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Approche communicationnelle des films de fiction


par Alexandre Chirouze
Université Montpellier 3 - Doctorat 2006
  

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E- Le déplaisir filmique

Nous terminerons cette présentation psychanalytique des relations de certains spectateurs avec certains films par le concept de déplaisir filmique développé par Christian Metz dans son ouvrage « Le signifiant imaginaire. Psychanalyse et Cinéma » (1977, réed. 2002). Selon lui, la vivacité des réactions du spectateur (aime vs n'aime pas) à l'égard d'un film et l'existence du déplaisir filmique « ne font que confirmer la parenté du film de fiction et du fantasme » (Metz, 2002, p.135). Ce déplaisir filmique a deux causes principales :
- la diégèse du film peut ne pas avoir nourri le Ca ; il s'agit alors d'un cas de frustration proprement dite. Le film sera jugé « terne », « ennuyeux » ou « quelconque ».

- la diégèse a trop satisfait le Ca, d'où une intervention du Surmoi et des défenses du Moi qui prennent peur et contre-attaquent. Il s'agit souvent d'un film de mauvais goût ; le goût devient alors un alibi contre ces films outranciers, ou infantiles, ou sadico-pornographiques, etc. « en un mot les films dont on se défend par le sourire ou par le rire, par l'allégation de sottise, de grotesque ou d'invraisemblance ».

En définitive, si un film de fiction n'est pas aimé, c'est qu'il en fait trop ou pas assez, ou les deux ensemble. Metz en conclut alors que pour qu'un sujet aime un film, il est nécessaire que le « détail de la diégèse flatte suffisamment ses fantasmes conscients ou inconscients pour lui permettre un certain assouvissement pulsionnel, et il faut aussi que cet assouvissement reste contenu dans certaines limites, qu'il demeure en deçà du point où se mobiliseraient l'angoisse et le rejet » (Metz, 2004, p.136).

Il signale également d'autres phénomènes de déception du fantasme, notamment lorsque l'intrigue ne va pas dans le sens que le spectateur souhaite. La fin du film en est souvent à l'origine d'où les précautions que certains producteurs et réalisateurs prennent en prétestant auprès d'un petit nombre de spectateurs les différentes fins possibles à leur film. Autre déception fréquente, le hiatus entre le personnage et l'acteur qui l'interprète, déception plus forte encore si le film est une adaptation d'un roman que le spectateur a lu et qu'il a, en conséquence, imaginé le physique du personnage.

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