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La parenthèse comme stratégie d'écriture dans Allah n'est pas obligé de Ahmadou Kourouma


par Théogène Hakuzimana Bizimana
ISP/Goma  - Licence 2017
  

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I.3. CADRE MÉTHODOLOGIQUE

Cette section présente, premièrement, les techniques qui ont concouru à la récolte des données à analyser, à savoir l'observation et la technique documentaire. Dans la suite, nous montrons que cette étude se fonde sur trois approches dont l'énonciation, la stylistique et la poétique. Leur présentation dans les lignes qui suivent part de l'aspect historique à l'aspect pratique de chacune d'elles en passant par leur caractère définitoire. Et ce, de manière succinte.

I.3.1. LES TECHNIQUES

Les techniques sont des moyens qui permettent de recueillir les données sur terrain. À cet effet, nous nous appuyons sur la technique documentaire et celle d'observation dans la collecte des extraits romanesques et des théories nécessaires à notre interprétation. En effet, au sujet de la technique d'observation, Karl KOGARD (Op.cit. :153-154) stipule que :

« Tout part de l'observation. [...] c'est avant tout de l'examen attentif de la forme du texte que peut se dégager un sens. [...] commencer par l'observation implique que l'on ait à sa disposition un certain nombre de connaissances préalables, linguistiques notamment, qu'il s'agit de mettre à l'épreuve du passage étudié. Cependant, rien de plus dommageable pour le texte que de lui imposer un outillage linguistique, poétique et rhétorique sans l'avoir questionné au préalable. »

C'est pour dire que l'observation est aisée lorsque l'observateur dispose des connaissances préalables pouvant lui permettre de remarquer, reconnaître, mesurer ou évaluer les données textuelles qui se présentent en sa face. La technique documentaire, par contre, nous conduit dans la sélection des documents utiles pour notre recherche. C'est pourquoi :

« Une fois rassemblés, ces différents documents peuvent contribuer [...] à cacher le terrain ou certaines situations et/ou peuvent faire l'objet d'une analyse de contenu [...]. Cette documentation permet d'étoffer les données et de donner de l'air aux perspectives, les `'matériaux [devenant ainsi] très divers, de façon à autoriser une compréhension de l'ordre des choses dans les fouillis du réel ». (Gérard DERÈZE, 2009 : 154)

Il convient de souligner que les documents sélectionnés pour la réalisation de cette recherche ont servi à rassembler les données théoriques de toutes sortes dont ce travail est un réservoir. Pour les interpréter, les approches sont nécessitées.

I.3.2. LES MÉTHODES

I.3.2.1. L'énonciation

Au sujet de cette approche d'inspiration linguistique, Fossion et Laurent (1981 :65) estiment que :

« Depuis les années 60 s'élabore, à la suite du linguiste Émile Benveniste, une linguistique de l'énonciation. Il s'agit d'aborder les actes de parole en tant qu'appropriation de la langue par un individu. Benveniste veut tenter de dépasser la séparation langue/parole en montrant comment la parole est un exercice particulier d'appréhension de la langue par le sujet parlant. »

Il en résulte que l'énonciation doit sa présentation systématique au linguiste français Émile BENVENISTE dans ses Problèmes de linguistique générale. Cependant, les premiers jalons de l'énonciation ont été posés par le russe Mickaïl BAKHTINE vers 1920, soit douze ans avant que Charles BAILLY ne vînt lui proposer sa première définition dans le monde francophone. C'est aussi avec BAILLY et BENVENISTE que l'énonciation a quitté le contexte phrastique vers celui de la profération interlocutoire, vers la subjectivité du langage et la prise en compte des énoncés par leur producteur. C'est ainsi que Benveniste conçoit cette méthode :

« L'acte individuel par lequel on utilise la langue introduit d'abord le locuteur comme paramètre dans les conditions à l'énonciation. Avant l'énonciation, la langue n'est que la possibilité de la langue. Après l'énonciation, la langue est effectuée en une instance de discours, qui émane d'un locuteur, forme sonore qui atteint un auditeur et qui suscite une autre énonciation en retour. En tant que réalisation individuelle, l'énonciation peut se définir par rapport à la langue, comme un procès d'énonciation. Le locuteur s'approprie l'appareil formel de la langue et il énonce sa position de locuteur par des indices spécifiques, d'une part, et au moyen de procédés accessoires, de l'autre.» (Émile Benveniste, 1974 :81-82)

Il y a donc énonciation dès qu'un locuteur ou énonciateur adresse un énoncé (le produit de l'acte d'énonciation) dans des circonstances spatio-temporelles particulières. Le locuteur et l'allocutaire sont appelés des interlocuteurs. Avec les indices de lieu, de temps, et de la subjectivité du locuteur dans ses énoncés, l'énonciation se voit ainsi dotée d'une si noble tâche d'aider à les analyser dans toute forme de production discursive. Autrement dit :

« Les recherches linguistiques qui intègrent la dimension énonciative suivent deux orientations différentes. L'une s'attache avant tout au fonctionnement référentiel des formes linguistiques, notamment des pronoms (deixis et anaphore). L'autre, partant des actes de langage, est représentée par différents courants pragmatiques, notamment la pragmatique cognitive (Sperber & Wilson 1989) et l'approche interactionniste (Kerbrat-Orecchioni 1990-1994). » (Martin Riegel et al., 2016 :971)

Toute énonciation suppose en effet des protagonistes (le locuteur et l'interlocuteur), la situation spatio-temporelle et le cadre environnemental comprenant les objets présents et visibles dans le circuit interlocutif. Cela veut dire que l'énonciation peut s'occuper des indices de l'énonciation, notamment les déictiques ainsi que les modalités d'énoncé et d'énonciation. Elle peut aussi intégrer les actes de langage vus dans leur configuration de la pragmatique cognitive. Sans entrer, en effet, dans le détail des courants de l'énonciation, l'on peut retenir celui qui intéresse cette recherche. Plus précisément :

« Dans l'analyse de textes littéraires, les concepts énonciatifs permettent des analyses des formes langagières et des stratégies littéraires (textuelles) qu'elles réalisent. Ainsi dans l'étude du roman, en particulier contemporain, ils contribuent à rendre compte de phénomènes narratifs tels que les glissements des pronoms personnels et l'imbrication de différents niveaux de récit et différents registres. De la sorte, ils se combinent avec les données de la narratologie. » (Paul ARON et al., Op.cit. :234)

Au fait, scruter les formes langagières et des stratégies littéraires, c'est convoquer les méandres de création littéraire que cherche à appréhender la linguistique de l'énonciation :

« Celle-ci permet donc de cerner le texte comme création : on doit de la sorte cerner les traces du sujet producteur du discours, dans ses formes grammaticales, dans le statut des temps, dans la hiérarchie des dépendances narratives, dans l'insertion et le rapport des interventions des personnages. Sont aussi à considérer sous ce point de vue toute une masse de variations sur les modalités, par les adverbes, ordre des mots, mélodie, l'emploi de certains axiologiques dans le discours ; des valeurs pragmatiques de diverses figures ; l'usage de stratégies argumentatives. [...] La linguistique de l'énonciation forme donc un puissant outil de relativisation en même temps de différentiation dans l'appréciation de la valeur littéraire d'une oeuvre, c'est-à-dire dans sa saisie comme littéraire. » (Georges MOLINIÉ : 1989 : 58-60)

À partir de cette réflexion, l'énonciation permet d'analyser les investissements linguistiques, formels et langagiers mis en forme par la parenthèse. Il s'agit principalement d'étudier les ressources énonciatives que provoque la parenthèse dans l'économie narrative de l'oeuvre en étude. Ce qui ne va pas sans convoquer la stylistique.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein