Son contenu dépendra également des
instruments d'analyse utilisés par l'analyste, de leur nombre, de leur
diversité, de leur utilisation plus ou moins approfondie.
Catégorie d'Instruments
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Exemples d'informations et de
données
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Instruments descriptifs
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- le découpage par plans,
- la segmentation,
- la description des images,
- les tableaux, graphiques et schémas,
- etc.
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Instruments citationnels
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- l'extrait de film,
- le photogramme,
- les musiques originales des films,
- les bandes-sons,
- etc.
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Instruments documentaires
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- le scénario, le budget du film, le plan de production,
- les interviews, reportages sur le film, etc.
- les critiques, etc.
- les analyses déjà publiées, etc.
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Aussi, la plupart des auteurs reconnaissent que
l'analyse de film est interminable, « puisqu'il restera toujours
à quelque degré de précision et de longueur que l'on
atteigne, de l'analysable dans un film » (Aumont et Marie, p.29).
Même dans le cadre d'une recherche approfondie, « jamais une analyse
n'est parvenue à épuiser la richesse de l'oeuvre...La
vérité n'est pas dans le résultat qui ne peut être
jamais atteint, elle est dans la démarche » (Opritescu, 1997,
p.17).
Les préoccupations du spectateur-analyste sont donc bien
loin de celles du spectateur normal. Ce dernier profite du film dans son
entier, sans tenir compte spécifiquement de ces différentes
composantes, tandis que le spectateur-analyste, confronté à la
variété des instruments, à la diversité des objets
d'analyse et des voies d'approche d'un film, se doit de choisir un objet
d'analyse (extrait, plan, etc.) et sa méthode d'analyse. Pour chaque
film qu'il souhaite analyser, l'analyste est, en conséquence,
confronté à des choix et donc prend des risques. Selon Aumont et
Marie (p.66), « ce qui guette l'analyse de films, c'est donc entre autres
la dispersion (quant à l'objet) et l'incertitude (quant à la
méthode).
Le but des commandes scolaires et universitaires est la formation
du spectateur et éventuellement de futurs professionnels du
cinéma. Dans le premier cas, il s'agit de donner aux
élèves et étudiants le savoir et le savoir-faire
nécessaires pour qu'ils puissent procéder à une
véritable analyse s'ils en ont la volonté ou, plus simplement,
pour développer leur esprit critique.
En plus des institutions scolaires et universitaires, les
commanditaires d'une analyse filmique peuvent être des organes de presse,
des éditeurs, des sociétés de production, etc. qui
souhaitent des analyses écrites (articles, critiques, livres, etc.),
audiovisuelles ou mixtes d'un ou plusieurs films, voire de tous les films d'un
même réalisateur, des bandes-annonces de films récents
appartenant à un même genre cinématographique, etc. Les
buts poursuivis sont, malgré tout, du domaine de la formation initiale
ou continue, à travers l'information et l'analyse des films qui ont
marché commercialement, l'analyse de genre, l'analyse de style, etc.
L'existence ou non d'une commande n'enlève rien à
ce que certains considèrent comme le but premier de l'analyse filmique.
Comme l'écrit Nicolas Opritescu : « le premier but de
l'analyse est le nourrissement de la vocation et le progrès
personnel ». Et ceci est tout aussi important, à ses yeux,
pour :
- un jeune en formation qui se doit de tenter « de
comprendre la façon dont travaillent les grands auteurs de films, leurs
pourquoi et leur comment » (...)
« Seul moyen pour qu'un jour il n'y ait plus de mauvais
films » (Opritescu, p.2-3)
- que pour un metteur en scène, pendant la
réalisation d'un film, qui n'a pas le droit à la recherche, au
tâtonnement. « Quand ce n'est pas l'argent, c'est le temps qui
lui manque. Alors on se nourrit des chefs d'oeuvre des autres (...) en essayant
d'y déceler le ou les secrets (...). L'analyse filmique comme
révélateur des manques personnels, source d'émulation
secrète, Malher corrigeant Mozart, sublime
impiété ! » (Opritescu, p.18-19).
Aussi, cette auto-construction de soi-même et
l'auto-perfectionnement, grâce à l'analyse, sont-ils souvent
avancés : « l'analyse accompagne,
précède ou suit fréquemment le travail de création
des films : il n'est pour s'en convaincre que de lire les textes ou
entretiens de grands cinéastes, de Epstein ou Gance à Eisenstein,
de Hitchcock à Fritz Lang ou Ingmar Bergman et Truffaut »
(Vanoye et Goliot-Lété, p.8).
3- L'utilité réelle de l'analyse filmique et les
critiques formulées à son égard
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