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La parenthèse comme stratégie d'écriture dans Allah n'est pas obligé de Ahmadou Kourouma


par Théogène Hakuzimana Bizimana
ISP/Goma  - Licence 2017
  

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I.3.2.2. La stylistique

Elle est issue de la rhétorique. Oswald DUCROT et Tzvetan TODOROV (1972 : 101) estiment d'ailleurs que « la stylistique est l'héritière la plus directe de la rhétorique et ce n'est certainement pas un hasard si elle s'est constituée à la fin du XIXème et au début du XXème siècle. » Elle comprend plusieurs orientations, car maints auteurs s'y sont intéressés. Parmi ces diverses orientations, retenons d'abord « la stylistique de la langue ou linguistique » de Bally. En effet :

« Ce qui intéresse en effet c'est l'étude des `'faits d'expression du langage organisé au point de vue de leur contenu affectif, c'est-à-dire l'expression des faits de la sensibilité par le langage et l'action des faits de langage sur la sensibilité''. » (Karl COGARD, 2001 :28)

Partant donc de l'idée que le langage exprime la pensée et les sentiments, ce courant considère que l'expression des sentiments constitue l'objet propre de la stylistique. On l'appelle aussi « stylistique de l'expression ». Charles BALLY, pris pour le premier théoricien de la stylistique, en est le représentant. Il a focalisé son attention sur les manifestions linguistiques et langagières dans leur dimension du contenu affectif. En d'autres mots, la stylistique de la langue ou de l'expression se limite à l'étude des faits de langue vus dans leurs facettes intellectuelles et affectives.

La deuxième orientation de la stylistique est celle dite « stylistique de la parole ». Par elle, il convient de noter que « Marouzeau définit la langue comme `'la somme des moyens d'expression dont nous disposons pour mettre en forme l'énoncé, le style comme l'aspect et la qualité qui résultent du choix entre ces moyens d'expression.'' » (Karl COGARD, Op.cit :42) Eu égard à ce passage, la stylistique de la parole s'intéresse à l'infinité des moyens ou des possibilités d'usage de l'expression ou de la parole dont les interlocuteurs usent à chaque prise de parole. Elle décrit systématiquement tous les sons, les classes syntaxiques, les constructions syntaxiques, le lexique, etc. en s'attachant chaque fois à ce qui est extérieur au contenu notionnel.

Le troisième courant de la stylistique est celui de Léo SPITZER. Il considère que « la personne de l'écrivain est bien le principe de cohérence qui commande la mise en forme de l'oeuvre » (DELCROIX, M. & HALLYN, F., 1995 :87). Ce courant dit aussi stylistique de l'individu repose sur la notion d'écart ou déviation qu'est l'écart entre la langue commune et l'usage particulier qu'en font les écrivains.

En quatrième lieu, mentionnons la stylistique structurale qu'est la théorie de Riffaterre qui se centre sur le contexte défini comme étant « la notion clé, qui permet, selon Riffaterre, de déterminer si un fait de la langue incarne aussi un fait de style. (Karl COGARD, Op.cit :63) Ce courant stylistique, quant à lui, s'attache donc à examiner la structure et le contexte pour pallier les obstacles auxquels conduit l'inattention à ces éléments. Ces obstacles sont dits « effets » stylistiques.

La stylistique fonctionnelle, prônée par Roman Jakobson, est la cinquième orientation qui aborde la stylistique d'un point de vue fonctionnel. Ses études reposent donc sur le schéma de la communication linguistique dont les composants sont : l'émetteur, l'allocutaire (récepteur), le contexte, le message, le canal de communication et le code. À ces six éléments constitutifs du procès de communication correspondent six fonctions linguistiques à savoirs les fonctions émotive, conative, référentielle, poétique, phatique et métalinguistique. Au total :

« Les six fonctions ainsi distinguées interviennent rarement de façon isolée. Ainsi, les fonctions phatique et métalinguistique sont souvent liées de façon intime, au moins dans le langage quotidien : l'emploi d'un mot inconnu du destinataire détermine nécessairement une interruption de la communication. Elle est rétablie par un commentaire métalinguistique qui se charge, par surcroît, de la fonction phatique, susceptible d'ailleurs d'être manifestée spécifiquement. » (Michel ARRIVÉ et al., 1986 : 365)

La sémiostylistique, enfin, résulte bien entendu de deux disciplines : la sémiotique et la stylistique. Georges Molinié qui la prône considère que les autres écoles de la stylistique sont dépassées :

« Cette théorie, en cours de constitution, s'apparente à ce que j'ai appelé la sémiotique de second degré, c'est-à-dire l'étude de la représentativité culturelle des systèmes de valeur anthropologique, étude qui s'insère elle-même dans la sémiotique de culture [...] La théorie de la sémiostylistique, déjà amplement développée et exploitée, repose évidemment sur une élaboration qui s'apparente à du bricolage épistémologique : je revendique ce bricolage comme une nécessité scientifique...» (Georges MOLINIÉ, 1998 :5)

La sémiostylistique, tout en mixant deux domaines divers mais mêlés, analyse, comme les autres écoles, les composantes formelles et matérielles de l'art verbal : la littérature. Autrement dit, toute étude stylistique s'attache aux investissements formels du discours. Ceci justifie notre recours à l'approche stylistique pour nos analyses. En effet :

«[...] en stylistique, le texte est appréhendé comme un objet complexe dans lequel forme et sens sont indissolublement liés. Le stylisticien a donc pour tâche de repérer -c'est-à-dire de construire- et d'organiser les faits stylistiques en fonction d'un principe interprétatif de convergence : les divers niveaux de réalisation du texte peuvent concourir à un même effet. Le texte stylistique d'un texte implique donc une analyse grammaticale, linguistique, rhétorique et éventuellement poétique, de celui-ci. » (Nicolas LAURENT, 2005 :8)

On se rend compte que la stylistique est mise en oeuvre pour déterminer les conditions matérielles et formelles de l'art littéraire. En d'autres mots, elle permet de cadrer les composantes textuelles qui fondent le style même de l'auteur. Cela passe par l'analyse des composantes formelles avant de déterminer la portée matérielle qu'elles engendrent et les effets qui en sont tributaires tant sur la réception que sur la création elle-même. Ici, la poétique est sollicitée.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus