Approche communicationnelle des films de fictionpar Alexandre Chirouze Université Montpellier 3 - Doctorat 2006 |
VIII- Les codes non spécifiques de la bande imageDepuis les travaux de Christian Metz, il est admis que les codes qui peuvent être utilisés dans un film soient classés selon leur degré de spécificité cinématographique. Il est naturel que le plus grand nombre de recherches aient été faites principalement sur les codes spécifiques tels que le code du montage. Mais les codes non spécifiques, c'est-à-dire ceux qui n'ont que peu de relation avec la matière de l'expression du cinéma, comme le code de la couleur, le code des gestes, le code des costumes, etc., ont également un effet expressif qui, dans certains cas, peut être supérieur à celui des codes spécifiques. A- L'influence des couleursNous ne chercherons pas à faire comme le Groupe u278(*), une grammaire des signifiants et à «montrer comment ces derniers s'associent à des signifiés », la perception de la couleur étant, on le sait, avant tout culturelle. Comme l'écrit Michel Pastoureau279(*), « le seul discours possible sur les couleurs est anthropologique ». Aussi, considérons-nous comme Martine Joly, qu'il n'existe pas de grille absolue d'interprétation des couleurs. Il s'agit plus de relations plus ou moins significatives selon la culture du pays, de son histoire, etc. En occident, « pas besoin d'être grand clerc, pour savoir que l'on attribue de la « chaleur » à certaines couleurs (les couleurs solaires, le rouge, le jaune, l'ocre) et de la froideur aux couleurs célestes ou aquatiques (le bleu, le vert). On sait aussi que les couleurs sont de l'énergie, que certaines sont plus apaisantes ou plus excitantes que d'autres et que par conséquent elles peuvent mettre le spectateur dans des états psychophysiologiques particuliers, influant sur l'interprétation » (Joly, 1994, p.104). Parmi les couleurs calmantes, on trouve les couleurs froides, aux radiations les plus courtes, comme le violet, l'indigo, le bleu. Parmi les couleurs excitantes, on peut citer les couleurs chaudes, aux grandes longueurs d'onde, comme l'orangé, le rouge (Sillamy, 1983, p.163-164) D'autres interprétations sont proposées, bien que parfois plus contestables (Altman, 2003). Citons quelques associations souvent proposées : - Le rouge est la couleur de la colère et du danger. Elle est aussi celle de la passion et du désir. - Le jaune vif est la marque d'un choc dû au changement, au passage de l'obscurité à la lumière. - Le jaune pâle évoque la maladie et la sénilité. - L'orange représente la fécondité ou le début d'une prise de conscience. - Le vert est le symbole du renouveau et des espoirs naissants. - Le marron symbolise la mélancolie. - Le blanc, en tant qu'absence de couleurs, la désolation, mais aussi la pureté, la naissance, ou dans de nombreuses civilisations autres que la nôtre, le deuil. - Le noir est, en occident, associé à la mort, au mal et au malheur, etc. Cette brève liste montre les difficultés liées à l'interprétation des couleurs, et donc à leur utilisation par les professionnels du cinéma, surtout s'ils ont une cible internationale. * 278 Groupe u, Traité du signe visuel. Pour une rhétorique de l'image, Paris, Seuil, 1992, cité par Martine Joly (1994) * 279 Michel Pastoureau, Dictionnaire des couleurs de notre temps, Symbolique et société, Ed. Bonneton, 1992, cité par Marrtine Joly (1994) |
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