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Approche communicationnelle des films de fiction


par Alexandre Chirouze
Université Montpellier 3 - Doctorat 2006
  

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D- L'écart entre les goûts annoncés par les spectateurs et leur comportement

Certains résultats de l'enquête par sondage sur la culture cinématographique des français peuvent surprendre, notamment les résultats « populaires » du film Le Cuirassé Potemkine d'Eisenstein, que 60% des personnes interrogées disent avoir beaucoup aimé...Mais peut-on remettre en cause la parole des enquêtés ?

C'est ce que Laurent Jullier a le courage de faire dans son ouvrage « Qu'est-ce qu'un bon film ? », Laurent Jullier (2002) a repéré six critères de jugement de goût en matière de cinéma : le succès, la technique, l'édification, l'émotion, l'originalité, la cohérence.115(*) En analysant les critiques des professionnels et les conversations de tous les jours, il montre qu'il existe des écarts entre ce que les gens disent et ce qu'ils font.

Il tente comme les spécialistes des études qualitatives de marketing de trouver « les Pourquoi, aux faits suivants : ce que pensent les gens réellement, ce qu'ils font réellement, ce qu'ils voudraient qu'on pense qu'ils font ou qu'ils pensent » (Bouquerel, 1974, p.435-485).

En relatant un exemple personnel, il montre, non sans humour, l'importance des idées reçues, de la difficulté de dire le contraire du « politiquement correct », mais aussi de la culture d'origine du spectateur.116(*)

L'écart entre ce que les spectateurs vont voir et ce qu'ils disent aimer est révélé par l'écart significatif entre le classement qualitatif des films de l'IMDB117(*) et le classement des dix meilleures recettes de tous les temps, tous pays confondus. Et même, si cet écart est moindre aujourd'hui que celui qu'il était en 2002  - en raison du succès commercial et du jugement favorable pour la saga du Seigneur des Anneaux (2001, 2002, 2003) - la conclusion de Jullier (2002, p.77) reste valable : « Cela suffit pour dire que cette pratique critique ne se fonde pas - même si elle est limitée par la disponibilité des films dans l'espace public - sur le facteur du nombre et du succès ».

Le sondage auprès du public, après la sortie du film, en salles et/ou en vidéo ou DVD, n'est donc pas un moyen parfaitement fiable d'estimer les préférences des spectateurs en matière cinématographique. Même si certains auteurs considèrent le contraire118(*).

En revanche, le pré-test, qualitatif et/ou quantitatif avant la sortie du film n'étant pas influencé par le nombre de copies et, par voie de conséquence, le taux de présence en salles semble, nous l'avons vu, être accepté à la fois par bon nombre de producteurs et de réalisateurs.

La culture cinématographique des spectateurs français ayant évolué, leur compréhension des films et leurs goûts également, une dynamique d'évolution de la connaissance de la syntaxe et des codes cinématographiques s'est engagée (Metz), stimulée par l'espoir d'une reproductibilité du succès commercial. Espoir pour un film pris individuellement ou pour un genre cinématographique, voir un style particulier.

C'est pourquoi nous allons étudier d'une manière plus approfondie le langage cinématographique, ses composantes, sa grammaire puis, ultérieurement, ses différents codes.

Le processus de développement et d'évolution de la syntaxe cinématographique

Compréhension des

procédés de syntaxe

du film isolés par le

favorise spectateur

en cas de succès

commercial

Compréhension du film Reprise des

par le spectateur procédés de syntaxe

dans des films

ultérieurs

facilite

favorise

Apparition de

conventions, de

codes cinématographiques

facilite

permet

Création d'un genre

Rend cinématographique

possible par le respect d'une

combinaison de

conventions

Création d'un style

par le non-respect de conventions

classiques et le respect de

codes originaux

* 115 Jullier (2002, p.62) : « Les deux premiers (critères) reflètent certaines pratiques courantes, spontanées du spectateur ordinaire comme expert ; les deux suivants ont la faveur de tous les critiques, professionnels ou pas ; enfin, les deux derniers se rapportent à certaines pratiques de justification savante ».

* 116 Jullier (2002, p.13-14) : « Venant d'un milieu où littéralement il ne va pas de soi qu'Eric Rohmer soit un génie ; les critiques que j'écrivais pour mon seul plaisir, adolescent, montrent rétrospectivement que je n'osais pas m'opposer à ceux des choix qui étaient exprimés par les revues cinéphiliques que je lisais alors. Et plus tard, à l'université, il s'est passé bien des années avant que je confesse combien la vision des films de Rohmer m'était un supplice, seulement parce qu'une fois de plus il allait de soi, parmi les gens qui m'entouraient alors, que l'on prît un immense plaisir aux films de ce cinéaste, et parce que la sûreté de leurs allusions à son oeuvre laissait entendre quel plouc serait quiconque s'avisât de les rejeter ».

* 117 IMDB, Internet Movie DataBase, www.imdb.com; Site visité par deux millions d'internautes chaque semaine.

* 118 Jullier (2002, p. 67 )  :  « Dans la section « Et si les spectateurs n'étaient pas si bêtes ? » d'un essai intitulé Le cinéma américain est imbattable parce que nous l'aimons (in Th. Paris, dir., Peut-on lutter contre l'hégémonie hollwoodienne ? Paris, CinemAction, 2002), Fabrice Montebello (estime) que pour savoir ce qu'est un bon film il suffit de faire un sondage, et de prendre en compte les réponses majoritaires ; les gens aiment les « grands films ». (...) Cependant l'expertise du grand nombre souffre d'une limite : elle n'opère qu'au sein des productions les mieux distribuées, les blockbusters, et n'implique pas, par contrecoup, que la lanterne rouge du box-office soit un mauvais film. Je me refuse en outre à prendre pour seul instrument de mesure de la qualité artistique le sondage ; mentir est si tentant, on l'a vu, et le contexte d'enquête si influent... »

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld