Une stratégie de distribution est dite push lorsque
l'offre pousse le produit vers les consommateurs en se rapprochant de ce
dernier le plus possible. Selon Van Der Geest (1985) le secteur informel de la
distribution des médicaments au Cameroun s'appuie sur 5
catégories de vendeur.
Le groupe le plus important est constitué de
l'ensemble de détenteurs de « magasins traditionnels »
(boutiquier du quartier) qui vendent plusieurs produits utilisés au
quotidien par les ménagères y compris des médicaments. Le
second est constitué des commerçants occupants un espace
commercial dans un marché de la ville pour distribuer des
médicaments et autres variétés de produits. Le
troisième groupe est constitués des vendeurs ambulants qui font
le porte à porte, vont de quartier à quartier et de village
à village pour vendre les médicaments. La quatrième
catégorie est constituée des vendeurs spécialisés
dans la distribution des médicaments. Ils peuvent s'approvisionner
à l'étranger ou sur les réseaux locaux. Il est à
noter que dans cette quatrième catégorie, la vente n'est pas
dénudée de conseils. Ils prodiguent des conseils aux patients et
administrent des injections parfois. La dernière catégorie est
constituée du personnel des institutions légales de santé
donc les uns sont en services et d'autre à la retraite. Ces derniers
généralement ouvrent des points de ventes pour exercer leur
activité.
35
Ainsi l'ensemble de distributeur couvrent tous les lieux de
vente cités plus haut (dans la rue, au marché, au bureau, dans
les véhicules de transports, etc.). Ce mode de distribution parait plus
efficace et permet au client d'acheter les médicaments sans se
déplacer. Il peut se procurer les médicaments à la maison,
au bureau, sur le chemin pour le travail ou sur le chemin de l'école.
C-Distribution informel des médicaments : un
système d'échange reposant sur le social et la
confiance
La solidarité est un élément fondamental
dans les relations interpersonnelles au quotidien en conteste africain. Ainsi
certains distributeurs informels par solidarité viennent au secourt des
nécessiteux. Cela est possible dans la mesure où ils sont
généralement propriétaires gérant de leur
activité.
a-Les possibilités d'offre gratuite de
médicaments aux nécessiteux
« L'hypothèse est alors que ce mode d'allocation
offre plus de souplesse dans les transactions sans perte d'efficacité
économique, cela du fait de son intégration dans des
réseaux familiaux et coutumiers et de l'importante d'adaptabilité
de ses pratiques » (Rey, 1994). L'absence d'une comptabilité
formelle permet aisément des flexibilités de ce genre.
Ces actes sont des initiatives qui trouvent bien leur place
en contexte africain. Contrairement à la distribution formelle ou tout
est formalisé et aucune flexibilité de ce genre n'est permise.
b-Une vente à paiement différé
sans intérêt et sans garantie
Les relations personnalisées qui relèvent de
rapports familiaux ou claniques laissent apparaitre la notion de logique
informelle. Cette logique de distribution peut se définir comme un
principe d'organisation des échanges en plus grande symbiose avec les
usagés. Si toute procédure de coordination et de décision
hors marché relève d'une organisation au sens des «
institutionnalistes » (Menard, 1989), la vente informelle des
médicaments n'échappe pas à cette logique.
Suite à une exploration, une découverte a
été faite sur le phénomène de vente à
crédit des médicaments. Plusieurs clients s'approvisionnaient
auprès du « docta4 » en médicaments
4 Distributeur des médicaments de la rue
36
et réglaient les factures ultérieurement,
certains effectuaient même des règlements mensuels pour le
paiement de leur dette auprès du « docta » lorsque celle-ci
est volumineuse. « Outre la souplesse et la rapidité des
procédures, le morcellement des achats répond à la
faiblesse et à la variabilité des revenus » (Rey, 1994)
Parfois certains malades après des consultations dans
de institutions sanitaires agréés se rendent chez les
distributeurs informels des médicaments à cause de la
flexibilité de paiement, mais également par ce que ce dernier
leur vient en aide lorsqu'ils ont des difficultés financières.
Il ressort des rapports personnalisés qui
caractérisent les échanges informels que la confiance mutuelle
est souvent à la base de la relation dans l'échange informel
(Rey, 1994) outre la réduction des coûts, la solidarité,
évoquées la confiance est au coeur du fonctionnement des
activités informelle en générale et en particulier de la
distribution informelle des médicaments. Cette observation a
été également faite par Charreaux (1990) pour lui, les
transactions informelles reposent sur la confiance qui joue le rôle de la
loi pour garantir le fonctionnement des réseaux dans lesquels
s'organisent les transactions informelles.
Tableau 6 : Quelques clés de comparaison
des systèmes d'échanges
Source : Rey (1994) : Secteur informel et marché :
le cas de la filière halieutique dans le Delta centra du Niger.
2-LE MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS : UN MODELE
NEO-INSTITUTIONNEL
L'activité de vente ambulante des médicaments
est connue aujourd'hui sous les
appellations pharmacie du poteau, de la rue, du trottoir,
à la sauvette, du panier, illégale,
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clandestine, (Socpa, 2011, p.288). En effet toutes ces
appellations désignent le marché informel de la distribution des
médicaments. Une activité qui échappe au contrôle de
l'Etat.