I- Plan 9
Plan
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Version 1
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Version 2
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Version 3
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9
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M. Neuville ferme son store et se retourne
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Un peu plus long que dans les 2 autres versions
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Identique à la version 1
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Sens perçu
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Peu de spectateurs ressentent l'effet souhaité par le
réalisateur. Cependant ce plan n'est pas passé totalement
inaperçu : « il a l'air d'être très investi
dans son travail », etc.
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Aucun spectateur ne le ressent vraiment.
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Aucun spectateur ne le ressent vraiment. Les spectateurs ne
voient que l'étrangeté du comportement du personnage.
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Le réalisateur, par ce plan, souhaitait montrer la fin de
quelque chose puis le retour au réel.
Dans la version 2, il souhaitait, grâce à un plan
plus long, laisser apparaître que le personnage esquisse un léger
sourire.
Ce plan ne semble pas avoir d'effet spécifique, il ne fait
qu'assurer la continuité du récit et de sa construction par le
spectateur. Le cadre supérieur débordé ressort bien dans
la version 1, le personnage étrange et ambigu dans la version 3.
J- Plan 10
Plan
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Version 1
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Version 2
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Version 3
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10
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Un cadre avec une photographie est posé sur un meuble de
bureau long et bas. La photographie est celle d'une femme de 35-40 ans, brune
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Plan plus long, en gros plan, femme blonde
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Identique à la version 1.
Femme brune en photo
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Sens perçu
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La photographie est nettement remarquée. En revanche, son
interprétation est variable quant aux critères d'âge, de
physique et de couleur de cheveux. Le statut de la personne en photo est
également variable selon les spectateurs. Il s'agit selon eux soit de la
femme du personnage principal, soit de sa maîtresse, soit de sa fille
|
La femme photographiée est correctement
décrite : « blonde », « l'air
coquine », « 40 à 45 ans »,
« avec un sourire bizarre ; elle tient une balle de tennis et le
nargue ». En revanche, sa relation avec le personnage principal est
moins certaine : « sa maîtresse »,
« sa femme », « sa fille », « sa
mère »...
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La photographie fait l'objet de deux controverses : - l'une
concerne la période à laquelle elle a été prise ; -
la seconde concerne le lien entre la femme marchant dans le sable et celle en
photographie. Certains spectateurs se posent des questions quant à leur
statut : « femme » ou
« maîtresse » ?
|
Dans les versions 1 et 3, il s'agissait d'évoquer la femme
disparue par un objet matériel toujours présent dans le lieu
où vit le personnage principal lorsqu'il travaille.
Dans la version 2, ce plan est plus long et tente de
révéler quelques traits de la personnalité de cette
femme : ambitieuse, calculatrice, narquoise, joueuse.
Quelle que soit la version, il est intéressant de noter
que l'incertitude apparaît nettement quant aux relations conjugales ou
extraconjugales ou encore filiales entre le personnage principal et la femme
photographiée. Le fait que la photographie soit en noir et blanc a pu
modifier le contexte sensoriel d'où, pour certains spectateurs la
conclusion que la femme photographiée était plus jeune (fille,
maîtresse) ou plus vieille (mère, épouse) que le personnage
principal.
Bien que la femme photographiée soit plus jeune (35-40
ans) dans les versions 1 et 3 que dans la version 2 dans laquelle elle a 40-45
ans, cela n'a pas d'effets mécaniques puisque, dans la version 2, il
paraît plausible que la femme photographiée soit la fille du
personnage.
En revanche, il est intéressant de noter que la
construction du récit par le spectateur n'est pas perturbée par
ce plan qui est toujours intégré dans une certaine logique de
continuité.
