Approche communicationnelle des films de fictionpar Alexandre Chirouze Université Montpellier 3 - Doctorat 2006 |
II- L'analyse des interviews suite à la diffusion de la version 2 : le mari commanditaireTrois réunions furent organisées : les réunions 10, 13 et 15. Comme pour la version précédente, dans l'analyse qui suit, nous indiquerons l'appartenance des citations à telle ou telle réunion. Ce qui frappe les personnes qui ont visionné cette version, c'est avant tout la réaction étrange du personnage principal. Certains lui reprochent le manque de réaction « l'absence totale de réaction du personnage après l'annonce de la mort de sa femme...c'est curieux » (Réunion 10), « Il ne me semble pas réagir comme quelqu'un de normal quand il apprend la mort de sa femme » (Réunion 15), « le personnage n'a pas l'air touché par la mort de sa femme » (Réunion 13). D'autres le soupçonnent d'être pour quelque chose dans la mort de son épouse : « on dirait qu'il a tué sa femme ou qu'il a ordonné qu'on la tue » (Réunion 13), ou tout au moins qu'il s'y attendait : « On dirait qu'il s'y attendait » (Réunion 15). Plus indulgents, certains spectateurs expliquent ce comportement a priori indifférent par les préoccupations professionnelles du personnage principal : « à moins qu'il soit très préoccupé par son boulot » (Réunion 15) ou par une froideur naturelle : « je ne suis pas certaine qu'il s'en foute moi » (Réunion 13). Dans le groupe 10, fut également remarqué par un de ses membres comme élément prégnant « une musique asiatique qui fait penser aux années 70 » et par un autre membre de ce groupe la ressemblance avec « un film américain ». Le personnage principal est perçu comme « un homme d'affaires », « ou un chef d'entreprise », quelqu'un « de bien placé, au minimum un cadre. Il en a tous les attributs vestimentaires : « il porte un costume » (Réunion 13), « il est en costume cravate » (Réunion 15). Des indices spatiaux - « Il a son bureau. Il a la possibilité de s'isoler » (Réunion 13) - et comportementaux confirment ce statut : « Il travaille tard dans son bureau » (Réunion 15). Son statut familial est également bien identifié : « il était marié, puisqu'on nous dit que sa femme est morte » (Réunion 15). Son attitude est globalement jugée assez sévèrement : « : il n'a pas l'air très sensible (...) Il doit avoir un coeur de pierre » (Réunion 13). Sa froideur apparente et/ou ses vêtements et sa coiffure font dire à l'un des participants : « Le look du mec fait allemand » (Réunion 13). Il est « dévoué corps et âme à son entreprise » (Réunion 15), ce qui « n'excuse pas son attitude » vis-à-vis de son épouse. Les plans, lorsqu'il regarde par la fenêtre de son bureau, sont interprétés différemment. Selon certains, « il pense à sa femme. Il pense à la mort de sa femme » (Réunion 13), pour un spectateur plus critique à son égard, « il semble être sur ses gardes. Il regarde aux rideaux pour voir si on ne l'observe pas. Il se sent espionné » (Réunion 13). Dans les trois groupes, le bureau est le principal lieu du déroulement de l'action. L'extérieur (la plage ou le désert) n'est cité que dans deux groupes sur trois. Quel que soit le groupe, le bureau où se déroule l'action principale fut correctement observé : « il y a un bureau normal avec un téléphone, une plante verte », « des rideaux fermés » ou « des stores », « une photo de sa femme », « un frigo » ou « un mini bar Philips », etc. En revanche, les spectateurs jugent différemment les décors. Pour certains, c'est un « un bureau normal...Très banal » (Réunion 10), « classique... rien d'exceptionnel. Il est juste bien rangé » (Réunion 13). Pour d'autres, c'est un bureau qui révèle le statut hiérarchique du personnage dans son entreprise : « Un grand bureau même.. » (Réunion 15). Plus singulière, est la remarque de plusieurs spectateurs qui ne croient pas en la réalité du lieu : « ça fait trop bien rangé pour être vrai. Je pense que c'est tourné en studio » (Réunion 15) ; « le bureau fait un peu trop décor. Rien me semble réel...le désert, etc. C'est étrange comme impression » (Réunion 10). Les décors sont même jugés angoissants : « c'est vrai, ça fait pas un endroit utilisé tous les jours. C'est très froid. Un peu angoissant .. » (Réunion 10). Autre étrangeté constatée par un spectateur : l'absence d'ordinateur, « j'ai remarqué un minitel et pas d'ordinateur, cela me semble bizarre tout de même ». Quelques spectateurs se basent sur la présence d'un objet dans le bureau pour identifier l'espace et le temps de l'action : « j'ai remarqué un minitel (...). Donc cela se passe en France », «y a pas de minitel ailleurs qu'en France.... » (Réunion 15). Même esprit logique en matière de datation de l'action : «il n'y aurait pas ce minitel, j'aurais dit de nos jours mais là je ne sais plus.. une dizaine d'années... ». En ce qui concerne la scène dans les dunes de sable, les avis sont partagés. Certains reconnaissent un désert - « il y a aussi ce passage dans le désert » (Réunion 13) - d'autres pensent plutôt qu'il s'agit d'une plage ou d'un bord de mer : «ce peut-être en bord de mer », « il y a aussi la plage avec le sable, mais je ne crois pas que ce soit un désert ». L'un des spectateurs fait remarquer avec justesse que le cadrage ne permet pas de conclure entre l'une ou l'autre des possibilités évoquées : «c'est une grande étendue de sable et comme on ne voit pas d'eau, on peut tout imaginer... » (Réunion 15). Le doute demeure donc : « C'est un désert ou une plage ? », « oui le Maroc ou l'Espiguette ? », « l'Ile de Ré... ? » (Réunion 10) La personne qui téléphone pour informer le personnage principal et dont on n'entend que la voix off est identifiée très diversement selon les spectateurs. Certains imaginent simplement « une personne qui appelle des urgences » (Réunion 10), ou « un docteur » (Réunion 13), « un médecin. Il y avait du bruit derrière aussi. Un bruit de foule, comme dans le hall d'entrée d'un hôpital » (Réunion 15). Mais cette association hall d'entrée d'hôpital médecin est contredite par certains spectateurs qui pensent reconnaître le bruit d'une gare - « je pense que c'est une gare » (Réunions 10 et 15) - ou d'un aéroport : « je dirais plutôt un aéroport. Il y avait même une annonce je crois » (Réunion 15). « Il y a une annonce derrière, d'un aéroport » (Réunion 10). De là, certains spectateurs sont tentés par une autre association Gare ou Aérogare Tueur. Dans le groupe N°10, à l'intervention de Corinne : « Moi, je pense que c'est une gare », Marie enchaîne « Ah bon ? Il aurait fait flinguer sa femme !? ». Plus tard au cours de l'interview, cette association se précise : « un jetkiller à la Léon401(*) » (Réunion 10). D'autant plus que cette association est confortée par le timbre de la voix au téléphone, « Il a la voix d'un tueur » (Réunion 10) et surtout par un accent étranger prononcé : « c'est un polonais ou un russe », « non ! un corse ou un italien », «le gars avait un accent bizarre, c'est pas net » (Réunion 10), . La voix off évoque, en effet, la mafia : « un accent italien, on aurait presque dit un mafieux » (Réunion 15) ; « L'accent est italien (...) un peu mafieux » (Réunion 13), « - l'accent faisait italien ...- oui, mafioso » (Réunion 10). Cet accent est, pour l'un des spectateurs, pris dans le but de camoufler sa véritable voix : « elle prend un accent plutôt...comme si elle voulait camoufler sa voix... ». L'un des spectateurs a également remarqué une musique extradiégétique, en plus de la musique asiatique, qu'il a reconnu comme étant celle du film Le Parrain : « il n'y a pas la musique du Parrain dedans ? » (Réunion 13). Autre indice pour évoquer le crime prémédité commis par un tueur à gage, les paroles prononcées en voix off : « la personne au téléphone ne se nomme pas, on dirait que c'est un contrat » (Réunion 10), « Il dit « qu'il a tout fait pour qu'elle ne souffre pas » donc c'est soit un médecin soit un tueur. Mais vu son accent, je miserais plutôt sur le tueur. ». Toutefois, malgré ces différents indices convergents, certains spectateurs continuent à croire en une mort « naturelle » : « Je ne pense pas qu'il a tué sa femme » (Réunion 15), « la personne dit « on a tout fait pour qu'elle ne souffre pas » donc oui ça peut venir d'un hôpital » (Réunion 13), « il dit « on a tout fait pour qu'elle ne souffre pas » ...Un tueur ne dit pas ça.. » (Réunion 10). Trois phénomènes intéressants sont à noter : - l'un des spectateurs qui ne croit pas en un crime a entendu quelque chose qui n'a pas été dit : « Moi j'ai entendu : « votre femme a été tuée », non ? » ; - un autre se révolte contre l'association qui est faite Accent italien Mafieux en s'élevant contre ce stéréotype : « Ce n'est pas parce que tu as un accent italien que tu es forcément un tueur. Bonjour, les stéréotypes ! » (Réunion 15) ; dans le même esprit, un participant imagine que la femme « était hospitalisée en Italie, l'accent faisait italien » - un autre est choqué par l'interprétation faite par un autre membre de son groupe : à la remarque « il dit « on a tout fait pour qu'elle ne souffre pas » ...Un tueur ne dit pas ça.. », un autre participant rétorque « si, les pros ! », remarque qui provoque une réprobation amusée : « Myriam, tu n'as pas honte ! » (Réunion 10). Deux autres personnages sont remarqués dans ce film : une femme dans les dunes de sable et un femme en photographie. La femme qui marche dans le sable est habillée en sombre, « en noir » ou « en bleu marine ». Elle porte un foulard, « un fichu sur la tête ». Sa démarche lui vaut d'être qualifiée de plutôt jeune, « elle présente bien.. Elle marche vite en tout cas, c'est pas une personne âgée » (Réunion 10). « La femme qui marche fait mexicaine » (Réunion 13). La femme en photographie « est blonde, je crois », « l'air coquine aussi » (Réunion 10). L'un des spectateurs est plus affirmatif : « elle est blonde, 40 à 45 ans. Elle est assise à un bureau. Elle tient un stylo. C'est peut-être une journaliste » (Réunion 13). En revanche, sa relation avec le personnage principal est moins certaine : « c'est peut-être sa maîtresse ? », « sa femme tout simplement... ». La question que certains spectateurs se sont posés est de savoir s'il s'agissait de la même femme. Or, les avis sont partagés et peu assurés : « Je n'ai pas l'impression que la femme que l'on voyait sur les dunes soit la même que la photo ...ce sont deux personnes différentes » (Réunion 13). L'un des spectateurs affirme que la femme dans les dunes (de dos) est plus jeune que celle sur la photographie : « sur la photo, elle est plus vieille que la femme dans le sable. Non, je pense plutôt que c'est deux personnes différentes ». Ce qui pousse un autre participant à imaginer que la femme sur la photographie est la mère du personnage principal : « peut-être sa mère alors » (Réunion 15). Paradoxalement, d'autres spectateurs pensent au contraire que la femme que l'on voit dans le cadre sur son bureau « peut être sa fille (parce qu') elle paraît plus jeune » (Réunion 10). Il est intéressant de noter l'apparition d'un processus de rationalisation chez les spectateurs à chaque fois qu'il y a un doute dans l'interprétation des images, processus du type : si ce n'est pas cela, c'est sans doute cela... Nous avons relevé deux autres exemples de cette volonté de rationaliser les faits : - N'acceptant pas l'association Accent italien Mafieux, donnée par un des membres de son groupe, « le gars avait un accent bizarre, c'est pas net », un participant imagine une explication : « ou alors elle était hospitalisée en Italie, l'accent faisait italien » (Réunion 10). - Deux spectateurs avancent un argument fallacieux étant donné que l'une des deux femmes portait un foulard cachant ses cheveux : « oui, c'est vrai que sur la photo, elle fait blonde et sur la dune, il me semblait qu'elle était brune », « sur la photo elle est blonde, alors que sur le sable, elle me semble brune » (Réunion 15). Erreur de perception visuelle ou volonté de manipuler les autres, cet argument convainc peu : «cela ne veut rien dire, elle a pu se faire faire une couleur entre temps.. », « mouais, non je pense que c'est la même quand même.. » et laisse planer un doute : « y a un doute, tout de même ». Cette volonté de tout rationaliser conduit parfois à des énormités qui font réagir certains : « Arrêtez de dire n'importe quoi. C'est sa femme sur la photo ! » (Réunion 15). L'un des spectateurs voit dans cette séquence dans les dunes une sorte d'allégorie : « la femme sur la dune, ce n'est peut-être pas sa femme non plus... Ca représente peut-être une femme en général... » L'interprétation des plans de la femme marchant dans les dunes est également variée : - pour certains, il s'agit d'un souvenir du passé : « C'est quelque chose dans le passé. C'est un souvenir de sa femme », « oui, c'est un flashback » (Réunion 10) ; pour d'autres, plutôt la représentation du départ : « ça représente la femme qui part...Il imagine sa femme partir vers un monde meilleur peut-être » (Réunion 15). Certains hésitent entre le départ et le souvenir : « c'est une image du départ, je pense ou alors un souvenir qui lui revient ». L'un des spectateurs y voit même une sorte d'allégorie plus générale : « la femme sur la dune, ce n'est peut-être pas sa femme non plus... Ca représente peut-être une femme en général... » (Réunion 13). L'un d'eux ne comprend pas ou ne veut pas comprendre l'image : « Je vois pas trop ce qu'elle fout là d'ailleurs, mais bon.. » (Réunion 15) Selon l'interprétation des différents indices (l'accent, la photographie, la séquence dans les dunes, etc.), les spectateurs en déduisent la qualité des relations entre le personnage principal et sa femme qui vient de décéder. Certains pensent que le personnage principal a tué ou commandité l'assassinat de sa femme : « il l'a fait tuer », « il s'est débarrassé de sa femme pour toucher l'héritage » (Réunion 15), « on dirait qu'il a tué sa femme ou qu'il a ordonné qu'on la tue » (Réunion 13), « le désert, ça symbolise sa longue traversée du désert qu'il a eue pendant plusieurs années avant de flinguer sa femme », « le mec au téléphone, c'est peut être un tueur alors ... » (Réunion 10). D'autres pensent qu'il est indifférent, qu'il ne pense qu'à