B. Contextes historiques et économiques
à
l'échelle nationale
1. Histoire de la cerise en France
La cerise est liée à l'Histoire de France, elle
est déjà très consommée dès le Moyen-Age et
bénéficie d'une forte popularité auprès des
consommateurs. Du X au XIII -ème siècle l'école de
médecine de Salerne en vante même ses vertus et ses bienfaits.
Louis XV, un grand adorateur de ce fruit fut un pionnier dans le
développement de sa production ainsi que dans la découverte et la
recherche de nouvelles variétés. Elle était
consommée dans les vins, dans les confitures, dans certains plats et
cuite ou non. Napoléon finira même par donner son nom à une
variété de cerise. C'est en 1915 que Léonard Burlat, un
cultivateur-arboriculteur né dans le Rhône décida de
récolter un greffon d'un cerisier qu'il trouvait vigoureux dans le
quartier de Gerland. Il le greffa sur un merisier et c'est ainsi qu'est
née une des variétés les plus emblématiques du
territoire (AOP Cerise de France). Il faudra ensuite attendre 1968 pour que le
premier programme de sélection, basé principalement sur «
Burlat » et « Hedelfingen » voit le jour.
16
2. Poids économique et production
En France, la cerise est majoritairement produite sur 3
régions, la Provence Alpes Côte D'azur qui représente
actuellement 35% de la production, la région Auvergne Rhône Alpes
30% et la région Occitanie 20%. A elles seules, ces 3 régions
représentent 85% de la production française de cerises. Sur la
période de 2018 à 2020, la France à produit environ 97 000
tonnes de cerises, ce qui représente une moyenne de 33 000 Tonnes
annuelles réparties sur 7300 ha avec un rendement moyen de 5 tonnes par
ha. La production de cerises acides reste quant à elle marginale avec 2
700 tonnes plantées sur 770 ha (Agreste,2021). Il s'agit du
6ème verger français, derrière les pommiers,
noyers, abricotiers, pêchers-nectariniers et châtaigniers.
(Serrurier,2019)
Cette production reste assez faible en comparaison avec celles
d'autres pays Européens puisque la France n'est que le 8ème
producteur de cerises à cette échelle. La production de cerises
françaises a été divisée par 3 depuis
l'année 1980 où celle-ci atteignait les 100 000 tonnes annuelles.
Il en est de même pour les superficies de production. Il y avait en effet
environ 17 000 ha de superficie de production dans les années 1980
contre 7300 aujourd'hui (Figure 9). Cette forte baisse de production peut
s'expliquer par différents facteurs. Le coût de la main d'oeuvre
reste fort dans cette filière car le ramassage ne peut se faire que
manuellement, du moins dans le cas de cerises douces destinées à
la consommation directe. Les modifications climatiques jouent également
un rôle majeur avec l'augmentation des hivers doux, des gelées
printanières et des phénomènes pluvieux intenses. De plus,
l'arrivée en 2011 de nouveaux bioagresseurs comme la Drosophile Suzuki,
très destructeurs, sont aussi à la base de cette forte
réduction de la production sur le territoire français. Enfin,
l'interdiction récente de l'unique traitement chimique insecticide
réellement efficace pour combattre la Drosophila Suzukii, le
diméthoate, accentue encore la difficulté de produire des cerises
en France alors que celui-ci est encore autorisé dans certains autres
pays producteurs européens (Castede,2014). Malgré une production
moyenne à l'échelle de l'Europe, la France exportait la
moitié des cerises qu'elle importait en 2O2O. Les importations de
cerises en 2020 sont cependant les plus faibles jamais enregistrées
depuis au moins 2011 (Figure 10). Le détail
17
concernant les importations vers la France et les exportations
de cerises en 2020 figure en (ANNEXE F).
Figure 9 : Evolution de la production de cerises (tonnes) et
de la superficie des vergers en France depuis 1960 à aujourd'hui (source
: FAOSTAT)
Figure 10 : Production, exportation et importation de
cerises (France) de 2011 à
aujourd'hui
18
La production de 2021 a été de moins d'une
demi-récolte (15 000 tonnes), provoquée par le gel historique
d'avril. La lutte contre ce type de gel étant insuffisante, l'impact sur
la production a été catastrophique conduisant à la pire
année depuis au moins 46 ans (Agreste,2021). Les vergers
équipés de protection antigel restent marginaux. En France, en
2015 seulement 11% des superficies étaient équipées de
protection antigel. Les deux méthodes principales de lutte contre le gel
sont l'utilisation de bougies chauffantes qui se placent entre les arbres au
niveau de l'inter-rang ainsi que l'utilisation de canons à aspersion
(Serrurier,2019).
Le verger Français reste majoritairement de petite
taille (inférieure à 2 ha) pour 75% des vergers
(Castede,2014).
On observe également un attachement fort à sa
production, notamment avec des appellations comme dans le Pays basque et dans
le Languedoc-Roussillon qui abritent respectivement la cerise noire d'Itxassou
et la cerise de Céret. Un attachement et une volonté de
sauvegarde des variétés anciennes et locales sont
également présents avec l'association des producteurs de cerises
D'Itxassou, fondée en 1994 (Branchereau,2022).
Ces 3 dernières années, 20% des cerises
produites sont destinées à l'industrie de transformation
(confitures, pâtisseries ...). La consommation moyenne de cerises douces
est estimée à 400 g par personne par an avec plus de 30% des
ménages qui en achètent 1 fois par an (CTIFL-Mémento
Fruits et Légumes).
|