Approche communicationnelle des films de fictionpar Alexandre Chirouze Université Montpellier 3 - Doctorat 2006 |
Les Don't and Be CarefulsLes Don't. Ne devraient pas figurer dans un film : - les remarques de nature profane comportant les mots Dieu, Seigneur, Jésus, Christ - Toutes les expressions profanes ou vulgaires - Toute nudité licencieuse ou suggestive, visible ou en silhouette et toute remarque lubrique ou licencieuse émise par un personnage du film - Les trafics de drogue - Toute référence aux perversions sexuelles - L'esclavage blanc - Toutes les relations sexuelles et amoureuses entre Blancs et Noirs - Les organes sexuels d'enfants - Ridiculiser le clergé - Toute offense à n'importe quelle race, nation ou croyance Les Be Carefuls. Il faut faire attention à la façon de traiter : - L'utilisation du drapeau américain - Les relations internationales. Il faut éviter de reproduire de manière non favorable la religion, l'histoire, les institutions, etc. d'un pays - Les incendies volontaires - L'utilisation des armes à feu - Le vol, le braquage, etc. - La brutalité et toute chose macabre - Les techniques pour commettre un meurtre - Les techniques de contrebande - La sympathie pour les criminels - L'évocation de personnes publiques et des institutions - La sédition - La cruauté apparente envers les enfants et les animaux - La vente des femmes ou une femme qui vendrait sa vertu - Le viol ou la tentative de viol - Les scènes de la première nuit d'amour - Un homme et une femme ensemble dans un lit - Les dialogues sur la séduction des filles - Les baisers excessifs et luxurieux - L'institution du mariage - Les opérations chirurgicales - La consommation de drogues - Les titres ou scènes ayant un rapport avec la loi ou des représentants de la loi. En 1930, sous la pression des ligues féminines, religieuses et politiques, les grands studios s'accordent sur un nouveau code de la production : le Motion Picture Code. Ce code, plutôt que de faire une liste forcément incomplète de recommandations, donne des principes généraux de responsabilité du cinéma envers le public, notamment trois principaux : - « On ne produira pas de film susceptible d'abaisser la moralité de ceux qui le verront. Ainsi, la sympathie du public n'ira jamais aux vices, au péché et au mal. - On montrera un mode de vie décent, ne dépendant que des exigences de l'intrigue et divertissement. - On ne ridiculisera pas la loi, naturelle ou humaine, et on ne créera pas de sympathie pour ceux qui la violent. ». Toutefois, comme le fait remarquer Pecha (2000, p.27), le code de la production donne quelques applications précises concernant : le crime, la brutalité, le sexe435(*), la vulgarité, l'obscénité, le blasphème et le sacrilège, la religion, les costumes, les danses, les décors, le sentiment national, les titres et les sujets repoussants. Mais aussi, des indications concernant des éléments filmiques tels que les décors et les titres des films : « Certains endroits (chambres) sont associés de façon indéniable à la vie sexuelle et tout autre péché sexuel que leur utilisation doit être soigneusement limité. Les maisons de débauches, de prostitution ne sont pas des lieux convenables pour un drame. (...) Les titres salaces, indécents ou obscènes ne doivent pas être utilisés » (Pecha, 2000, p.164). Ce code fut appliqué d'une manière assez stricte, les premières années, par la PCA436(*) (Guillen, 2001), une administration de la production créée par les studios d'Hollywood. 437(*) Le Code Hays ne fut abrogé qu'en 1966 (Cieutat, 1988). Comme le fait remarquer Jean-Pierre Bourget (2002, p.127), « l'ensemble des interdits et recommandations concerne aussi bien la situation scénaristiques que l'image (le « langage cinématographique ») et, bien entendu, le langage proprement dit (mots tabous dans le dialogue). * 435 Pecha (2000, p.33) : « Hays et ses adjoints estiment que les metteurs en scène peuvent mettre par exemple autant de sexe dans leurs films qu'ils le souhaitent du moment qu'ils prennent la précaution de ne pas le glorifier ou même de l'excuser. De même le péché peut être montré du moment que son auteur est puni. Le mal doit toujours être puni....Ainsi, l'un des principes généraux issus du code est que quelle que soit l'histoire filmée, à la fin, le gentil doit gagner et le méchant doit perdre et être sévèrement puni. On peut faire ici la relation avec les fameuses happy endings (fins heureuses) du cinéma hollywoodien. Ce que Hays veut et accepte, c'est que le public puisse voir par exemple 80 minutes de vices mais alors que lors des dernières minutes tout cela soit renié et critiqué. » * 436 Production Code Administration * 437 Pecha (2000) cite plusieurs exemples d'excès et de dérives, notamment des souvenirs de Raoul Walsh « A mes débuts, on me supprimait régulièrement presque une bobine par film. Il était extrêmement difficile de montrer quoi que ce soit pendant une scène d'amour. On ne pouvait par exemple faire figurer un lit dans le décor, même s'il se trouvait au fond du plan. Un garçon et une fille ne pouvaient pas s'embrasser pendant plus de trois secondes. » Mais aussi, le fait que Le réalisateur Douglas Sirk se plaint que les décolletés soient mesurés et qu'il doit utiliser un mètre pour savoir si celui de Lana Turner ne dépasse pas les deux centimètres autorisés. » |
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