Version 1 : le cadre débordé a sur son bureau
une photographie probablement de son épouse (peut-être de sa
maîtresse ou de sa fille)
Version 2 : le personnage qui est vraisemblablement le
commanditaire d'un meurtre a sur son bureau la photographie, sans doute, de sa
maîtresse (peut-être de sa femme, fille ou mère)
Version 3 : le personnage est tellement étrange qu'on
hésite vraiment entre la femme et la maîtresse
K- Plan 11
Plan
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Version 1
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Version 2
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Version 3
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11
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M. Neuville s'avance en direction du meuble de bureau
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M. Neuville s'avance en direction du meuble sur lequel est
posé le cadre. Plan plus court que dans les 2 autres versions
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Identique à la version 1
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Sens perçu
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Apparemment sans effet particulier sur les
spectateurs
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Apparemment sans effet particulier sur les spectateurs
|
Apparemment sans effet particulier sur les spectateurs.
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Le réalisateur voulait, dans les versions 1 et 3, montrer
l'attirance quasi-magnétique de la photographie pour le personnage
principal. Il souhaitait également évoquer le fait que la photo
de cette femme redonnait de l'énergie au personnage principal
grâce à un panoramique. Dans la version 2, il souhaitait, en plus,
donner par un plan plus court et un montage différent (la fin de la
marche, plutôt que le début) une impression de
décontraction au personnage, en accentuant également sa
démarche féline.
Il n'est pas possible de conclure en l'absence d'influence. Elle
n'a pas été verbalisée sur ce plan précis. La
question est de savoir si ce plan n'a pas contribué à la
construction du sens global du film, sachant que les 4 derniers plans de la
première partie du court métrage sont quasi identiques.
L- Plan 12
Plan
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Version 1
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Version 2
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Version 3
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12
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M. Neuville se baisse
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Identique
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Identique
|
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Apparemment sans effet particulier.
|
Apparemment sans effet particulier.
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Apparemment sans effet particulier
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L'idée du réalisateur était de donner du
rythme par un plan très court montrant une action singulière dont
on ne connait pas encore la raison. En réalité, ce plan 12 ne
contribue certainement qu'à consolider la construction du sens global.
Ainsi, dans la version 3, mais comme dans le plan précédent, il
peut avoir accentué l'image du personnage («sa gestuelle est
étonnante ») et son caractère étrange.
M- Plan 13
Dans les trois versions, le réalisateur souhaitait mettre
en valeur un objet associé à un besoin urgent à
assouvir : le besoin de boire. Dans la version 2, par un plan plus court,
il voulait suggérer par les gestes du personnage et leur
précision une certaine habitude de se servir un verre.
Plan
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Version 1
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Version 2
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Version 3
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13
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Gros plan sur un minibar de bureau. La main de M. Neuville ouvre
le minibar et en sort un verre et une bouteille. Il ferme la porte du minibar.
Des bruits de bouteille et de porte de minibar accompagnent les gestes
|
Gros plan sur un minibar de bureau. La main de M. Neuville ouvre
le minibar et en sort un verre. Sa main plonge dans le minibar comme pour
chercher une bouteille. Bruits de bouteille et de porte de minibar accompagnent
les gestes. Plan plus court
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Identique à la version 1
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Sens perçu
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Quelques spectateurs le remarquent mais plutôt comme un
vice habituel : « ça me semble un rituel quotidien chez
lui. Il doit aimer boire son verre chaque jour ».
L'association alcool-tristesse n'est donc pas
vraiment perçue.
|
Quelques spectateurs le remarquent. L'association
alcool-tristesse n'est perçue que par quelques spectateurs qui voient
le
personnage principal se noyer dans l'alcool. En revanche,
l'alcoolisme mondain et cette mauvaise habitude au travail ne sont pas
perçus.
|
Quelques spectateurs le remarquent mais pour mieux critiquer le
comportement du mari.
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Ce plan donne du personnage principal, mais uniquement dans les
versions 1 et 2,
une image légèrement différente des plans
précédents. Il l'humanise en montrant ses faiblesses. Ce qui
n'était pas le but véritable, il faut l'avouer...
Version 1 : le cadre débordé qui est sans
doute malheureux de la mort de son épouse, qui maîtrise ses
réactions affectives et son stress en abusant
régulièrement d'alcool.
Version 2 : le personnage qui est vraisemblablement le
commanditaire d'un meurtre et qui, pour certains, semble avoir quelques remords
qu'il tente de noyer dans l'alcool.
Version 3 : le personnage est vraiment étrange y
compris en se préparant à boire de l'alcool.
N- Plan 14
Dans les versions 1 et 3, il s'agissait de montrer
l'énergie dépensée par le personnage et la
précision de ses gestes. Dans la version 2, le réalisateur
voulait mettre en valeur la précision des gestes du personnage
principal mais, également, évoquer par le bruit de la porte une
certaine brutalité et, grâce à un fondu
enchaîné, une ellipse temporelle pour laisser un doute sur ce
qui se passe pendant ce temps sans image. Or, le fondu enchaîné
est ni interprété, ni même remarqué.
Plan
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Version 1
|
Version 2
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Version 3
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14
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M. Neuville ouvre sa bouteille
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La main de M. Neuville ferme la porte du minibar. Bruits de porte
du minibar. Plan plus court et gros plan
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Identique à la version 1
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Sens perçu
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Dans la suite du plan précédent, certains voient
davantage les habitudes d'alcoolisme « mondain » mais ils
sont minoritaires.
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Apparemment sans effet particulier sur les spectateurs.
|
Apparemment sans effet sur les spectateurs. Ce plan ne fait que
confirmer les critiques à l'égard du personnage principal.
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Autrement dit, ce plan n'apporte pas véritablement de
complément de sens mais ne fait que confirmer le sens construit
jusqu'alors.
O- Plan 15 (Fin de la première partie)
Plan
|
Version 1
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Version 2
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Version 3
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15 (A)
|
Il se sert un verre à proximité du cadre de la
photographie
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M. Neuville bouge les épaules verticalement à
plusieurs reprises comme s'il avait une crise de sanglots
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Identique à la version 1
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Sens perçu
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Apparemment sans effet particulier sur les spectateurs. Il ne
fait que confirmer ce qu'ils pensaient
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Effet nettement remarqué : «On avait
l'impression qu'il pleurait, de dos... ».
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Pas l'effet escompté. Il ne fait sans doute que confirmer
ce qu'ils pensaient du mari depuis le plan 13 : « Il trinque devant
la photo de sa femme et semble délivré ».
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Dans les versions 1 et 2, le but du réalisateur
était de montrer le lien entre ce besoin de boire de l'alcool et les
retombées de l'annonce de la mort de sa femme.
Tandis que dans la version 3, le plan qui est très
différent devait faire croire en de la tristesse, du chagrin tout en
laissant planer une incertitude par une prise de vues
particulière : le personnage est filmé de dos ce qui
supprime toute expression du visage.
Dans les versions 1 et 3, ce plan confirme les
interprétations faites jusque-là.
Version 1 : le cadre débordé qui est sans
doute malheureux de la mort de son épouse, qui maîtrise ses
réactions affectives et son stress en abusant
régulièrement d'alcool.
Version 3 : le personnage est vraiment étrange y
compris en buvant un verre devant le portrait de sa femme.
En revanche, dans la version 2, ce plan est porteur d'un message
fort qui peut remettre en cause l'image du personnage. Le plan est
majoritairement interprété comme le souhaitait le
réalisateur : «On avait l'impression qu'il pleurait, de
dos... ».
Seul, un spectateur émet un doute sur la
réalité du chagrin du personnage en faisant
référence à sa culture cinématographique :
« il remue son shaker comme Charlie Chaplin dans un film où il
est de dos et on a l'impression qu'il pleure parce que sa femme a eu un
accident et en fait il se fait un cocktail ». Or, le
réalisateur avait repris l'idée de Chaplin lors de la
rédaction de l'un des scénarii.
