H- Plan 8
Plan
|
Version 1
|
Version 2
|
Version 3
|
8
|
Une femme en tailleur en jean bleu et portant un foulard de type
carré bleu marche en s'éloignant dans des dunes de sable
|
Identique
|
Identique
|
Sens perçu
|
L'interprétation est très variable allant de
l'incompréhension totale, au doute, à l'identification d'un
flashback ou, à l'opposé d'un flashforward,
jusqu'à une interprétation correcte du plan.
|
Interprétation très variable allant de
l'incompréhension totale, au doute, à l'identification d'un
flashback ou d'une évocation d'un départ sans retour.
|
Ce plan a été apprécié
esthétiquement. Son interprétation est assez
consensuelle et tourne autour du souvenir, du départ, de la mort,
de l'au-delà, de la délivrance après une longue maladie.
|
Le réalisateur voulait par ce plan, identique dans les
trois versions (1, 2, 3), évoquer le temps qui passe, le départ
d'une femme seule, l'éloignement progressif puis la disparition. Il
avait choisi d'évoquer le désert dans le sens classique du
cinéma américain, dans lequel le désert est, en effet,
« un lieu de souffrance, d'accident, de danger, de mort ou
d'échec (...) C'est aussi le décor où se déroule
une épreuve de force imposée à l'homme (...) Le
désert punit, purifie et permet de revivre » (Cieutat, 1991,
p.261-262).
La durée de ce plan, 19 secondes, en fait le plan le plus
long du court métrage. Le panorama et la suite de sept fondus
enchaînés ne sont pas identifiés. Certains parlent de
sauts, d'autres de ralenti, ce qui est erroné. En
revanche, d'assez nombreux spectateurs ressentent des effets proches
(flashback, flashforward, rêve, etc.) de ceux décrits par
les théoriciens. Le fondu enchaîné « marque
généralement un court changement de temps, une durée sans
influence sur l'action » Jullier (2002, p.54). Dans ce plan, ils sont
assez longs et fréquents, un peu comme dans le film Une place au
soleil, dans lequel le réalisateur Georges Steven (1950) voulait
rendre compte de l'état psychologique de son héros présent
physiquement mais ailleurs en pensée. Le fondu enchaîné
est, en outre, parfois utilisé pour introduire un rêve ou un
souvenir, un flash back (retour en arrière).
Les disparités dans les interprétations sont dues
vraisemblablement à celles en matière de culture
cinématographique, non pas théorique - car de ce point de vue
elle est, sauf rares exceptions, très faible d'où les confusions
terminologiques - mais spectatorielle, autrement dit la culture acquise en
visionnant plus ou moins de films et de téléfilms.
|