5.
INTÉRÊT DU SUJET
L'intérêt de cette étude est à la
fois littéraire et linguistique. En effet, étudier la
parenthèse comme stratégie d'écriture dans Allah n'est
pas obligé revient à scruter les rapports entre les
matériaux textuels et la création littéraire dont l'oeuvre
est un fruit. Il est linguistique parce que les manifestations de la
parenthèse comme stratégie d'écriture constituent des
manipulations, par le scripteur, des moyens linguistiques et langagiers mis en
oeuvre dans l'économie narrative.
6.
ÉTAT DE LA QUESTION
Nous ne sommes pas le premier à aborder une
étude ni dans Allah n'est pas obligé, ni sur son auteur.
Cependant, nous n'avons pas eu accès à tous les travaux qui y
portent un regard. Toutefois, il s'avère important d'évoquer,
parmi les travaux scientifiques dont cette oeuvre est le corpus, les
suivants :
1. AMANI MAHANO Étienne, La question de la langue
dans Allah n'est pas obligé de Ahmadou KOUROUMA,
ISP/GOMA, 2011. Dans ce travail, le chercheur a rappelé
que la langue étant un élément littéraire formel et
fonctionnel, elle permet un régime de littérarité dans
Allah n'est pas obligé. Il ajoute que toutes les
variétés possibles de la langue proviennent de la manière
dont les locuteurs s'approprient ladite langue lors de
l'opérativité communicationnelle et que ces
variétés ont des incidences sur l'esthétique de
l'oeuvre.
2. BATEGERA SIBOMANA Anatole, La connotation dans
Allah n'est pas obligé de Ahmadou KOUROUMA,
ISP/RUTSHURU, 2009. Le chercheur y a montré ce que traduisent les sens
connotatifs, les indices qui marquent les connotations dans l'oeuvre et la
façon dont celles-ci agissent sur le cadre stylistico-communicationnel
de l'oeuvre.
3. BUJANDA SIBOMANA Jean de Dieu, L'endophonisation
dans Allah n'est pas obligé de
Ahmadou KOUROUMA, ISP/RUTSHURU, 2013. Scrutant l'aspect stylistique qui coiffe
l'oeuvre à travers la répétition de certaines expressions,
le chercheur a conclu que l'endophonisation reste justifiée par les
mécanismes d'antéposition et de postposition des expressions
considérées comme références. Celles-ci sont,
a-t-il estimé, l'anaphore et la cataphore.
4. KAMBALE KITAHERUKA, Le picaresque dans Allah
n'est pas obligé de Ahmadou KOUROUMA, ISP/GOMA, 2014. Ce
travail fait un examen des aspects du picaresque dans cette oeuvre dont la
matière, la forme, les thèmes et l'intrigue. Il y est
affirmé que KOUROUMA se revêt du couvert de Birahima pour
véhiculer un ton picaresque par le biais du langage discourtois,
irrespectueux ainsi que l'alternance de niveaux de langue pour ainsi
atteindre un grand nombre de lecteurs.
5. KANYAMANZA BAHATI, L'imaginaire dans Allah
n'est pas obligé de Ahmadou KOUROUMA ,
ISP/LUBUMBASHI, 2003. Lors de son étude, cet auteur s'est
focalisé sur les réseaux métaphoriques qui fondent ce
texte de KOUROUMA.
6. KAZINDU NGABONZIZA Matthieu, Du métatextuel dans
Allah n'est pas obligé de Ahmadou KOUROUMA,
ISP/RUTSHURU, 2009. Le protexte et le métatexte, leurs visages tels
qu'utilisés par le scripteur dans son oeuvre, ce sont là les
éléments qui constituent l'armature de ce travail.
7. KUSIMWERAY RUNUSI Deogratias, Inscription de la prison
dans Allah n'est pas obligé de Ahmadou KOUROUMA,
ISP/BUKAVU, 2005. Ce mémoire cadre la prison dans une thématique
linguistique rendue tout à fait particulière par l'emploi de
quatre dictionnaires dont se sert le narrateur dans sa narration. La prison y
est donc perçue au niveau discursif.
8. LUKOGHO VAGHENI, Écriture du chaos et afro-
pessimisme dans Allah n'est pas obligé de Ahmadou
KOUROUMA, ISP/Bukavu, 2006. Pour lui, ces deux termes (le chaos et
l'afro-pessimisme) peuvent se lire aussi bien dans le lexique, le discours que
dans la rhétorique à travers le roman étudié.
Par ailleurs, l'oeuvre de
Kourouma est beaucoup étudiée. C'est le cas de cette
réflexion :
« Comme il l'a fait avec le verbe
opérateur ``signifier'', pour parler de sexe féminin, il en fait
autant avec les parenthèses pour le sexe masculin. [...] Les mots
malinkés constituent des mots `'muets'' dans la langue française
car ils n'ont aucun sens. Sans explication ces mots sont des indices de
silence. Et Kourouma, pour le faire, utilise des signes d'insertion en
l'occurrence les parenthèses pour mieux les mettre en exergue sans
fioriture et sans ambages. » (Séraphin KOUAKOU KONAN,
2013 :106-107)
Bien que cette dernière étude comporte une
mention sur la parenthèse, elle ne fait que l'effleurer. Ce n'est que ce
paragraphe que ce chercheur réserve à la parenthèse. De la
sorte, ce petit détail ne peut en aucun cas empiéter sur le sujet
abordé ici.
À l'opposé de toutes ces études portant
sur Allah n'est pas obligé, dont celles-ci ne présentent
qu'un échantillon réduit, cette recherche vise à analyser
cet élément formel récurrent dans l'économie
narrative afin d'en examiner les incidences qu'il engendre sur
l'écriture. En d'autres mots, cette étude cherche à
examiner le fonctionnement énonciatif de la parenthèse et son
impact esthétique sur la construction de l'oeuvre sous examen.
|