Concernant la version 2, dont le dernier plan jette le doute sur
le rôle exact du personnage dans la mort de son épouse
(commanditaire du crime ou non), la question qui se pose avant d'analyser les
résultats du test de l'histoire à compléter est donc de
savoir si l'impact de ce plan a été suffisant pour modifier le
sens global de la première partie.
Q- La comparaison des résultats aux tests de l'histoire
à compléter
Avant de poursuivre l'analyse comparative plan par plan, nous
pouvons comparer les fins des récits imaginées, construites par
les spectateurs de chaque version.
Avec les mêmes éléments filmiques en
tête, les spectateurs envisagent, selon l'interprétation qu'ils en
ont faite, des fins dont la diversité peut étonner compte tenu de
la logique qui semblait la leur.
Comparaison des résultats du test de l'histoire
à compléter
Version 1
|
Version 2
|
Version 3
|
Les fins du film imaginées par les spectateurs
après le fondu au noir du plan 15 sont très diverses :
- certains voient la tristesse et la solitude du mari. Deux
d'entre eux vont jusqu'à penser au suicide.
- D'autres imaginent une machination et une enquête
policière
- D'autres encore voient le mari se reprendre, se remettre
rapidement ou, au contraire, se remonter le moral avec de l'alcool
- Certains pensent qu'il fera appel à quelqu'un et
évoquent l'hypothèse qu'il appelle sa maîtresse
|
- Certains imaginent un suicide
- D'autres voient le personnage principal se noyer dans
l'alcool
- D'autres pensent qu'il va reprendre sa vie routinière et
bien réglée, éventuellement après un moment de
tristesse
- D'autres encore, majoritairement des participants de sexe
masculin, imaginent une vie extraconjugale qui apparaît au grand
jour
- Quelques uns, dans une perspective de film policier, croient en
un meurtre
avec deux options possibles :
- soit une suite d'aventures, d'actions et de courses
poursuites,
- soit une séquence émotion et remords
- soit un mélange de remords et de vengeance.
|
Les différentes fins proposées sont :
- le personnage principal gère sa vie comme ses affaires,
en agissant plus qu'en regardant le passé
- le personnage principal vit mal la mort de son épouse et
veut mettre fin à ses jours : suicide ou alcoolisme
- Certains pensent que l'histoire est trop étrange, pour
qu'une surprise n'ait pas lieu comme l'apparition d'une maîtresse,
etc.
|
Le diagramme des fins possibles selon les
versions
Solitude
V1 : cadre débordé
Tristesse de longue
durée
Tristesse de courte durée
V2 : probable
commanditaire
Remords
V3 : personnage étrange
Suicide
Alcoolisme
Maîtresse
Enquête
policière
Vengeance
Retour à la vie
normale
Autres fins
Le tableau comparatif des résultats aux tests de
l'histoire à compléter et le diagramme des fins possibles mettent
en évidence plusieurs phénomènes :
1) La version la plus banale, c'est-à-dire la version 1,
est celle qui fait l'objet de la plus grande variété de fins.
Trois explications peuvent être proposées :
- l'absence de véritable intrigue peut entraîner un
doute sur la réalité de la situation présentée, le
spectateur étant habitué à ce qu'un film raconte une
histoire qui sorte de l'ordinaire.
- Cette version apporte le moins d'informations précises,
le moins d'indices sur lesquels les spectateurs peuvent s'appuyer. Le test de
l'histoire à compléter peut alors être
considéré comme proche d'un test projectif. Or, on sait que ce
type de technique repose sur l'acte perceptif et que la perception n'est pas
une réception passive. C'est un « acte de la conscience, une
construction personnelle dans laquelle le degré d'implication du sujet
(ici le spectateur) varie en proportion inverse de l'information fournie par
l'objet. Plus celui-ci (le film) est clair, net et précis, moins
l'apport du sujet (le spectateur) est important. Au contraire, plus il est
vague et flou, plus il nécessite d'efforts pour qu'on lui trouve un
sens » (Sillamy, 1983, p.528).
- Le plan 7 au cours duquel le personnage principal ouvre
complètement ses stores et regarde à la fenêtre a - en
raison de son caractère abstrait et de son décalage par rapport
aux normes socioculturelles habituelles - fait douter de la
sincérité des sentiments du mari troublé par l'annonce de
la mort de son épouse. Un homme malheureux qui se lève pour
regarder à la fenêtre est forcément suspect, semblent nous
dire certains spectateurs. D'aucuns suivent leur idée en imaginant, sans
qu'il y ait le moindre indice dans le film qui puisse y faire penser, en la
double vie du personnage principal. Nous n'irons pas jusqu'à dire que ce
plan de la fenêtre soit une évocation sexuelle, involontaire de la
part du réalisateur. Toutefois, rappelons que
de nombreux réalisateurs, notamment américains, ont
utilisé la fenêtre pour suggérer l'acte sexuel (Cieutat,
1991).
2) La version 3, très proche de la version 1,
génère un moindre éventail de possibilités de fins
alors que la seule réelle différence vient de la voix
off, de même timbre, mais qui tutoie le personnage principal et
qui fait comprendre en sa non-participation aux soins
(« ils »). Rappelons que le fait que la femme au
téléphone ne se présente pas et tutoie le
personnage principal a eu un effet incontestable et conduit un bon nombre de
spectateurs à suspecter une relation extraconjugale entre elle et le
personnage principal. Dès ce plan, n°3, le sens de la version 3
s'est différencié nettement de celui de la version 1.
A ce stade, en effet, nous avions :
Version 1 : il est insensible car il est choqué par
la nouvelle qu'il vient d'apprendre et la brutalité avec laquelle elle a
été annoncée ;
Version 3 : il est insensible parce qu'il s'y attendait
(voire l'espérait).
Or, en fin de première partie, les spectateurs voient ce
mari étrange de la version 3, somme toute, plus affecté qu'ils ne
l'avaient décrit : tristesse, suicide, alcoolisme.
Il y a donc une sorte de rupture inexplicable entre ce qu'ils
pensent du personnage et ce qu'ils pensent qu'il fera par la suite.
Plus logiques dans la continuité de leur propre
récit, les participants masculins ont tendance à postuler pour
une fin marquée par l'apparition au grand jour d'une maîtresse, ou
pour une fin plus mouvementée encore.
L'hypothèse d'une projection dans l'avenir
différente selon le sexe ne peut être totalement
repoussée ; les hommes acceptant plus facilement une fin hors
normes, tandis que les femmes préfèrent rêver en une fin
plus conforme, plus romantique.
3) Dans la version 2, le nombre de fins possibles est assez
élevé ce qui pourrait apparaître comme paradoxal avec nos
commentaires de la version 1. Cette version 2 est, en effet, la plus
précise, la plus directive avec ses éléments qui
évoquent un crime prémédité (voix off,
nous, musique du Parrain, etc.). Or, les fins proposées ne vont
pas toutes dans ce sens : tristesse, suicide, alcoolisme, etc.
L'explication de cette rupture ne peut venir que de la force du dernier plan,
le plan 15A. Comme nous l'écrivions plus haut, ce plan est porteur d'un
message fort qui remet en cause l'image très négative du
personnage auprès d'un bon nombre de spectateurs. Le plan est
majoritairement interprété comme le souhaitait le
réalisateur : «On avait l'impression qu'il pleurait, de
dos... ».
