C-Destination des dons de médicaments
Même si les dons de médicaments doivent suivre
le circuit normal pour se retrouver chez les consommateurs, le non-respect des
règles d'acheminement de ces dons en médicaments ; auquel
s'ajoute une insuffisance des contrôles effectués par les
organismes donateurs permettent d'écouler aisément ces produits
sur le marché informel (Darmon, 2006)
Il semble que ce phénomène s'inscrive plus
largement dans un ensemble d'expériences décevantes de la part de
la communauté internationale en matière de dons de
médicaments.
Des comportements pareils ont été
observés un peu partout en Afrique. Pour ce qui est du cas de la ville
de Douala-Cameroun il est récurrent de rencontrer de médicaments
issus de ces voies sur le marché informel.
![](Le-consommateur-face-a-la-distribution-informelle-des-medicaments--cas-de-la-ville-de-Douala-Camero13.png)
Schéma 1 : Pyramide représentant le
circuit du médicament dans le marché parallèle
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Source : Hamel Vincent (2006) ; La vente illicite de
médicaments dans les pays en développement : analyse de
l'émergence d'un itinéraire thérapeutique à part
entière, situé en parallèle du recours classique aux
structures officielles de santé. Thèse doctorat en pharmacie
Le haut de la pyramide représente les réseaux
d'approvisionnement du marché illicite. Puis en se dirigeant vers le bas
de la pyramide on se rapproche progressivement des consommateurs en passant
tout d'abord par les gros vendeurs puis par les petits vendeurs. Ce sont ces
petits vendeurs qui représentent la partie la plus conséquente de
l`offre du marché illicite, symbolisée par la large base de la
pyramide, où s'effectue la plus grande partie des interactions avec la
demande.
2-HETEROGENEITE DES DISTRIBUTEURS ET CONSOMMATEURS
INTERVENANTS SUR LE MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS
Nombreuses sont les études qui portent sur
l'organisation de la distribution des médicaments via le marché
informel en Afrique. (Sjaack, 1982, 1983, 1987a 1987b) pour le Cameroun ;
(Hamel, 2006) pour les pays en voie de développement en
générale ; (Ouattara, 2009) sur le Sénégal et le
Cameroun ; (Chiarella, 2015) pour Madagascar. (Sogbossi, 2016) sur le Benin.
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A-Les distributeurs
Les unités de vente de médicament du secteur
informel incluent une diversité impressionnante d'acteurs dont les lieux
et les méthodes de vente sont propres à chacun. Leur nombre ne
peut être évalué (sauf si la région
étudiée est très réduite) tant le médicament
est vulgarisé. Essayons d'aborder la vente illicite de
médicaments du point de vue du circuit de Distribution. On
s'aperçoit que la structure hiérarchique de l'organisation de la
distribution Favorise la répartition à large échelle des
médicaments.
a- La distribution mobile des médicaments du
« marché noir »
La vente ambulante est une pratique très courante au
Cameroun. Les médicaments sont ainsi vendus de manière informelle
par des commerçants réguliers ou irréguliers. De la
même façon que pour la vente fixe, la vente ambulante de
médicament présente différents degrés de
spécialisation qui évoluera en fonction de l'expérience du
vendeur, de la demande à laquelle il sera confronté ainsi que
d'autres mécanismes relationnels complexes reliant les acteurs du
commerce informel.
En milieu urbain comme rural les « vendeurs de
médicaments sur la tête » déambulent dans les
marchés et les quartiers, Ils suivent des circuits plus ou moins
précis leur permettant de se rendre dans un maximum de
localités.
On se rend bien compte ici que l'offre en médicament
du marché informel est considérablement amplifiée par la
pratique de la vente ambulante. « Une enquête réalisée
par la Direction des Pharmacies et du Médicament du Bénin avec le
partenariat de la fondation Pierre Fabre en mars 2003 rapporte que 65% des 600
ménages interrogés recevaient la visite d'un vendeur plus de
trois fois par mois. En Côte d'Ivoire la vente illicite des produits
médicaux atteint un tel stade d'organisation qu'elle s'effectue dans les
véhicules de transports en commun qui rallient Abidjan aux
différentes villes du pays » (Hamel, 2006). Cette observation est
presque identique au Cameroun, puisque des ventes sont faites également
dans les véhicules de transport commun inter et intra urbain. Des
villageois de localités les plus reculés ont également
accès aux médicaments issus de la vente illicite au moins 2 fois
par semaines. Il est à faire la remarque selon laquelle ce segment de
marché néo-institutionnel n'est pas exploité seulement par
les vendeurs ambulants. Même les vendeurs sédentaires y trouvent
leurs comptes.
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b-La distribution immobile des médicaments sur
le « marché noir »
Les distributeurs du circuit informel sont majoritairement
des hommes. Les niveaux d'instruction des vendeurs sont aussi très
variables ; certaines déclarent que beaucoup d'entre eux
possèdent le niveau secondaire alors que d'autres annoncent un taux
élevé d'analphabètes. L'apprentissage du métier se
fait sur le terrain ou avec les conseils des anciens du métier. Les
grossistes et détaillants rencontrés ici sont installés
dans des boutiques du marché plus aménagées avec un ou
deux ventilateurs, certains vendent seuls, mais d'autres ayants des
employés. Nous avons découvert des structures ayant
jusqu'à 6 employés. A propos du mode de
rémunération de ces employés, aucune bonne information n'a
été dévoilée. Ils disent recevoir en moyenne 1500
FCFA par jour de travail
Nous ne décrivons pas l'ensemble des acteurs de la
distribution informelle mais seulement les grossistes rencontrés au
principal marché d'approvisionnement (marché centrale de Douala).
Les informations ne sont pas disponibles sur les trafiquants importateurs
illégaux de médicaments ou sur les acteurs qui détournent
les stocks.
Il est difficile de donner un profil type des distributeurs
de médicaments sur le circuit informel. On y trouve un brassage culturel
et des populations appartenant à toutes les régions du Cameroun.
On y trouve ceux ayant une formation de niveau supérieure, secondaire,
et primaire.
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Schéma 2 : Aperçu
général de la circulation informelle des
médicaments
![](Le-consommateur-face-a-la-distribution-informelle-des-medicaments--cas-de-la-ville-de-Douala-Camero14.png)
1
Aide internationale
Hôpitaux publics
14
8 9
Secteur public Secteur privé
Niveau international
Niveau national et local
Polycliniques privées
2
15
Vendeurs sur la place et ambulants
10
Individus
11
Acheteurs sur place
18
3
12
13
Pharmacies
5
Marché international
16
Producteurs locaux
6
Grossistes
17
7
4
Source : Kizito Nsarhaza (1997). Au-delà de la
régulation étatique. La gouvernance du marché informel de
la santé : Cas des médicaments au Zaïre
La contrebande (flèches 3 et 4) représente
l'importation clandestine des médicaments sans payer les taxes requises
et subir les control prévus par la loi. Le vente non autorisée
(flèches 8, 10, 12, 13, 14, 15, 17 et18) est le fait des
dépôts pharmaceutiques qui vendent au détail et à
des individus des médicaments. Toutes ventes de médicaments hors
des officines et
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pharmacies tombent dans cette catégorie.
L'approvisionnement du secteur informel par le biais de la vente normale ou
autorisée (6 et 16). Le vol et le détournement (1, 2, 9 et 11)
des produits de santé des pharmacies d'hôpitaux et des stocks
prévenants de l'aide internationale. La production et la vente de faux
médicaments (5,6 et 7).
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