WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La parenthèse comme stratégie d'écriture dans Allah n'est pas obligé de Ahmadou Kourouma


par Théogène Hakuzimana Bizimana
ISP/Goma  - Licence 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.9. LA PARENTHÈSE COMME APPOSITION EXPLICATIVE

L'apposition, comme dit précédemment, désigne un mot ou groupe de mots placés à côté du nom ou du pronom avec lequel il noue un rapport d'identité référentielle. Ainsi considérées, certaines appositions dans cette oeuvre semblent mises en parenthèses comme en témoignent celles qui suivent :

« Tout ce que je parle et déconne (déconner, c'est faire ou dire des bêtises) et que je bafouillerai, c'est lui qui me l'a enseigné. Il faut toujours remercier l'arbre à karité sous lequel on a ramassé beaucoup de bons fruits pendant la bonne saison. Moi je ne serai jamais ingrat envers Balla. Faforo(sexe de son père) ! Gnamokodé(bâtard) ! » (p.16)

Les énoncés mis entre parenthèses dans cet extrait sont de deux ordres : d'abord le « déconner, c'est faire ou dire des bêtises » qui relève de la fonction explicative ; puis les jurons « sexe de son père » et « bâtard » qui se présentent comme traduisant le lexèmes « faforo » et « gnamokodé ». Ceux-ci jouent la fonction appositive en ce qu'ils sont directement joints à ces lexèmes, sans verbe intermédiaire ou introductif. Ces parenthèses que nous qualifions d'appositives apportent une information référentielle identique à celle véhiculée par les lexèmes qui les font naître. Pour bien se la faire voir, il importe de supprimer les parenthèses et ne rester qu'avec les énoncés du genre « Faforo, sexe de son père !» ou encore « Gnamokodé, bâtard ! ». Ces jurons jetés à la fin du passage précédent corroborent également la subjectivité énonciative. Car ils traduisent des modalités exclamatives qui font preuve de l'indifférence dans laquelle se sent plongé Birahima. Étant des illocutions dues à ce sentiment d'indifférence que ressent le narrateur, ils créent de même une rupture énonciative. Car ils font voguer le fil énonciatif vers un deuxième niveau où l'intrusion de l'instance énonciative est synonyme de ces subjectivèmes de l'énonciateur. Encore trouve-t-on une parenthèse apposée dans l'extrait ci-dessous :

« À Noël 1989 , dans la nuit, ils attendirent que tous les gardes-frontières du poste de Boutoro (ville frontalière) soient ivres morts, tous cuits, pour les attaquer. » (p.104)

Il revient à considérer que le segment mis entre parenthèses « ville frontalière » est apposé au nom «Boutoro » car ils sont en relation d'identité référentielle. Cette parenthèse, contrairement à celles que nous avons dégagées des jurons ci-dessus, véhicule les informations locatives sur le nom auquel elle est apposée. Vu sa présence brusque dans l'unité syntaxique, ou du moins l'énoncé, elle est à la base de la rupture de la linéarité et traduit la subjectivité de l'énonciateur soucieux d'apporter une information métadiscursive sur son illocution.

Par ailleurs, bien que les structures linguistiques prennent la dimension d'apposition à travers le fonctionnement énonciatif de la parenthèse, rien ne peut rassurer à l'instance réceptrice que « Faforo » désigne le « sexe de son père »,  Gnamokodé « bâtard », si elle n'est pas de la même communauté linguistique que le lecteur. Il en est de même pour « Boutoro » qui traduit dans l'univers de la fiction en étude ici, cette « ville frontalière », si le récepteur n'habite pas le même site que celui du narrateur. Tout au plus, cette valeur de la parenthèse est-elle dictée par le narrateur, et l'instance de réception y croit, car le narrateur reste le principal organisateur de toutes les matières narratives.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein