3- UN CONTEXTE SOCIAL, POLITIQUE ET CULTUREL FAVORABLE
POUR LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES
MEDICAMENTS
Il est question ici de décrire l'environnement qui a
favorisé ou catalysé le développement de la distribution
informelle des médicaments. Ainsi nous présenterons tour à
tour le contexte social, politique et culturel.
A-Les raisons d'ordres sociales
L'économie informelle montre une dépendance
encore plus forte vis-à-vis de l'économie formelle. Elle n'arrive
pas à créer des emplois compensant la perte d'emplois formels.
Les emplois crées dans ce secteur sont de plus en plus précaires
et offrent des revenus très inférieurs au seuil de
pauvreté (Hugon, 1996). Le constat est clair que le revenu issu du
circuit informel reste suffisant pour subsister voire vivoter. Il devient dans
ce contexte difficile pour de millions d'habitants de la ville de Douala
travaillant presque tous dans le secteur informel d'avoir accès aux
médicaments des pharmacies modernes qui pratiquent des prix pas du tout
accessibles pour ces derniers (Ouatarra, 2009)
Dans une perspective fonctionnaliste, l'acceptation de la
distribution informelle des médicaments peut apparaître comme une
réponse à l'impossibilité qu'ont les populations
d'accéder à un emploi décent ; à des
médicaments au prix bas. Les conditions et possibilités du
développement du commerce informel des médicaments sont
indissociables de la situation des circuits officiels de distribution (Hamel,
2006). Quand le salaire minimum garanti est de 36000F CFA environ (environ
55€) ; relevant également que le secteur informel en
général offre des revenus largement inférieurs au SMIG ;
il devient aisé de comprendre pourquoi les populations de Douala
majoritairement employées dans le secteur informel font recourt aux
médicaments issus du marché informel.
Dans la plupart des pays africains, comme au Cameroun et
à Douala les textes juridiques déclarent illicite et condamnent
la vente de médicaments en dehors des pharmacies
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et hôpitaux. Cependant, une tolérance officielle
est facilement observable et ce commerce se déroule comme si la vente de
médicaments de la rue était autorisée par les pouvoirs
publics (Ouattara, 2009). La vente de médicaments illicites est
organisée sans qu'un contrôle véritable et des mesures de
répressions fortes soient mises en oeuvre à l'encontre des
différents acteurs.
En fait, les vendeurs informels de médicaments doivent
s'acquitter quotidiennement d'un droit à la municipalité et d'une
taxe de marché, comme si ce marché parallèle était
parfaitement légal. En cas de problèmes, les mesures de
répressions portent sur la confiscation des produits vendu et se
terminent par la libération des vendeurs moyennant des amendes
dérisoires (Fassin, 1985). A Douala au Cameroun, comme dans beaucoup de
pays africain au sud du Sahara la distribution des médicaments
prohibés représente environ 60% du chiffre d'affaires du commerce
pharmaceutique (Ouattara, 2009).
En dehors de ces tracasseries, la corruption propre à
notre environnement politico-social sévie également dans ce
secteur. La distribution informelle ne constitue pas un marché assez
lucratif. Les sommes obtenues dans cette activité servent en effet
à acheter d`autres médicaments, à faire vivre la famille
restée au village ou amenée en ville (Fassin, 1985). La
distribution informelle des médicaments apparaît donc comme
résultant de faits historiques, de contraintes économiques, de
mécanismes sociaux, et politiques.
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