Chapitre 5 : L'analyse transversale des cinq
versions
Nous allons procéder à l'analyse des discours tenus
par les spectateurs en tentant d'isoler les différences
d'interprétation plan par plan selon les versions visionnées.
Pour ne pas alourdir la comparaison, nous commencerons par
analyser, plan par plan, les discours tenus après visionnage des
versions 1, 2 et 3. Nous le ferons dans un deuxième temps pour les
versions 4 et 5.
1- Analyse comparative des interviews suite à la diffusion
des versions 1, 2 et 3
A- Le plan 1
Plan
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Version 1
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Version 2
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Version 3
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1
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M. Neuville, un cadre supérieur d'une entreprise, est
assis à son bureau. Il consulte un dossier. Son téléphone
sonne (à 10''44). Il dirige sa main vers le combiné.
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Identique
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Identique
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Sens perçu
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Les éléments identitaires du personnage principal
sont globalement bien compris par les spectateurs : statut, âge,
etc.
En revanche, l'interprétation temporelle des décors
et costumes est très variable.
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Les éléments identitaires du personnage principal
sont globalement bien compris par les spectateurs : statut, âge,
etc. En revanche, l'interprétation temporelle des décors et
costumes est très variable, ce qui rend la datation de l'action
difficile. L'absence d'un ordinateur et la présence d'un minitel
perturbent un peu plus le datage.
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Le statut du personnage principal n'est pas aussi bien
identifié que prévu. Des professions telles que celles de vendeur
ou de professeur sont citées. Les indices vestimentaires et les
décors intérieurs sont interprétés de façon
variée. Le bureau fait notamment l'objet d'une interprétation
très contrastée.
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Dans ce plan identique dans les 3 versions, le réalisateur
souhaitait montrer le statut du personnage principal par
l'intermédiaire de ses vêtements (costume, cravate), son stylo,
son bureau de directeur : ameublement fonctionnel, plante verte, moquette,
etc. Globalement, ce travail sur la norme identitaire a bien fonctionné,
même si la profession du personnage n'a pas toujours été
correctement identifiée, notamment dans les groupes de la version 3.
Nous chercherons dans la suite des plans ce qui a éventuellement pu les
perturber par rapport aux spectateurs des versions 1 et 2.
En revanche, le choix d'un bureau d'aujourd'hui et de l'acteur
principal - un véritable cadre supérieur en activité,
habillé comme son statut de cadre l'impose aujourd'hui - voulus par le
réalisateur pour rendre compte d'une réalité actuelle
n'ont pas convaincu les spectateurs, d'où des écarts dans la
perception du temps. La réalité n'est donc pas perçue
comme telle.
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