour contrer l'occupation
allemande. Par ailleurs, l'étude de l'engagement politique est en lien
avec l'enseignement moral et civique (EMC). En outre, ce lien avec l'EMC permet
donc la construction d'une identité française par la
compréhension des idées républicaines mais
également la formation du futur citoyen dont
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l'intégration dans la société
française nécessite l'acquisition d'une culture historique pour
se repérer dans le temps et dans la société actuelle.
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