De précis, le film devient flou, son interprétation
est donc aussi variée que ne le sont les spectateurs. Sans aller
jusqu'à voir dans ce travail d'interprétation, dans cette
attribution d'une signification au film ambigu un mécanisme psychique de
projection, nous ne pouvons pas nier que l'ambiguïté
générée par un seul plan, le plan 15A, a fait passer le
nombre de fins possibles, de quelques unes à ressort policier, à
de nombreuses dans lesquelles le spectateur semble jouer le rôle
principal avec ses préoccupations, ses peurs, ses sentiments, etc.
autrement dit sa personnalité ce qui explique les fins autres que
policières.
R- Reprise : plan 15 B
La discussion entre les participants à la suite du plan
15A a-t-elle, par un changement dans le contexte des relations, modifié
le processus de construction du récit des spectateurs ?
Plan
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Version 1
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Version 2
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Version 3
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15 B
|
Il pose sa bouteille à proximité de la
photographie.
Bruits de bouteille
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M. Neuville secoue toujours ses épaules.
Bruits de liquide remué dans une bouteille.
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Identique à la version 1
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Sens perçu
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Pas d'effet apparent
|
La crise de sanglots est, semble-t-il, plus clairement
perçue que l'opposition avec le son hors champ
diégétique
|
L'association alcool-tristesse n'est pas perçue mais
plutôt le contraire... : « finalement il est
soulagé d'un poids ».
|
Dans les versions 1 et 3, le réalisateur souhaitait
insister sur l'association alcool-deuil. Le même plan n'a pas le
même effet dans les deux cas.
Dans la première version, malgré l'influence de la
discussion de groupe, les spectateurs ne semblent pas modifier l'image qu'ils
ont du personnage : un cadre débordé qui est sans doute
malheureux de la mort de son épouse, qui maîtrise ses
réactions affectives et son stress en abusant
régulièrement d'alcool. Autrement dit, la prise de boissons
alcoolisées n'est pas liée à sa situation de deuil.
Dans la version 3, également malgré la manipulation
du contexte relationnel (par la discussion de groupe) et celui du contexte
temporel (par le test de projection dans l'avenir), le plan ne change pas
l'interprétation faite jusqu'au test du récit à
compléter : le personnage est vraiment étrange y compris en
buvant un verre devant le portrait de sa femme. Il semble même
soulagé. Une interrogation demeure ; de quoi est-il
soulagé ? Que sa femme ne souffre plus ? Ou d'être
libre ?
Il n'en demeure pas moins que malgré l'entracte,
malgré le test de l'histoire à compléter, malgré la
discussion parfois vive et contradictoire entre les participants, ces derniers
semblent reprendre, comme si de rien n'était, le fil du récit qui
leur est proposé et tel qu'ils l'ont interprété
jusqu'à présent. Rappelons que le film est repris par une
ouverture en fondu là où le film s'était
arrêté (plan 15 A, fondu au noir). Cela a de l'importance, bien
sûr, puisque après 35 minutes, en moyenne, de discussion
collective, les spectateurs se replongent
là où ils en étaient.
Ce phénomène peut avoir plusieurs
explications :
- d'abord, le spectateur a gardé en mémoire la
partie du film qu'il avait visionnée avant l'entracte : ce qui est
le signe de son intérêt et, surtout, d'une bonne
mémorisation ;
- ensuite, le spectateur qui a été sans doute
influencé par la manipulation du contexte relationnel (lors de la
discussion de groupe) et du contexte temporel (par le test de l'histoire
à compléter) n'en reste pas moins attaché au récit
qu'il avait construit seul, à un moment donné.
Les contextes ont été manipulés mais dans un
cadrage différent.
Au cours du film, le spectateur vit le récit :
Un Spectateur Film (récit, décors, prise de vues,
lieux, moments, etc.)
Au cours de la discussion et du test, les spectateurs
s'influencent, comparent leur vision des choses et se projettent dans l'avenir
(avec leurs envies, leurs fantasmes, leurs goûts, etc.)
Des spectateurs Fin d'un film (le futur et non le
présent du film, etc.)
En conséquence, il est vraisemblable qu'après avoir
révélé ce qu'ils souhaitaient comme fin, les spectateurs
reviennent spontanément dans les dispositions qui étaient les
leurs au moment de l'entracte, ici et maintenant. Ce phénomène ne
peut que faire penser à ces spectateurs, plus nombreux qu'on ne le
pense, qui apprécient d'arriver à la fin d'une séance, de
visionner la fin du film, et d'assister après un entracte, à la
séance suivante, soit - le plus souvent - jusqu'à la fin du film,
qu'ils voient donc deux fois, soit jusqu'au moment où ils sont
arrivés..
Plans 1 à 15A
Construction d'un récit par le spectateur
Test de l'histoire
à compléter
Discussion de
groupe
Construction de la fin du récit
Plan 15 B
Reprise
Quant au plan de reprise, dans la version 2, son influence est
très nette, voire déterminante. Les spectateurs sont presque
convaincus du chagrin du mari, qu'ils qualifiaient tous jusque là de
criminel. Ce plan 15B fait, en quelque sorte, oublier le sens du plan 3 dans
lequel ils avaient identifié la voix d'un tueur à gages.
S- Plan 16
Plan
|
Version 1
|
Version 2
|
Version 3
|
16
|
Il boit son verre de la main gauche, à proximité de
la photographie d'une femme brune
|
Gros plan sur la photographie de la femme blonde
|
Identique à la version 1
|
Sens perçu
|
Ce plan semble avoir touché certains spectateurs :
« je ne le trouvais pas très affecté par la mort de sa
femme, alors cela m'étonne », « il avait un coeur en
tout cas, je ne le pensais pas », « je ne le voyais pas si
insensible, tant mieux »
|
Apparemment sans effet particulier sur les spectateurs. Ne fait
que conforter la perception de la femme
photographiée : « elle avait vraiment l'air d'une
garce sur la photo... »
|
Apparemment sans effet sur les spectateurs
|
Dans les versions 1 et 3, le but recherché était de
montrer avec pudeur, donc de dos, la tristesse supposée du personnage
principal.
Alors que le plan est strictement identique dans les deux
versions, dans la première il semble qu'il ait quelques effets : il
rend le mari plus humain, plus sensible qu'il ne l'apparaissait jusque
là.
Dans la version 2, le réalisateur souhaitait accentuer le
contraste entre l'image de la femme décédée et le bruit,
et ainsi créer un certain suspense, ou au moins le doute. Mais, l'effet
fut différent : malgré la faible durée de ce plan, la
femme apparaît sous un jour peu flatteur.
Alors que dans le plan 10, elle était perçue comme
une femme, certes coquine, narquoise, etc.,
elle devient, à cause de ce plan 16 franchement,
une « garce ». On en viendrait presque à
plaindre son mari de pleurer la mort d'une telle épouse.
Ce plan très court est donc déterminant. Ce gros
plan met en valeur la personnalité de la femme. Comment expliquer cet
impact, dont la force avait été sous-estimée par le
réalisateur ? Il souhaitait provoquer le doute, le suspense, et
voilà qu'il donne aux spectateurs de quoi reconstruire totalement le
récit.
De la pauvre épouse assassinée, la femme blonde
devient la garce insupportable.
De mari criminel, le personnage principal devient presque
victime, mari aimant et profondément touché par la mort de son
épouse.
Ce phénomène nous renvoie au code de la bande
image. Malgré les critiques dont fit l'objet la classification
psycho-linguistique des cadrages, il faut reconnaître que l'effet du plan
16 de la version 2 rappelle l'idée de proximité affective et
d'acuité visuelle maxima générées par le gros plan,
idée défendue avec force par Deleuze (1983). Et les
réactions de nos spectateurs se rapprochent de celle décrite par
Epstein : « ce visage d'un lâche en train de fuir,
dès que nous le voyons en gros plan, nous voyons la lâcheté
en personne, le « sentiment-chose »,
l'entité » (Epstein, Ecrits sur le cinéma, tome I,
Seghers, 1974, pp.146-147).
