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Etude d'une collection variétale de cerisiers doux


par Matthieu Clerc-Pithon
Université Savoie Mont-Blanc - Licene Agroécologie 2022
  

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4. Quelles perspectives en termes de méthodes de

production ?

La production de cerises est aujourd'hui menacée par de multiples facteurs. Que ce soient les conditions climatiques moins favorables aux cycles des arbres fruitiers ou l'émergence de nouveaux bioagresseurs, les conséquences sont de plus en plus problématiques et le devenir de certains producteurs de cerises restent incertain. La politique de réduction des produits phytosanitaires survenant récemment est aussi au centre des préoccupations puisqu'elle n'a pas les mêmes conséquences en fonction du type de production, dans le cas de la cerise des autres moyens de luttes coûteux sont devenus indispensables. D'autant plus que la main-d'oeuvre est à moindre coût dans certains pays importateurs.

Voici quelques indications concernant les caractéristiques du verger Français. En 2015, environ 60% des superficies possédaient un enherbement sur l'inter-rang de nature permanente mais aussi possiblement semé, 25% des superficies étaient totalement enherbées contre 20% qui ne possédaient aucun enherbement. On note également le passage de 3 tontes par an en 2015. Pour ce qui est de l'irrigation, 59% des terres étaient irriguées en 2015 avec le goutte-à-goutte comme technique majoritaire, suivie de l'aspersion et du micro-jet. Ensuite les traitements phytosanitaires réalisés en 2015 étaient de l'ordre de 9,4 sur l'année, dominés par les traitements fongicides et bactéricides. Les apports en azote, potasse et en phosphore doivent se faire comme suit (Tableau 3) entre l'installation du verger et la production de fruits.

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Tableau 3 : Les apport en vergers de cerisiers ( source : Institut technique de l'arboriculture fruitière et de la vigne)

En prenant en compte les disparités régionales, les Pays-de Loire/ Centre présentent le plus fort taux de traitements annuels en 2015 avec 14,6 applications sur l'année suivie de Midi-Pyrénées et d'Auvergne Rhône Alpes (ANNEXE H). Ces 3 régions présentent également un taux de traitements fongicides-bactéricides supérieurs à la moyenne nationale car elles sont plus fortement impactées par l'humidité, ce qui augmente le risque de développement de maladies (Serrurier,2019).

Pour la mise en place des traitements, les producteurs de basent sur plusieurs facteurs tels que l'observation directe au niveau de leurs cultures, la prise en compte des conseils reçus par les fournisseurs, les techniciens de conseils ainsi que le bulletin de surveillance émis par le SRAL (Service Régional à l'Alimentation) mais également avec les prévisions météorologiques et les pratiques historiques.

Outre les traitements phytosanitaires, d'autres types de luttes étaient utilisés par 70% des arboriculteurs français en 2015. En termes de luttes contre les maladies fongiques et les bactérioses, on peut citer le choix des porte-greffes pour leur résistance vis-à-vis de certaines maladies ainsi que la taille en vert permettant d'aérer les vergers. De manière plus marginale, certains arboriculteurs procèdent à l'enlèvement des parties et des pousses infectées. En ce qui concernait les luttes alternatives telles que le piégeage massif ou les filets anti-insectes,

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celles-ci-étaient encore très marginales en 2015. Cela s'explique par le coût important et la difficulté d'obtenir une rentabilité à court ou moyen terme. Cependant on notait qu'environ 7O% des arboriculteurs pratiquaient le suivi des pressions des ravageurs pour la mouche de la cerise Rhagoletis Cerasi, Drosophila Suzukii et les pucerons. D'autre part, pour environ 1/4 des exploitations, un travail d'aménagement d'habitats ou d'apport en nourriture pour les auxiliaires de cultures a été mis en place en 2015 (Serrurier,2019).

A l'avenir, la filière Française de la cerise va devoir se mobiliser en se transformant à plusieurs échelles. Face aux ravageurs émergents, il apparait aujourd'hui comme un consensus que l'utilisation de produits phytosanitaires ne sera pas appropriée pour garantir l'avenir de cette filière (Chauveau,2016). D'autant plus, que depuis le bannissement du diméthoate, l'une des molécules les plus efficaces contre la Drosophile Suzuki certains producteurs sont inquiets puisque seulement 7 produits sont autorisés pour le traitement de la cerise dont un seul en agriculture biologique. Il s'agit donc d'agir à d'autres niveaux. Une des solutions mise en avant est d'augmenter la distance entre les arbres pour diminuer l'humidité présente dans le verger. Certains producteurs se tournent également vers une utilisation d'argile permettant de recouvrir les fruits pour les protéger des piqûres, bien que l'efficacité de cette solution soit largement contestée. D'autant plus qu'un rinçage est nécessaire car le fruit est recouvert d'une pellicule blanche qui n'attire pas le consommateur, ce qui implique un coût supplémentaire. (Figure 16)

Figure 16 : Argile destinée à la lutte contre la mouche de la cerise et de l'olive (source : greenweez)

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Il semble aussi que l'augmentation du piégeage massif soit une piste envisageable. De récentes études ont démontré que contrairement à d'autres insectes comme les papillons la Drosophila Suzukii ne se prêtait pas à la confusion sexuelle. Elle utilise en revanche son odorat pour reconnaitre les kairomones présentes dans l'odeur dégagée par les fruits. L'utilisation de pièges dégageant des kairomones synthétiques semblables est donc un défi actuel. Des travaux de l'INRAE portent également sur la mise en place d'agro-systèmes moins propices aux développements de certains ravageurs et sur leur position majoritaire dans le verger, ce qui pourrait accroitre l'efficacité du piégeage massif. La lutte contre les nouveaux ravageurs émergents doit se faire avec une multitude de techniques, c'est en les combinant que nous pouvons nous attendre à des résultats efficaces et concluants.

La protection physique est aujourd'hui la méthode de protection la plus efficace contre la Drozophila suzukii. Il s'agit de filets insect-proof (anti-insectes) qui recouvrent chaque rang du verger (Figure 17). Pour être efficaces, la maille doit être <=1mm2 pour éviter le passage des insectes. Ils représentent des coûts très élevés aussi bien à l'achat que pour leur mise en place. Les producteurs qui investissent dans cette technique, couplent souvent le filet à des bâches de protection anti-pluies limitant l'éclatement des cerises. En effet, il faut compter 100 000 euros/ha pour avoir un verger protégé contre les ravageurs et tous les aléas climatiques confondus (Rabut,2022). On se dirige donc vers une production de cerises qui tend à être plus coûteuse avec la mise en place de protections physiques, mais également plus spécialisée. Le nombre de producteurs va peut-être diminuer dans les années à venir pour laisser place à ceux qui seront le plus en capacité d'investir.

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Figure 17 Verger de cerisiers entièrement protégé par bâches anti-pluie et filets anti-insectes-BÂCHES PLASTIQUES FILPACK ANISOLAR ET FILET DIATEX ( source : photothèque CTIFL)

Enfin, d'une manière plus générale à l'échelle mondiale, la production de cerises va également être bouleversée. En ce qui concerne l'aspect géographique des zones de cultures, la production sera plus importante à des altitudes et des latitudes plus importantes. Ces nouvelles aires de cultures ne seront peut-être pas optimales en termes de caractéristiques physico-chimiques du sol. Pour pallier aux limites du sol et à l'irrégularité des précipitations, une irrigation contrôlée devra être mise en place. Ensuite, des suivis de l'évapotranspiration, et de l'humidité du sol devront être réalisés pour permettre une meilleure utilisation de l'eau (Quero-García et al.,2017). Des améliorations des porte-greffes sont également un pilier pour permettre la pérennité de la production de cerises dans le futur. La mise en place de porte-greffes nanisants dans les vergers va permettre de densifier la production, ainsi que de généraliser des modes de conduites adaptés aux filets insect-proof. Cela permettra de garantir une qualité maximale des fruits, mais il faudra également favoriser des portes-greffes plus résistants à la sécheresse vis-à-vis du changement climatique. Pour cela un travail de sélection variétal important est à réaliser, un retour à l'utilisation de variétés anciennes adaptées aux terroirs est souhaitable, tout comme une diversification de l'offre variétale qui passe par l'étude de nombreuses accessions existantes. Enfin, le coût global des amendements

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minéraux va augmenter, notamment avec la possibilité de raréfaction de ces engrais phosphorés ou azotés. Il est donc nécessaire de se pencher sur l'efficacité d'amendements organiques et d'accroître leur utilisation.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault