De prime abord, ce que retiennent les spectateurs de
cette version, c'est avant tout : - son rythme lent, « j'ai
trouvé ça assez lent » (Réunion 2), - l'ambiance
étrange créée par les images et le son, ainsi que par la
mise en scène et le jeu des acteurs, « La réaction du
personnage est étrange » (Réunion 7).
Tout cela fait penser à de nombreux spectateurs
soit à un film policier, « ça m'a fait penser à
Derrick » (Réunion 2), soit à un drame psychologique,
« il y avait un peu de psychologie » (Réunion 2). En
plus de la brutalité du coup de téléphone, « on
ne donne pas une telle nouvelle par téléphone »
(Réunion 4), deux événements furent
particulièrement remarqués : « cette femme qui
s'en va dans le désert » (Réunion 2), le mari qui
«va voir à sa fenêtre » (Réunion 7).
Pour ce dernier événement, deux
interprétations opposées sont données :
« c'est pour regarder le lointain, c'est une image du temps qu'on ne
peut pas rattraper » (Réunion 7) ou c'est une manifestation de
l'indifférence du mari : « il va voir à sa
fenêtre comme si de rien n'était » (Réunion
7).
Les avis convergent, par contre, pour dire qu'il s'agit d'un
responsable d'entreprise, cadre ou président-directeur
général, d'une cinquantaine d'années : « il
est habillé comme un cadre dans un bureau » (Réunion
2), « il est très bien habillé en plus. C'est le
patron, c'est sûr ! » (Réunion 4), «
c'est sûrement un cadre supérieur de 50 ans »
(Réunion 2). Les indices qui leur font penser cela sont vestimentaires,
« il est très bien habillé » (Réunion
4), mais aussi physiques, « Il a les cheveux grisonnants. Il a une
moustache », « un petit ventre aussi »
(Réunion 7), et matérielles « avec des
verres » dans son minibar. « Pour avoir un
réfrigérateur dans son bureau, c'est sûrement un homme
très bien placé. Peut-être le PDG »
(Réunion 4).
En la matière, les indices concrets laissés par le
réalisateur sont donc assez bien identifiés
En revanche, les avis divergent sur le moral du personnage
principal : pour certains, il est abattu, «il semble abattu. Il va
se servir un cognac » (Réunion 4), pour d'autres il est
insensible, froid, «Il n'est pas très émotif »,
« Il me semble pas triste du tout » (Réunion 7),
« il est aussi chaleureux que son frigo » (Réunion
2), voire calculateur, « Tout était réglé
d'avance pour lui », « c'est pour cela qu'il ne semble pas
surpris quand il reçoit le coup de fil. » (Réunion 4).
Pour d'autres, il est trop impliqué dans son travail, « il a
l'air d'être très investi dans son travail. »
(Réunion 4), et selon d'autres encore, dans l'alcool, « Il
doit aimer boire son verre chaque jour » (Réunion 4).
Le deuxième personnage le plus remarqué est la
femme qui marche dans le sable.
Prise de dos, il est difficile de la décrire,
«difficile à dire, on ne la voit que de dos »
(Réunion 2), « elle a un jean bleu » (Réunion
2). Certains la voient plus jeune que le personnage principal, « je
pense qu'elle est plus jeune » d'autres du même âge,
« elle semble avoir le même âge que l'homme au
bureau » (Réunion 2).
Son lien avec le personnage principal est également
interprété de façons diverses. Certains spectateurs voient
en elle l'épouse décédée. D'autres, la
maîtresse du personnage principal : « ce doit être
sa femme », « c'est peut-être sa
maîtresse » (Réunion 7).
D'un point de vue plus technique, l'interprétation de ce
plan avec sept fondus enchaînés est également très
variable. Certains y voient : un flashback, « C'est le
souvenir de sa femme » (Réunion 7), « Ca doit
être un souvenir de vacances » (Réunion 2). D'autres, un
flashforward de futures vacances : «vu qu'il ne semble pas
touché...c'est peut être ses futures vacances qu'il
voit » (Réunion 7). D'autres, une évocation du
départ sans retour : « une image de son départ
dans l'immensité » (Réunion 7).
Certains spectateurs s'interrogent sur la signification de ce
plan long avec des ellipses, sans ralenti, contrairement à ce que
croient quelques spectateurs : « il y a un ralenti quand on voit une
femme qui marche », « on ne comprend pas ce qu'elle fait
là, qui elle est. Pourquoi c'est ralenti ? C'est
étrange ». (Réunion 4).
Alors que d'autres y voient un procédé classique et
s'étonnent qu'on ne le comprenne pas : « C'est classique
comme procédé. Alors toi le cinéphile ? »
(Réunion 4)
La voix off au téléphone étant
différente dans les versions 1, 2 et 3, elle est importante pour la
création du sens.
Elle est dans cette version clairement identifiée comme
venant d'un hôpital grâce aux bruits de fond :
« l'appel vient d'un hôpital » (Réunion 4).
En revanche, les paroles ne suffisent pas à donner le
véritable statut de l'appelant : «c'est quelqu'un de
l'hôpital : une secrétaire »,
« plutôt un médecin », « oui
sûrement le médecin qui suivait sa femme »,
« plutôt une infirmière » (Réunion 7),
« c'est un docteur » (Réunion 4).
Le réalisateur ne voulait pas imposer un statut.
Toutefois, par le bruit d'un clavier d'ordinateur, il pensait plutôt
suggérer qu'il s'agissait d'une secrétaire médicale or ce
statut est assez peu cité.
Pire, alors que la voix est clairement féminine, un
spectateur, probablement distrait, doute que ce soit une femme :
« on ne le sait pas, pourquoi pas un homme ? »
(Réunion 4).
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