T- Plan 17
Plan
|
Version 1
|
Version 2
|
Version 3
|
17
|
M. Neuville prend la photographie de sa main droite
|
Gros plan sur un shaker remué par M. Neuville et sur une
bouteille de Chivas. Les mains de M. Neuville servent le cocktail dans un verre
puis ferment le shaker.
|
Identique à la version 1
|
Sens perçu
|
Pas d'effet particulier, confirme le plan
précédent, pour ceux qui jugent correctement le personnage
principal
|
L'effet de surprise est total ou presque., excepté pour le
cinéphile admirateur de Chaplin : « qu'est-ce que je vous
avais dit : du Chaplin ! ».
|
Apparemment sans effet sur les spectateurs
|
Le plan 17 est strictement identique dans les versions 1 et 3. Le
réalisateur souhaitait montrer que le mari ressentait le besoin de se
souvenir, de toucher l'image de son épouse. Cette évocation
affective ne semble pas réellement changer l'interprétation des
spectateurs.
En revanche, le plan 17 de la version 2 est un nouveau coup de
théâtre. Il met en contraste le décès de la femme et
le comportement calme et satisfait du mari : ce dernier ne boit pas un
verre quelconque pour se redonner du courage, il se prépare un cocktail.
L'effet de surprise est total, excepté pour le
cinéphile admirateur de Chaplin : « qu'est-ce que je vous
avais dit : du Chaplin ! ». L'influence du niveau de
culture cinématographique sur
la construction du sens par le spectateur est parfaitement
illustrée ici.
Un phénomène est intéressant à
noter : celui du peu d'influence de l'autre sur le spectateur.
Malgré la discussion autour de la ressemblance avec le
court métrage burlesque de Chaplin, les spectateurs du groupe auquel
appartenait le cinéphile n'en ont pas tenu compte.
Comme si les spectateurs ne croyaient que ce qu'ils voient et
entendent par eux-mêmes. Ils laissent leur instinct, leur imagination,
leurs réflexes prendre le dessus sur la raison et l'anticipation
basée sur la connaissance.
Un phénomène similaire est également
très fréquent. Combien de spectateurs, bien qu'avertis par leurs
voisins qui ont déjà vu le film, de l'imminence d'un effet de
surprise (un monstre, un tueur caché, etc.) sursautent-ils,
malgré tout, sur leur siège ? Il y en a même qui
sursautent au nième visionnage ....
U- Plan 18
Plan
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Version 1
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Version 2
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Version 3
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18
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Gros plan sur la photographie de la femme brune
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M. Neuville pose le shaker sur le meuble puis il prend son verre
de la main droite
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Identique à la version 1
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Sens perçu
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Pas d'effet particulier
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Ce plan augmente, sans doute, le ressentiment que les spectateurs
ont d'avoir été manipulés. Il est pour beaucoup dans les
critiques sévères émises à l'encontre du personnage
principal : « c'est un sacré dégueulasse »
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Seul un spectateur réagit verbalement à ce plan
mais pas dans le sens souhaité par le réalisateur. Il identifie
la femme décédée.
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Dans la version 1 et 3, le réalisateur souhaitait dans ce
même plan montrer en gros plan la présumée femme du
personnage principal. Il s'agissait de mettre en valeur la beauté et la
jeunesse de la femme photographiée. En réalité, ce gros
plan n'apporte pas grand-chose de plus que les spectateurs ne sachent
déjà, d'où l'absence de véritables
réactions.
En revanche, dans la version 2, le plan 18 est pour beaucoup dans
le 3ème revirement du public vis-à-vis du personnage
principal, et cela en une poignée de minutes : après avoir
été mari criminel, puis mari victime d'une garce, il devient
subitement « un sacré dégueulasse ».
L'impact d'un plan isolé sur le sens global du film est
ici démontré.
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