lui et à son travail, «je dirais plutôt qu'il s'en fout un peu qu'elle soit morte. Ca ne lui pose pas de problèmes » (Réunion 13), « à moins qu'il soit très préoccupé par son boulot, mais bon, c'est vrai c'est une attitude bizarre » (Réunion 15). D'autres encore pensent plutôt à une longue maladie pénible dont la fin était prévisible et presque espérée compte tenu des souffrances endurées : «on a l'impression qu'il s'attendait à ce coup de fil. Mais, je pense que sa femme était très malade et que la fin était proche. », «Il imagine sa femme partir vers un monde meilleur peut-être » (Réunion 15), « elle était peut-être malade depuis longtemps...Un cancer ou une maladie grave » (Réunion 10). Enfin, l'un d'eux est dubitatif jusqu'à la fin et ne tranche pas entre l'assassinat et la longue maladie : « c'est difficile à dire, en fait. Les deux sont possibles. J'aimerais en savoir plus pour juger » (Réunion 15). Toutefois, dans un des trois groupes, le groupe n° 13, un véritable débat contradictoire s'engage sur la qualité des relations entre le personnage principal et son épouse : « platonique », « non, il s'en fout complètement », «le problème, c'est que l'on ne sait pas qui est la femme sur la photo. Si sa femme, c'est la personne qui est sur la dune et que la photo c'est une autre femme avec qui il a refait sa vie, les relations ne devaient pas être bonnes », « oui, c'est possible. La femme sur la photo, c'est peut-être une autre femme », « ce ne serait que des indices mais cela ne prouverait rien », « oui mais si c'est la même, dans ce cas, il tenait à elle... » (Réunion 13) ; débat qui s'achève sur un consensus : celui qu'il persiste une incertitude quant à la qualité des relations entretenues entre le personnage principal et sa femme... Mêmes hésitations concernant la période au cours de laquelle les spectateurs situent l'action. Plusieurs groupes de spectateurs se dégagent : - pour certains, l'action se déroule dans les années 80, « fin des années 80 », il y a « 20-25 ans », - pour d'autres, l'action se déroule dans les années 90, « « il y a 10-15 ans », - pour d'autres encore, cela se passe de nos jours, « début 2000 », - enfin, un petit nombre hésite. La datation est généralement faite d'une façon assez péremptoire et repose sur des critères vestimentaires, de mode et/ou décoratifs. Les spectateurs qui datent l'action aux années 80 citent : « La moustache, la coiffure, les habits font larges aussi. Ce bar fait 80 », « la photo (sur le bar) aussi » (Réunion 10) Ceux qui situent l'action dans les années 90 citent parfois les mêmes indices : « dans les années 90. Ca fait un peu kitch », « le téléphone fait 90 », « le frigo Philips fait vieux. Il n'y a pas d'ordinateur non plus », « le design fait assez ancien, je trouve. Tout le bureau fait un peu vieillot », « Le téléphone est trop gros. Il n'a pas de portable » (Réunion 13), « pas d'ordi, pas de palm, ni d'écran plat...Tout ça fait un peu ringard...Je dirai : il y a 10-15 ans ; et cette moustache : quelle horreur ! » (Réunion 15). Les participants qui considèrent que l'action se déroule de nos jours s'appuient sur les mêmes indices mais appréciés différemment : « Il a le droit d'avoir une moustache ! Non, en définitive, moi, je trouve que ça fait récent. », « sa cravate est à la mode. Ses vêtements aussi, non, c'est récent... » Les hésitants tentent de rationaliser leur tergiversation : « justement il n'y aurait pas ce minitel, j'aurais dit de nos jours mais là je ne sais plus » (Réunion 15). Certains participants vont plus loin encore en situant l'action « en Automne. Il a des habits qui se portent à cette saison » (Réunion 13) et la nuit, « il fait nuit dehors » (Réunion 10) pour la scène qui se déroule dans le bureau tandis que la scène dans les dunes de sable se passe le jour : « la séquence de la femme dans le désert. C'est le jour. » (Réunion 10). Il est intéressant de voir si des conventions d'un genre cinématographique ont été perçues par les spectateurs. Il apparaît que les spectateurs classent le film dans plusieurs genres différents : - le genre policier vient en tête : « un policier, style Navarro », « Ca fait série policière allemande Le Renard » (Réunion 13 « je pense plutôt à un policier », « un téléfilm policier style Columbo ou Derrick » (Réunion 15). L'un des spectateurs considère qu'il s'agit plutôt d'un thriller : « A mon avis ce n'est pas un policier, un thriller...vous vous plantez. » (Réunion 10), - le genre dramatique et la comédie dramatique sont également cités : « un drame ou une comédie dramatique ». Toutefois, il est intéressant de noter que certains spectateurs donnent une nationalité à la production : « allemande », « C'est vrai que tout fait très strict alors pourquoi pas en Allemagne... », « ça fait film allemand » ou «américaine » : « ça fait très série américaine» (Réunion 10). D'autres classes d'appartenance sont citées : « psychologique, style Z » (Réunion 10), « un film de série B comme Dallas » (Réunion 13), « une saga de l'été avec plein de rebondissements » (Réunion 15), « un court métrage comme on en voit parfois, dont la fin est trouble... », voire un film plus « intellectuel », plus Nouvelle Vague, « ça me rappelle des films de Godard, un peu intello.. » (Réunion 15). Il est à noter que les références sont plus souvent télévisuelles (Navarro, Columbo, Derrick, Dallas, « un truc sur M6 » (Réunion 10) que cinématographiques (Z402(*)de Costa-Gavras, Godard, etc.). Ce phénomène peut s'expliquer, en partie, par le système de diffusion, dans une salle de travaux dirigés, sur un poste de télévision et en format TV sans bande noire (voir les détails des différents formats, dans l'analyse de la version 1). Ce qui fait dire à l'une des participantes : « les couleurs font vives et un peu ternes en même temps. Ca fait télé » à qui une autre participante rétorque : « attention, on le voit sur une télé aussi » (Réunion 13). Est-ce le thème, l'intrigue manichéenne ou le montage du film qui rappela le film Z de Costa-Gavras à l'un des spectateurs, nous ne pouvons pas le dire avec certitude ? En revanche, ce qui est certain c'est que le spectateur qui a fait cette comparaison était sans aucun doute celui qui avait la plus grande culture cinématographique. Avant même de connaître la fin du film, il déclarait : « il remue son shaker comme Charlie Chaplin dans un film où il est de dos et on a l'impression qu'il pleure parce que sa femme a eu un accident et en fait il se fait un cocktail. Il y a une histoire de doubles dans ce film...Ca me fait penser à ça ce film... ». Or, le réalisateur du film projeté s'est, en effet, inspiré d'un court-métrage burlesque de Charlot pour réaliser cette version 2. Le montage du film n'a pas réellement suscité de commentaires particuliers. En plus du flashback ainsi nommé par seulement un spectateur (sur les 24 qui ont visionné la scène dans les dunes de sable), la terminologie cinématographique en matière de montage a été peu utilisée : - des fondus : « il y a des fondus lorsque l'on voit la femme qui marche. C'est assez régulier » (Réunion 10) - des gros plans : «il y a un gros plan sur le téléphone et le frigo aussi » (Réunion 10). Sans doute, en partie, par manque de vocabulaire cinématographique, certains participants ont préféré parler des effets et de leur ressenti : - au lieu de parler de gros plans, ils disent : « il y a deux moments où on insiste beaucoup sur le téléphone et le frigo. L'image reste longtemps dessus », - plutôt que de parler d'une suite de fondus enchaînés, il s'agit d'« un effet lorsque l'on voit la femme dans le désert », « oui, des images superposées » (Réunion 15) ou d'une manière plus imagée, l'un des participants compare les fondus successifs aux paupières qui se baissent : « Ce sont peut-être ses fermetures de paupières lorsqu'il regarde à la fenêtre » (Réunion 10). Ces remarques, somme toute pertinentes, furent parfois suivies de réactions sarcastiques et/ou critiques : « T'as fumé toi ! » (Réunion 10), « oui ça fait un peu cliché. Il attend son coup de fil. Il boit son Scotch. C'est un peu comme dans les films américains » (Réunion 13). La bande son n'a pas non plus suscité de nombreux commentaires autres que ceux déjà cités plus haut : voix off avec un accent étranger, bruits d'aéroport ou de gare, etc. Néanmoins, la bande son a provoqué des impressions partagées par de nombreux participants, la principale étant le sentiment d'étrangeté : « les sons étaient étranges » (Réunion 13). Ce caractère étrange est parfois associé aux effets relaxants : « la musique. Elle est à la fois étrange et relaxante » (Réunion 15), parfois au suspense : « la musique est asiatique...plutôt suspense » (Réunion 13). Le genre de la musique de fond, autre que celle du Parrain diffusée pendant un court laps de temps, est bien identifié : « la musique est asiatique », « on dirait de la musique chinoise ». Certains spectateurs font remarquer qu'elle est présente tout au long du film : « c'est toujours la même musique pendant tout le film » (Réunion 15). Elle est plutôt appréciée. Seule une participante la trouve à la fois énervante et en décalage avec la fiction et principalement le lieu de son déroulement : « La musique m'énerve. Ca va pas avec le film. Ca se passerait en Asie, d'accord, mais là... ». Avec les mêmes éléments filmiques en tête, les spectateurs envisagent selon l'interprétation qu'ils en ont faite différentes fins à cette version 2. Certains imaginent un suicide : « je vois bien un suicide. C'est bien dans le rythme du film » (Réunion 13), «il se sert un verre, se met de l'arsenic et retrouve sa femme », «Son manque d'enthousiasme m'étonne un peu. Alors il va peut-être se suicider. Il semble blasé.. » (Réunion 10). D'autres voient le personnage principal se noyer dans l'alcool : «qu'il se saoule en vidant son minibar... » (Réunion 15) D'autres pensent qu'il va reprendre sa vie routinière et bien réglée, éventuellement après un moment de tristesse, « il continue sa petite vie dans son bureau. Il finit son verre et il se remet au boulot. Un truc comme ça... » (Réunion 13), «je pense au contraire qu'il va s'effondrer, il commence d'ailleurs à pleurer...Puis, il se reprendra pour prévenir ses enfants.. », « oui, Il va préparer les papiers et l'enterrement » (Réunion 15). D'autres encore, majoritairement des participants de sexe masculin, imaginent une vie extraconjugale qui apparaît au grand jour : « il va retrouver son amante. Il est libre maintenant », « je vois bien sa maîtresse arriver dans le bureau. C'est peut-être la femme à la photo d'ailleurs... » (Réunion 10), « je le vois bien se barrer avec sa maîtresse. Il fait ses valises et il s'en va... » (Réunion 13) Quelques uns des participants, dans une perspective de film policier, croient en un meurtre prémédité et poursuivent l'histoire après se l'être appropriée : - soit par une suite d'actions : « il va faire ses valises et quitter le pays ...oui, je vois bien cela aussi et le tueur le poursuivre pour récupérer son argent ou le faire chanter » (Réunion 15), - soit par une séquence émotion et remords : « je le sens mitigé. Finalement, on se dit qu'il regrette ce qu'il a fait, et s'il avait vraiment envie de la tuer... » (Réunion 10),- soit par un mélange de remords et de vengeance : « il va peut-être regretter ce qu'il a fait en se souvenant des bons moments avec sa femme. Il va retrouver le tueur et se venger... » (Réunion 10). Toutefois, ce positionnement policier du film est contesté par de nombreux participants qui s'appuient sur le sens qu'ils ont perçu de certaines scènes : « s'il voulait la tuer alors pourquoi pleure-t-il à la fin ? » , « bonne question ! » (Réunion 10), « vous regardez trop les séries américaines....Je pense au contraire qu'il va s'effondrer, il commence d'ailleurs à pleurer... » (Réunion 15). A la suite de la projection de la deuxième partie du film, donc avec la fin non visionnée lors de la première diffusion, les avis sur la séquence de fin sont variés. Toutefois, la satisfaction du personnage principal saute aux yeux de la plupart des participants : « finalement, il a l'air content » (Réunion 10), « il a l'air bien content. Il trinque comme si il fêtait une victoire », « je dirai même qu'il a enfin une émotion ! Il a un sourire en coin », « il est plus dynamique aussi » (Réunion 13). Viennent ensuite des tentatives, souvent sans fondement, pour expliquer ce retournement assez inattendu : «c'est peut-être sa maîtresse sur la photo ...alors ! », « il trinque avec sa maîtresse et maintenant une nouvelle vie commence pour eux... » (Réunion 10). Quelques spectateurs se félicitent d'avoir cru en la noirceur des sentiments du personnage principal : « ouaih ! C'est clair ! Il l'a fait descendre.. », «oui pas de doute, cette fois » (Réunion 15). D'autres disent avoir anticipé cette fin en raison du climat, du style, de la structure et du montage du film : « un Derrick », « ça reste toujours dans la logique des films des années 80. Avec cette suite de plans.. » (Réunion 13). Ce que certains contestent : « Si le tueur c'est lui, je ne vois pas trop un policier sauf si c'est un Columbo où on connaît le tueur dès le début ». (Réunion 13). En dépit des évidences, quelques spectateurs restent convaincus ou plutôt veulent se convaincre qu'il ne s'agit pas d'un assassinat, quitte à inventer des détails, des plans, des circonstances atténuantes : « il y a une pub derrière le bureau non ? Il me semble qu'il a mis un cachet dans son verre... », « il trinque peut-être parce qu'il se dit : j'en ai plus pour longtemps moi aussi je vais te rejoindre et puis il se suicide » (Réunion 13). Contre cette interprétation morale mais fausse, certains réagissent assez vivement : « non pas du tout ! C'est plutôt je t'ai bien eu ! Et il fête sa victoire », « oui il est ironique, cynique aussi », (Réunion 13), « je crois plutôt que c'est sa femme sur la photo et il trinque en pensant : Ah Ah ! je l'ai bien eue... » (Réunion 10). D'autres vont même jusqu'à justifier ce crime par le comportement de la femme assassinée : « surtout qu'elle avait vraiment l'air d'une garce sur la photo... » (Réunion 10), « c'était évident. Vous n'avez pas remarqué le sourire bizarre de sa femme sur la photo. Elle tient une balle de tennis et le nargue. Il a pété un plomb à force d'être traité comme cela.. », « ça ressemble à une vengeance. Elle a dû lui faire quelque chose de terrible pour qu'il réagisse comme ça... » (Réunion 15), « oui, on dirait une vengeance. On dirait qu'il lui en voulait. A sa manière de trinquer. Ca fait un peu, c'est moi qui ai eu le dernier mot » (Réunion 13). Il n'en demeure pas moins vrai que la plupart des spectateurs admettent être surpris par cette fin : « je suis assez étonnée. Je ne pensais pas qu'il avait fait ça... », « ça alors, je suis plus qu'étonnée. On avait l'impression qu'il pleurait, de dos... » (Réunion 15). Ce trucage classique fit illusion sauf auprès du cinéphile qui avait reconnu le thème d'un court métrage burlesque de Chaplin : « qu'est-ce que je vous avais dit : du Chaplin ! ». L'idée première qui ressort dans les propos de la plupart des autres participants est qu'ils sont tombés dans le piège du réalisateur et/ou de l'acteur : « il s'est bien foutu de nous en fait » (Réunion 15), « il cachait bien son jeu, il faisait presque pitié » (Réunion 13), « On nous a bien trompé, c'est bien joué, on serait sur nos gardes si cela continuait.. », « Oui, on nous a bien manoeuvrés au départ pour que l'on croit aux sentiments de ce type alors qu'il cachait bien son jeu » (Réunion 15). Certains spectateurs apprécient cette manipulation : « c'est un court-métrage assez prenant. On a l'impression d'être baladé : curieux ! » (Réunion 10). D'autres semblent un peu désorientés : « la fin est tellement surprenante que je ne sais pas en fait si c'est un film dramatique ou drôle », « oui, c'est vrai, on est partagé. C'était le but sûrement » (Réunion 15). Néanmoins, certains spectateurs donnent l'impression de refuser cette fin que leur impose le réalisateur, de vouloir reprendre la main : « c'est plutôt un policier. Donc un flic va apparaître à l'écran », « il doit y avoir une affaire d'héritage. Le type au téléphone, ça doit être un tueur à gages », « il va venir chercher son fric et l'autre va le tuer pour ne pas laisser de trace... » ; « Il aurait pu faire ça avec en plus sa maîtresse qui entrait dans le bureau » (Réunion 13)
Cette fin inattendue est appréciée très différemment. Elle est jugée « ignoble » par certains, « sympa » par d'autres (Réunion10) et, à travers elle, est jugé le personnage principal : « c'est un sacré dégueulasse ». Les critiques les plus véhémentes émises contre le personnage principal viennent généralement des participants de sexe féminin qui croyaient en ce personnage lisse, bien sous tous les rapports : « cela dit cette fin était imprévisible, il semblait si bien » (Réunion 15). Cependant, contre toute attente, quelques spectateurs continuent à penser que le personnage principal avait aimé sa femme : « je pense qu'il l'aimait bien au fond... » (Réunion 10), « il ne l'aimait plus », « il ne voulait pas forcément s'en débarrasser » (Réunion 13). Cette interprétation déclenche bien sûr les sarcasmes des autres : « (il l'aimait bien au fond)... oui, enfin...morte ! », « Hasta la Vista Baby » (Réunion 13) et de nombreux rires. Aussi, n'est-il pas vraiment étonnant que la plupart des participants imaginent une suite « bien immorale » (Réunion 10) : « il fait ses valises et change de vie », « il va chercher ses dollars », « il va partir avec quelqu'un et changer de vie » ou « il va rester dans son bureau et faire comme si de rien n'était. Il a gagné : il peut savourer sa victoire ... » (Réunion 15). Le cinéphile du groupe 10, amateur des films de Chaplin, reconnaît en fin de réunion que notre film « est plein de détails. Il faudrait le revoir, je crois, pour bien percuter ». Aussi, compte tenu de la variété des avis et opinions des spectateurs que nous venons de présenter, nous allons comparer pour chacun des plans du film le sens que souhaitait générer le réalisateur avec celui perçu par les spectateurs comme nous l'avons fait pour la version 1 et nous le ferons pour les trois dernières versions. Analyse comparative du sens
III- L'analyse des interviews suite à la diffusion de la version 3 : le mari volage403(*) Trois réunions furent organisées après diffusion de cette version : les réunions 6, 11 et 12. La première réaction des spectateurs de cette version 3 est de trouver le film diffusé « bizarre », « étrange » à la fois par l'atmosphère qu'il crée - « c'est une atmosphère étrange, l'histoire semble banale mais on sent que quelque chose est anormal » (Réunion 11), - et par l'attitude du personnage principal : « La réaction du type est bizarre » (Réunion 6), «le mari est étrange » (Réunion 11). Les spectateurs pressentent un contraste entre le scénario qui semble, à première vue, assez simple, voire banal et ce qui va se passer par la suite : « je suis choquée par ce film. La réaction du personnage n'est pas normale. Il doit préparer quelque chose », «un mauvais coup, sans doute » (Réunion 6), « ce film joue sur l'abstrait. Mais c'est un peu ennuyeux », « c'est pas très clair non plus », « c'est pourtant simple, il apprend que sa femme vient de mourir », « oui, le scénario n'est pas compliqué », « on ne sait pas vraiment, en fait ». (Réunion 12). Si le personnage principal est jugé par la plupart des spectateurs assez étrange dans son comportement, c'est principalement en raison de sa gestuelle : « sa gestuelle est étonnante. Il semble embarrassé » (Réunion 6), « il est un peu hésitant. Dans sa manière de bouger surtout » (Réunion 11). Avec le store, « il le ferme tout de suite après l'avoir ouvert. C'est étrange comme réaction », « ou alors il est très maniaque... ». De là, certains en déduisent très vite que la situation n'est pas normale et en cherche les causes : « en tout cas, il n'est pas net. On dirait que c'est lui qui a monté le coup », « il est étrange mais peut-être pas jusqu'au point de la tuer » (Réunion 12). Une interprétation que l'un des spectateurs ne partage pas : « ses gestes, sa façon de parler le montrent », c'est un directeur d'entreprise. Les indices vestimentaires, gestuels, décoratifs ne conduisent pas tous les spectateurs à cette conclusion statutaire et professionnelle. Les avis sont, en effet, partagés, d'aucuns pensent que le personnage principal est un enseignant, «on dirait un prof » (Réunion 6), d'autres le croient « cadre », « homme d'affaires », «patron », « chef d'entreprise », - il a un bureau de directeur et tout, ses gestes, sa façon de parler le montrent » -, ou encore vendeur : « je le verrai plutôt vendeur. Il a le look d'un vendeur » (Réunion 6). Son bureau est un élément déterminant d'identification pour certains spectateurs : « il a un bureau de directeur » (Réunion 11), « il a l'air à l'aise dans son bureau », « oui, une sorte de patron, vu son bureau ». Plusieurs d'entre eux, étonnés de la présence d'un minbar, le voient même en PDG d'une grande entreprise : « il y a un frigo aussi. Il y a de l'alcool dedans... oui, c'est curieux d'ailleurs. C'est peut-être le patron d'une grande boîte ? ». Seul, un spectateur lui donne explicitement un âge : « il doit avoir 50 ans » (Réunion 12). Autre paradoxe, après avoir jugé le bureau plutôt « directorial », un bon tiers des spectateurs le trouve simple, parfois démodé et mal équipé : « il n'a rien d'extraordinaire. Il y a un vieux téléphone blanc », « il n'y a pas d'ordinateur non plus », « son mobilier ne colle pas », « il y a un vieux frigo en plus. Philips », « il est un peu en désordre son bureau » (Réunion 6). Ce décalage en choque certains : « oui, c'est étonnant qu'il possède un téléphone comme ça », « il ressemble à un PDG en plus. Son mobilier ne colle pas ». Tout ceci pousse quelques participants à imaginer des raisons logiques : - le conservatisme du personnage : « c'est un mec qui aime garder ses affaires. Il a son petit bureau et ses petites affaires depuis le début. Il ne veut pas changer ses meubles... », «il a l'air d'être assez chiant » ; - des difficultés financières : « Son affaire ne doit pas bien marcher ». Deux spectateurs mettent également en avant le fait que son bureau n'ait pas l'air d'un véritable lieu de travail : « le bureau est aseptisé, ça fait pas réel », « dans le bureau, le store fait placé exprès », « tout est rangé, il n'y a pas de papiers. Il ne travaille jamais dedans, c'est pas possible ». Mais, ce dernier argument est repris à l'envers par d'autres participants : « tu n'as jamais vu un bureau de directeur, on dirait. C'est toujours comme cela... », « sa secrétaire doit avoir tous ses dossiers » (Réunion 11). Les spectateurs ont remarqué d'autres personnages que le personnage principal ; en premier lieu, une femme marchant dans des dunes de sable, en second lieu, la femme en photographie. La femme marchant dans le sable - d'un désert ou d'une plage selon les participants - est vue brune pour certains, blonde pour d'autres, et porte un foulard pour les plus observateurs : « on ne voit pas ses cheveux avec le foulard » (Réunion 6). Elle est habillée « en noir » ou « en bleu », « est pieds nus » (en réalité non). Son âge est également sujet de controverses : - pour certains, elle est assez jeune, plus jeune que le personnage principal : « Elle est de dos mais semble plus jeune que lui », « tu vois ça à sa démarche ? », « oui entre autres, mais surtout à sa silhouette » (Réunion 6) ; - pour d'autres, elle est âgée : «c'est une vieille dame avec un foulard » (Réunion 11). En revanche, l'interprétation de cette séquence est assez consensuelle et tourne autour : - du souvenir : « Ce doit être un souvenir d'elle » ; - du départ : « il la voit partir », « Ca représente la femme qui s'en va » (Réunion 12) ; - de la mort : « C'est une représentation de la mort » ; de l'au-delà : « ça rappelle un peu la mythologie ancienne avec cette femme qui part vers l'au-delà » (Réunion 11), ; de la délivrance après une longue maladie : « C'est une délivrance. Elle était peut-être malade.. » (Réunion 12). Il est intéressant de noter que ce quasi-consensus de sens résulte d'une scène qu'un spectateur qualifie de cliché : «c'est assez cliché...La femme qui s'en va... ». Le lien entre la femme marchant dans le sable et celle en photographie n'est pas clairement défini. Certains spectateurs se posent des questions quant à leur statut matrimonial : « femme » ou « maîtresse » ? ; « la femme est filmée de dos. On a du mal à savoir qui c'est. ..C'est peut-être sa maîtresse aussi ? » (Réunion 12). Sur la photo « en noir et blanc », on voit une femme qui « n'était pas mal » mais, comme l'avoue l'un des participants : « Je ne sais pas si elle a un rôle là-dedans » (Réunion 11).
La personne qui téléphone au personnage principal pour annoncer le décès de l'épouse de ce dernier est clairement identifiée comme étant une femme. Plusieurs remarques dénotent le doute que cette voix provoque : « Mais ça semble un peu robotisé. Ce n'est pas naturel. Ca fait un peu voix de répondeur » (Réunion 11). Le fait que cette femme ne se présente pas et tutoie le personnage principal est également utilisé comme élément d'identification : « C'est quelqu'un de la famille ou une amie » (Réunion 6), « c'est l'amante », « oui, c'est sa maîtresse », « elle le tutoie. Elle ne se présente pas. C'est forcément sa maîtresse » (Réunion 12). Cependant, quelques uns des spectateurs s'interrogent sur la réalité de cette tautologie un peu rapide : « (C'est forcément sa maîtresse) - non, ce n'est pas sûr. On n'en sait pas assez. On ne connaît pas les circonstances de la mort de sa femme », « en plus, ce n'est pas parce que tu tutoies quelqu'un que tu es sa maîtresse.. », « moi, j'aimerai bien voir la suite pour juger... » (Réunion 12). En outre, certains spectateurs, sans avoir d'indice particulier, penchent plutôt pour croire qu'il s'agit d'une personne de l'hôpital : une infirmière, un médecin. Ils justifient le tutoiement : « une femme médecin qu'il connaît », « vu la thune qu'il doit avoir, il a sans doute des copains toubib ». D'autres s'attachent plus au contenu des paroles et associent le discours froid au corps médical : « elle ne cherche pas à dialoguer, on a même l'impression qu'elle est pressée », « ça doit être un médecin sans état d'âme, il fait son boulot et ne veut pas communiquer », « oui, une infirmière surchargée » (Réunion 11). Malgré toutes ces remarques, il n'en reste pas moins vrai que la plupart des spectateurs estime que les relations entre le personnage principal et son épouse n'étaient pas excellentes : - soit parce qu'elles se sont distendues avec le temps, « il n'y en avait plus » (Réunion 6) ; - soit parce que la femme était malade depuis longtemps et que sa mort était presque une délivrance, « elle était malade depuis très longtemps », « c'est sur que si sa femme est malade depuis longtemps, c'est parfois difficile » (Réunion 6), « il savait depuis longtemps qu'elle allait mourir. Il savait même que c'était pour ce soir, donc il était préparé... », « oui, c'est vrai, il joue bien ce registre » (Réunion 11). La longue maladie reste, en effet, l'interprétation la plus fréquente et justifie, aux yeux de quelques spectateurs, son attitude détachée voire son soulagement. D'autres sont plus sévères et ne comprennent pas, quelle que soit la cause de la mort, l'attitude du personnage principal : « très distante, vu sa façon de dire « merci de m'avoir prévenu ». Il s'en foutait un peu » (Réunion 6), « il ne semble pas effondré par la nouvelle ». Son attitude est encore moins acceptée encore par certains qui lui reprochent de boire un verre devant le portrait de sa femme, « non, c'est vrai, il boit son verre, ok, mais il n'y a rien qui montre sa tristesse » (Réunion 11), « Il trinque devant la photo de sa femme et semble délivré », « c'est bien qu'il y avait un problème. Cette fois, elle semble bien partie et ça l'arrange », « oui, finalement il est soulagé d'un poids » (Réunion 12). Plusieurs spectateurs font également remarquer que dans une situation comme celle-là le devoir d'un mari était d'être auprès de son épouse : « pourquoi il n'est pas à son chevet ? » (Réunion 6), « l'on se demande ce qu'il fait dans son bureau à un moment si grave. Il n'est pas au chevet de sa femme. C'est étrange.. » (Réunion 12). De ces interprétations se dégagent deux catégories de spectateurs : la première considère que le mari n'y est pour rien dans la mort de sa femme, la deuxième que le mari a peut-être aidé le destin. Ces deux catégories s'affirment davantage encore lorsque les spectateurs associent ce film à un genre cinématographique. Certains spectateurs le classe dans le genre policier : « ça peut-être un policier aussi », « je pense à un policier aussi » (Réunion 12), « ça fait un peu série B policière. Un téléfilm de 21H. à la télé » (Réunion 11). Ce classement ne repose sur aucun élément précis, seulement une impression générale, un climat, ce qui fait réagir les tenants d'un film plutôt dramatique : « je ne vois pas ce qu'il y a de policier là-dedans : je pense plutôt à un drame » (Réunion 11). « c'est plutôt un drame, je trouve », « oui plutôt un drame » (Réunion 12), « je pense à un drame aussi, un peu psy sur les bords », « oui, éventuellement à une comédie dramatique » (Réunion 11). Leur argumentation repose sur plusieurs points : le film est « lent...mou ...angoissant », « intellectuel, on a beaucoup de questions. Il faut beaucoup réfléchir pour comprendre » ; c'est un film « où l'on se pose beaucoup de questions » (Réunion 6), « c'est un film troublant en tout cas, très psy... », « oui, en tout cas pas facile. Il parle de couple, de maladie, de mort ...intéressant mais pas drôle » (Réunion 11). D'autres avis furent émis concernant d'une part l'origine du film, d'autre part la longueur du métrage et son format. Son origine est fluctuante selon les spectateurs : « cela fait un peu série américaine ou allemande », « Le gars avec son verre dans son bureau, ça rappelle Dallas. Mais l'acteur a une tête de français quand même... » (Réunion 11), « une série française à la télé » (Réunion 12). L'identification de l'origine du film s'appuie sur les décors et la physionomie des acteurs, mais aussi sur le récit de la fiction : « ça fait téléfilm américain. Le gros chef d'entreprise qui perd sa femme...c'est fréquent » (Réunion 6). Mais, elle fait rarement l'unanimité : « dans un téléfilm américain, le bureau serait différent et plus moderne » (Réunion 6). De même, le type et la longueur du métrage sont diversement appréciés : « un court métrage intéressant qui interpelle quelque part » (Réunion 12), « c'est un court métrage », « une pub mais je ne vois pas trop pour quoi », « pour Philips peut-être ». Un spectateur pense à un extrait de film : « ça doit être un extrait seulement qu'on nous a montré là je crois » (Réunion 6). Un autre propose plusieurs hypothèses liées à la durée du film : « je pense que c'est un court-métrage, mais ça pourrait être le début ou la fin d'un film plus long » (Réunion 11). Son caractère télévisuel est souvent cité : « Un téléfilm de 21H. à la télé » ou une série, comme nous l'avons déjà signalé. Il est parfois associé à un élément filmique : les décors, une échelle de plan fréquente, les couleurs de l'image : « les décors font téléfilm », « Le gros plan sur le téléphone, ça me rappelle la télé » (Réunion 11), « les couleurs sont trop vives », « à la télé, on voit ce genre de couleurs » (Réunion 6). Toutefois, comme dans les autres versions, ce phénomène peut s'expliquer, en partie, par le système de diffusion, dans une salle de travaux dirigés, sur un poste de télévision et en format TV sans bande noire (voir les détails de des différents formats, dans l'analyse de la version 1) : « la qualité de l'image n'est pas excellente.. (mais) c'est sûrement le poste de télé qui fait cela » (Réunion 6). En outre, l'association Gros plan téléfilm est, à juste raison, critiquée par certains participants : « y a pas qu'à la télé qu'il y a des gros plans, man ! » (Réunion 11). On sait l'importance de la musique dans la bande sonore et son rôle dans la perception du genre. Plusieurs spectateurs justifient le classement du film visionné dans le genre policier par cette musique : « la musique fait film policier, je trouve, « le rythme de la musique fait meurtre prémédité » (Réunion 12). Ce que ne manque pas de contester d'autres participants : « je ne trouve pas mais bon... ». La musique est, en effet, jugée de différentes façons : « une musique douce », « ça manque d'action », « elle semble ancienne aussi » (Réunion 6), « une petite musique de fond », « oui, elle me rappelle la musique d'American Beauty » (Réunion 11), «elle n'était pas mal, une musique de circonstance, quoi » (Réunion 6). En plus de la musique de fosse, certains spectateurs ont remarqué des bruits diégétiques, notamment des bruits de verre. Là encore, les avis les concernant sont divergents. L'un des spectateurs les trouvent artificiels : «ils semblent rajouter » (Réunion 11), mais à la demande d'explication d'un autre participant - « ah, oui ? Et qu'est-ce qui te fait dire cela ? - il semble moins sûr de lui : « ils sont trop forts mais tu as raison avec un bon micro... ». En réalité, aucun bruit n'a été enregistré après le montage des images. Si l'on excepte la musique extradiégétique et la voix off au téléphone, les sons furent tous enregistrés en prise directe sur site, c'est-à-dire sur le lieu du tournage. Ce sont donc des sons synchrones. En revanche, le volume sonore a été légèrement augmenté sur la table de montage numérique par le réalisateur-monteur. En matière de montage, les spectateurs n'ont pas été très perspicaces. Des remarques surprenantes ont été faites telles que : « il n'y a pas de changement de plans » (Réunion 6) alors qu'il y a 22 plans au total, dont 15 avant la coupure. Viennent ensuite des considérations très générales et des appréciations personnelles soit positives, « j'ai bien aimé les effets quand la femme marche dans le sable », « oui, c'est pas mal », « c'est vrai, c'est à la fois joli et évocateur : le passage », soit plutôt négatives : « les gros plans sur le frigo et le téléphone. Ils sont très voyants » (Réunion 11). La projection dans l'avenir proposée aux spectateurs génère différentes fins possibles, des plus simples aux plus mystérieuses. Première hypothèse suggérée, le personnage principal gère sa vie comme ses affaires : « il va à l'enterrement », « il va réfléchir et téléphoner à sa famille », « il va finir son verre » et, éventuellement « pleurer un peu dans son bureau » (Réunion 6), ou « il va peut-être annuler ses rendez-vous pour partir à l'hôpital », « à mon avis, on va rester dans le bureau. Il ne semble pas vouloir sortir » (Réunion 11). Deuxième possibilité, le personnage principal vit mal la mort de son épouse et veut mettre fin à ses jours : «je verrai une fin tragique : un suicide par exemple », « ou une plongée dans l'alcool ». D'autres spectateurs ne croient pas en ces fins somme toute banales - « non, on reste dans le cliché » (Réunion 12) - et pensent plutôt à quelque chose de plus original : « je le verrai bien faire quelque chose de plus original », « quoi par exemple, aller boire un verre dans une boîte ? » (Réunion 6). Certains pensent que l'histoire est trop étrange, pour qu'une surprise n'ait pas lieu : « oui, c'est vraiment étrange comme histoire... », « il peut y avoir une surprise », « on sent le suspense... » (Réunion 12). Aussi, plusieurs d'entre eux imaginent l'apparition d'une maîtresse : « La maîtresse arrive maintenant.. », « oui, la secrétaire semble être sa maîtresse » (Réunion 12) ou, plus insidieusement, « sa secrétaire va peut-être arriver. » (Réunion 11) : hypothèse que rien dans la première partie du film ne laisse imaginer comme le fait remarquer l'une des participantes : « le problème, c'est que l'on n'a pas vraiment d'explications sur la femme dans le désert. J'aurais aimé en savoir plus sur cette femme » (Réunion 12). Certains spectateurs imaginent une fin moins scabreuse mais tout aussi originale : « il va rester dans ses visions à réfléchir sur le passé », « et nous allons avoir un retour arrière, dix ans plus tôt, par exemple.. », « oui ce serait pas mal », « mouaih pourquoi pas.. ». L'un des spectateurs suggère également qu'il n'y ait « pas de fin, c'est à nous de l'imaginer... » (Réunion 11). A la suite de la projection de la deuxième partie du film, avec la fin imaginée par l'auteur réalisateur, les réactions sont, encore une fois, très diverses. Certains ne voient rien de plus que ce qui est montré : « On voit des jambes et alors ?...Ce n'est pas forcément sa maîtresse » (Réunion 11), «on ne voit que des jambes, rien ne prouve que c'est sa maîtresse » (Réunion 6). Quelques-uns apprécient cette ambiguïté qui attise le suspense : « ce peut être fait exprès pour que le suspense demeure. On ne sait pas qui elle est : sa secrétaire, sa maîtresse, une copine, sa fille ... ? », «En fait chacun peut imaginer ce qui lui plait, c'est bien amené.. » (Réunion 12). D'autres plus nombreux pensent à une relation extraconjugale : « il semblait triste alors qu'en fait non. Il trompait sa femme ! », (Réunion 6), « je savais bien qu'il y avait quelque chose d'anormal. Il a sans doute une maîtresse » (Réunion 11). Le cadrage adopté par le réalisateur oriente quelques spectateurs vers cette conclusion : « c'est filmé pour ne montrer que les jambes. On ne voit pas son visage donc il n'y a que le corps de la femme qui intéresse l'homme », « en plus, elle est très près de lui » (Réunion 12). Cette interprétation même justifie à leurs yeux le comportement détaché du personnage principal lorsqu'il apprend le décès de son épouse : « Ca explique pourquoi il a réagi comme cela quand il a appris la mort de sa femme » (Réunion 11). Cette fin leur paraît conforme au début « si c'est sa maîtresse, oui » (Réunion 6). D'autres encore tentent de reconstruire l'histoire, en proposant leur récit : «à moins que ce soit la femme aux jambes qui l'ait tuée », « ou alors c'est sa femme que l'on voit. Elle n'est pas morte », « ou alors il a tué sa femme » (Réunion 6). ), « la personne à la photo c'est bien la femme qui est morte ... » (Réunion 11). Dans cet esprit, certains imaginent des scénarii plus surprenants encore : « elle est jeune aussi. C'est peut-être sa fille », « c'est peut-être un canular...C'est sa femme qui lui a fait une blague », « ou une arnaque aux assurances » (Réunion 6), « il est possible aussi que la femme en question soit sa femme justement ! Elle n'est pas morte et elle vient se venger » (Réunion 12). L'un d'entre eux imagine même un flash back : « cela peut être un deuxième flash back, il revoit sa femme entrer dans son bureau » (Réunion 12). Quelques-uns des participants, ne voulant pas conclure péremptoirement, expriment leur doute sur la qualité des relations entre le personnage principal et la femme dont on voit les jambes : « elle s'approche beaucoup de lui, tout de même » (Réunion 6), « c'est troublant tout de même », «en plus, elle a de belles jambes ... », « on ne voit que les jambes, pas le reste... » (Réunion 11). L'incertitude autour de l'adultère n'est que provisoire pour quelques spectateurs qui identifient la femme aux « belles jambes » comme étant la secrétaire du personnage principal : « c'est peut-être la secrétaire qui se fait des idées maintenant que la voie est libre.. », « oui pourquoi pas, mais j'en doute, il va craquer si ce n'est déjà fait... », « En plus, elle ne dit rien. Une secrétaire n'agit pas comme ça. A mon avis, ils sont amants » (Réunion 11), «elle le consolera » (Réunion 6). D'autres restent malgré tout très prudents dans leur conclusion : « la secrétaire, je m'y attendais un peu. Mais, ce qui n'était pas prévu, c'est le comportement de la secrétaire. Elle est très près de lui. Il doit y avoir une complicité », « oui, mais laquelle ? Dans la mort de la femme ? Ou plus intime ? » (Réunion 11). Globalement donc, la fin imaginée par le réalisateur est jugée « originale », « surprenante », voire « dérangeante », pour bon nombre de participants : « la fin est surprenante », « ça laisse une impression étrange », « ce film est bizarre du début jusqu'à la fin. Il rend mal à l'aise » (Réunion 6). L'étrangeté du comportement du personnage principal est, en effet, perçue dès la première partie. Toutefois, à une reformulation, l'un des participants précise sa pensée : « L'ambiance est malsaine ». Comme si le doute jeté sur la fidélité du personnage principal, par la fin du film, avait modifié l'image de rigidité, de froideur qu'il avait à la fin de la première partie. Alors que l'ambiance générale du film le faisait classer, avant la diffusion de cette fin, soit dans le genre policier, soit dans le genre dramatique, les derniers plans augmentent l'impression de suspense et de volonté de manipuler les spectateurs de la part du réalisateur : « une ambiance assez lourde et étrange, on croit comprendre et puis hop, on n'est pris au piège » (Réunion 11), « On a beaucoup de zones floues ...mais c'est voulu ça. Ils te trimballent comme cela » (Réunion 6). La scène des jambes de femme a des effets indéniables sur le classement de ce film dans un genre cinématographique. Elle fait penser à quelques spectateurs que le film peut appartenir au genre érotique - « ça peut tomber dans le film érotique. C'est possible... », « oui, les jambes, ça fait penser à ça » (Réunion 12) - voire au genre pornographique : « c'est assez drôle, mais ça fait penser à un début de film porno...C'est peut-être ça. C'est peut-être la première scène porno qui va arriver avec le patron et sa secrétaire » (Réunion 11). Compte tenu de la variété des avis et opinions des spectateurs que nous venons de présenter, nous allons comparer pour chacun des plans du film le sens que souhaitait générer le réalisateur avec celui perçu par les spectateurs comme nous l'avons fait pour les versions 1 et 2 et comme nous le ferons pour les deux dernières versions. Analyse comparative du sens
* 401 Léon, drame policier de Luc Besson, 1994 * 402 Film politique de Costa-Gavras (1968) : Oscar du meilleur film étranger et du meilleur montage 1969, Prix du Jury, Cannes, 1969 * 403 Rappel : vrai cadre, vrai décor Espiguette, vrai bureau, AGF (tourné dans le bureau du directeur d'AGF Montpellier, tournage en fin de journée (19H-20H), Espiguette dans l'après-midi en décembre, tournage novembre-décembre 2003 |
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